Pardonnez-moi mon père car j’ai péché, un peu comme dans ces trop nombreuses soirées ou je jugeais une fille à son apparence, j’ai jugé ce film à sa bande annonce.

Il faut dire qu’elle n’a fait aucun effort, pas de maquillage, pas de bijou ni d’apparat, cette bande annonce a débarqué sans faire le moindre effort pour plaire, un peu comme une ex gloire du porno qui se repose sur sa triste fan base pour engendrer du clic pour son show plus ero-triste que trique.

Et là arrive cette problématique, soulevée avec les blockbusters américains : l’équipe en charge de la bande annonce n’a souvent rien à voir avec l’équipe du film.

Pour Nicky Larson, je soupçonne une agence de com française avec son cahier des charges rempli de clichés pour appâter le chaland :

 

"hey Régis, t’as tout prévu dans la bande annonce ?

-Ouais, y’a un mec qui regarde des nichons et qui est content

Ah bien, ça va plaire aux ados ça, et le boom boom, t’as mis le boom boom ?

-Complétement, ça fait boom de partout, ralenti et tout c’est la folie !

C’est quoi le film déjà ?

-Nicky Larson, tu sais ce dessin animé qui passait sur TF1 !

Aaaaaah oui, TF1 c’est bien ça, met un visage familier dans la BA tu veux bien ?

-Dorothée ?

Hahaha T’es con Régis, non non le mec des inconnus là, il est bien, Gérard le père de famille il         va le reconnaitre ça va lui faire plaisir. »

Si en novembre dernier on m’avait dit « Ce film n’est pas la catastrophe annoncée », je n’y aurais pas cru, soupçonnant les gilets jaunes d’avoir réussi le coup à détourner le débat sur le prix du gasoil pour l’amener sur la gratuité du crack pour tous.

Puis les premiers avis sont apparus, comme un furoncle au milieu du visage de la très refaite Pamela Anderson, je n’y croyais pas. Et depuis maintenant une semaine, c’est la pluie d’étoiles filantes sur la page critique du film.

La curiosité était trop grande, j’ai rangé mes aprioris dans ma poche et j’ai ravalé cette peur du cinéma français pour me rendre dans une salle obscure et me faire mon propre avis. Me préparant tout de même à un désastre car les bons avis des influenceurs n’ont de limite que celle de leur déontologie face à un petit billet ou un tour d’hélicoptère.

Et non, que nenni ma petite dame, Nicky Larson n’est pas un mauvais film, clairement pas.

J’aime City Hunter, j’aime Nicky Larson, j’aime que Mammouth me fasse le bobo. Et là, tout y est. L’œuvre est respectée, il y a du gros fan service bien gras qui dégouline, mais comme avec un bon burger au bon goût de cholestérol, l’enfant des années 90 qui sommeille en moi était content de ce qu’on lui servait, certes ce n’est pas subtil mais Nicky Larson est-il subtil ?

Parfois ça pousse un peu trop loin le clin d’œil pour te dire « HEY HEY REGARDE ON A DIT OLIVE ET TOM C’EST RIGOLO HEIN HEIN TU RIGOLES ? HAHA RIGOLE ENCULÉ »

Mais ça passe, car c’est discret, pas comme ces films ou l’on t’explique limite la blague à base de "Ah Olive et Tom, comme le dessin animé du club Dorothée", non Nicky Larson ne va pas dans cet excès là.

À la sortie du film, j’étais désarçonné. J’ai dit à ma compagne « c’est un excellent film », ce à quoi elle m’a répondu « non, c’est un bon film, mais vendu tellement mal qu’en effet, à côté de ce à quoi prétendait la com, passe pour un chef d’œuvre »

Oui, c’est un bon film, non ce n’est pas un chef d’œuvre, c’est une excellente adaptation, Philippe Lacheau connait l’œuvre dont il s’est inspiré.

Cependant, la com du film est un mystère pour moi. Car un tweet d’un certain @DiloinJapan, traducteur et interprète fait état de la collaboration entre les équipes du film et Tsukasa Hōjō sensei, chose qui, si j’y avais eu droit à l’annonce du film, m’aurait sans doute évité bien des frayeurs.

Alors pourquoi s’être privé d’un tel atout pour rassurer les fans ? Pour dire « hey les gars, ça va être bien faites nous confiance »

Avant de le voir, j’ai essuyé mes chaussures sur ce film, j’ai vomi ma haine à son visage, je lui arrachais son nom Nicky Larson car ce qu’il voulait me faire croire n’était en rien à la hauteur de ce qu’il prétendait être.

Je soupçonne limite une stratégie de l’échec bien orchestrée pour créer l’effet de surprise. Prétendre vendre de la merde, laisser penser que c’est de la merde, et ne rien faire pour laisser penser du contraire avant les premières.

Car au final, celui qui s’attendait déguster cette diarrhée promise se retrouvera face à une excellente mousse au chocolat Michel & Augustin, le soutien à François Fillon en moins.

Ce n’est pas une mousse artisanale, mais c’est un dessert de très bonne facture. Et partant avec un si grand à priori sur ce qui allait être son supplice, le cinéphile aventurier aura eu l’impression d’avoir eu droit à un entremet digne des plus grands gastronomes.

 

Nicky Larson : 16/20