Salutations !

Une journée en enfer, vraiment.

Aujourd'hui, un article plein de spoil. Aujourd'hui, j'ai fini Spec Ops: The Line. J'en suis tellement retourné que j'en ressens le besoin d'écrire quelque chose. Si vous n'avez pas fini le jeu, ne lisez pas ce qui suit. Je ne vais pas raconter toute l'histoire, ni même écrire un test. Je vais juste vous livrer ce que j'ai ressenti, ce que j'ai vécu à travers cette expérience. Oui, pour moi, Spec Ops: The Line est une expérience. Retour sur un voyage en enfer ...

La guerre a changé

La guerre, on en bouffe, quotidiennement. Que ce soit dans le jeu vidéo, au ciné, dans les bouquins, etc. On sait tous que c'est mal, que la violence entraîne la violence, tout ça. Mais au fond, est ce qu'on nous montre vraiment à quel point la guerre peut faire des ravages ? Spec Ops: The Line, lui, nous propulse droit dans la merde, y a pas d'autres mots.

Trois soldats : le Capitaine Martin Walker, le Lieutenant Alphonse Adams, et le Sergent John Lugo. Au début du jeu, ils sont à bord d'un hélicoptère, survolant ce qu'il reste de Dubaï. Poursuivis par d'autres hélicoptères, ils n'ont d'autre choix que d'essayer de s'enfuir, en détruisant les hélicos adverses qui nous tirent dessus. Qu'est ce qui fait d'eux nos ennemis ? Ils nous tirent dessus. Sont-ils les méchants pour autant ? Pas si sûr ...

Alors que l'hélico de nos trois compères se crashe à cause d'une violente tempête de sable, le jeu nous affiche un "Précedemment ..." Sans doute pour comprendre ce qui nous a amené là, se dit-on. Nous voilà donc, à pied, dans le sable, on traverse une tempête, on fait connaissance avec nos trois soldats. On rencontre rapidement des soldats hostiles, armés, bien décidés à nous dézinguer. Qu'à cela ne tienne, j'ai du répondant. J'y vais, je dézingue tout le monde, point. Suivant.

Et puis on apprend qu'une escouade américaine, le 33ème, a été capturée par ces mêmes "insurgés". On croit alors au scénar' classique de l'américain qui va sauver ses soldats malgré les difficultés. Bordel de merde, on pouvait pas avoir plus tort ...

Adams, Lugo et Walker devront faire des choix ... Et assumer les conséquences.

Je voulais les sauver

Le spoil commence vraiment ici. Je vais partir du principe que vous avez joué au jeu, et que donc vous vous rappelez plus ou moins de l'histoire. Comme l'a dit Walt Williams, écrivain principal du scénario du jeu, chaque évènement est libre d'interprétation. Chacun voit une chose différente, mais une chose demeure : Walker n'en sort pas indemne.

De mon point de vue, Walker a sombré dans la folie au moment où il se rend compte qu'il a massacré à coup de mortier au phosphore blanc les gens qu'il "voulait sauver". La faute à qui ? John Konrad. Pendant tout le reste du jeu, Walker et ses deux subalternes vont courir après un fantôme. A la toute fin du jeu, Walker est en plein délire, Konrad est déjà mort, mais se tient droit devant nous. On pourrait croire que la folie a atteint son paroxysme. Je ne pense pas. Pour moi, cette séquence ne contient pas de folie. Je ne dis pas que voir les morts quand on est vivant est un signe de bonne santé mentale, mais qui peut m'affirmer que Walker est vivant ici ? La scène d'introduction, en hélicoptère, on la revit plus tard dans le jeu : les mêmes hélicos, la même tempête de sable, le même crash.

Le crash, justement. De mon point de vue, Walker, Adams et Lugo n'y ont pas survécu. Ce que l'on vit suite à ce crash n'est que le résultat de l'esprit malade de Walker qui agonise. Je dis que Walker est malade car la dernière séquence du jeu nous montre vraiment qu'il a couru après un fantôme pendant un bon moment. Et je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué : lors d'une cinématique, Lugo hurle : "Il nous a transformé en tueur !". Tout le monde, moi y compris, croyait qu'il parlait de Konrad. En vérité, je pense qu'il parlait de Walker. Il essayait de mettre en garde Adams face à la folie de leur supérieur.

"Il nous a transformé en tueurs !" - Pas si sûr que ce "il" soit celui auquel on pense au premier coup d'oeil ...

J'ai franchi la ligne

Walker a donc perdu la tête. Il est loin le cliché du super soldat américain qui réussit à sauver la veuve et l'orphelin sans conséquence, hein ? Ici, nous avons un soldat que la guerre a rendu fou, et qui vit sa folie jusqu'au bout. Des dizaines d'innocents ont perdu la vie par sa faute, pourquoi ? Sa mission ? Sa vengeance ? Contrairement aux autres jeux de guerre tels que Call of Duty ou Battlefield, ici, on incarne pas un soldat qui se complait à tuer. Ici, les combats sont durs, lourds. Vers la fin du jeu, j'hésitais même à tirer sur les ennemis, tant ce qui nous est montré est puissant.

Le message que Spec Ops: The Line fait passer, chacun l'interprète à sa sauce. Pour moi, il est clair que je ne vois plus la guerre comme avant. L'horreur, voilà à quoi j'ai fait face dans Spec Ops: The Line. Pas l'horreur avec du monstre dégueulasse, l'horreur humaine. La conséquence. Plus on avance dans le jeu, plus on a le sentiment d'avoir les mains sales. Ca change. Parce que fragger ses potes sur CoD, c'est marrant, mais la guerre ne se limite pas à ça. Les civils de Dubaï en prennent plein la gueule, et la narration est telle qu'on culpabilise. "Qu'ai-je fait ?" se surprend-on à se dire après le massacre au phosphore blanc, par exemple.

Même physiquement, le changement se fait sentir. Walker, qui au début a tout du soldat de base, se retrouve tellement amoché qu'il s'approche plus du monstre sanguinaire que du soldat voulant sauver le monde. Et c'est pas l'épilogue qui me fera changer d'avis ... "Regardez ces yeux" dit l'un des soldats ayant trouvé Walker. Que voit-il dans son regard ? La folie ? La cruauté ? La mort ? Encore une fois, chacun est libre d'interpréter l'histoire.

Exit le soldat américain prêt à sauver le monde. Ici, l'américain a foutu une belle merde ...

Voilà, c'était mon point de vue sur Spec Ops: The Line. Je suis sûr d'avoir oublié de dire certaines choses, pas grave, je reviendrai dessus. Maintenant, la grande question est : qu'avez vous ressenti dans Spec Ops: The Line ? Plus que jamais, exprimez vous, vos points de vue m'intéressent :-)

N'oubliez pas de me retrouver sur Facebook ici, je publie des articles ailleurs que sur ce blog et il serait dommage, si vous aimez ce que j'écris, de ne pas lire ce qui ne parait pas ici :-P