Comme beaucoup d'autres jeunes européens, j'ai découvert le JRPG avec Final Fantasy VII. C'est donc lui qui bénéficie de ma nostalgie. Lorsque j'avais joué à FFVIII à l'époque, je m'étais assez peu soucié du système de combats, et je m'étais donc retrouvé sottement bloqué face à un boss vers la fin du jeu, sans possibilité de le battre ni de partir leveler ailleurs. Je n'ai donc fini le jeu que récemment, après m'y être remis une dizaine d'années plus tard. De toute évidence, tout cela influe sur mon jugement du jeu.
A mes yeux de joueur actuel, FFVIII est donc apparu comme terriblement déficient.

Le premier contact avec le jeu se fait par le visuel, et force est de constater que je n'adhère pas du tout à la direction artistique. Que ce soit l'architecture de la BGU ou d'Esthar, les choix vestimentaires des troupes militaires ennemies ou d'Edea, ou encore la tête de Zell, presque tout me parait flashy, kitsch et ridicule. 
Les personnages manquent aussi singulièrement de charisme et de profondeur, tous étant largement survolés au cours de l'aventure au profit du seul "mystérieux" Squall, qui n'a pas grand chose de passionnant à offrir. Seuls les passages plus intrigants et plus légers avec Laguna m'ont intéressés, le personnage apparaissant plus étoffé avec un passé, une famille, des amis. C'est pourtant un des personnages qu'on voit le plus rarement, comme quoi...
Quant au scénario, je l'ai trouvé pour le moins mal exposé. Ce qui n'est pas incompréhensible est le plus souvent incohérent, et quand cela n'est pas le cas, c'est simplement risible. Peut être que l'histoire est très subtile et profonde, mais le jeu ne se donne pas la peine de la mettre en valeur ou même de nous l'exposer convenablement, se permettant de sortir des personnages au dernier moment, ne se donnant pas la peine de donner des motivations aux actions de certains personnages, etc. On a donc des pièces de puzzle dépareillées et franchement pas palpitantes.
Il reste alors le système de jeu, qui nous guide d'une main de fer dans un monde qui parait bien vide et étroit. Le système de combat est ceci dit plutôt riche et permet de bien customiser ses personnages et ses capacités, en s'occupant de ses GForces. Attribuer des magies à ses stats, faire évoluer ses invocations, utiliser les Limits Breaks personnalisés de chacun, faire attention au timing lors des attaques de Squall pour maximiser les dégâts, tout ceci est plutôt bien vu et sympathique. Les combats aléatoires semblent cependant souvent trop fréquents, avec des scènes qui s'en trouvent hachées et le rythme de l'histoire en pâtit. Comme le jeu encourage de plus les longues et abrutissantes sessions de vol de magie sur des adversaires endormis, jouer le jeu est loin de mener à une expérience plaisante.
Que sauver donc de ce torrent de critiques ? La volonté de proposer une histoire ambitieuse, sur plusieurs époques avec des personnages différents, quelques moments à la mise en scène sympathique, comme la tentative d'enlèvement d'un wagon en cours de trajet, avec un système de combat plus riche qu'auparavant, plaisant essentiellement vers la fin du jeu, lorsque les possibilités sont les plus nombreuses et qu'on a cessé la course incessante à la magie, et quelques bonnes idées ailleurs, comme le salaire SEED basé sur un questionnaire assez corsé.
Pas foncièrement mauvais, on peut y jouer facilement, se laisser porter par le flot d'événements pas toujours intelligibles, mais je n'y ai trouvé que rarement de vrais moments inspirés et plaisants.