Des avis controversés
Heavy Rain, on le sait, est le résultat d'un long développement de 4 ans du studio français Quantic Dream. Il incarne l'envie du Jeu Vidéo de grandir, de s'aventurer vers des contrées qui lui sont inconnues. Rares sont les jeux, qui se font attendre ainsi ; que ce soit sur le marché européen, américain, ou nippon, le titre était très attendu au tournant. Dès le début du mois de Février, les notes et avis se sont déchainés sur Internet, installant de nombreuses tensions entre Sony, Quantic Dream et la presse. Il est malheureux de voir Sony re-qualifier sa relation avec Gamekult, parce que leur avis n'est pas en adéquation avec les bénéfices promis par Sony. On notera aussi la pression de la société nippone envers jeuxvideo.com, leur demandant d'augmenter la note finale d'un point.
Il est fort dommage de voir ce beau succès d'estime entacher par des magouilles d'actionnaires qui s'en mettent plein les poches et qui n'ont aucune connaissance sur le Jeu Vidéo. En effet, le jeu naviguera entre le très bon et l'excellent sur la plupart des avis mondiaux. Fait non négligeable, Famitsu lui attribuera un transcendant 38/40.
Dernier bouleversement en date, David Cage, créateur du jeu a reçu une tribune sur Gameblog.fr où il a minutieusement expliqué les principales étapes du développement du titre, une sorte de journal de bord d'un capitaine qui sait où il va. Malheureusement, le dernier article reposant sur les avis de la planète vidéoludique sur le bébé de David Cage est gâché par un bout de phrase à l'encontre de certains journalistes :
Les deux principaux sites français de jeux vidéo sont au premier rang de ceux qui n'ont pas aimé (on n'est décidément jamais prophète en son pays...). L'ensemble de la presse française a réservé un accueil très positif au jeu conforme aux réactions des autres pays, mais ces deux sites sont curieusement passés totalement à côté du jeu. Au-delà des notes médiocres (dont la plus mauvaise note tous pays confondus, trois points en-dessous de la moyenne mondiale quand même...), c'est la médiocrité des articles qui m'a frappé. Pas de réflexion, pas d'analyse, juste un texte de gamin de quatorze ans dans une cour de récréation. Les développeurs et les éditeurs essaient de faire évoluer les jeux vidéo, il faudra un jour qu'une certaine presse sur internet se remette également en question.
David Cage, l'homme qui divise
Si le jeu a fait couler beaucoup d'encre, nul doute que c'est grâce à David Cage. Il a mis corps et âme dans ce projet, pendant 4 ans, il a cru en ce projet, défiant tout ceux qui le contredisait. Mais la réticence et la profonde ironie lorsque qu'on le cite, trouvent leurs racines dans le cocktail détonant que forme le créateur. Il mélange arrogance, fierté et un fort caractère, mais il est avant tout un passionné ! Quand il dit qu'il se veut être un des pionniers révolutionnaire, oui c'est très présomptueux, mais c'est aussi, et surtout, une déclaration d'amour au Jeu Vidéo. Il parle de son projet comme de son propre enfant, sans jamais se lasser, avec le regard lumineux et poignant. Pour son attachement à ce média, je respecte David Cage. Il n'est finalement qu'un pauvre homme amoureux parfois blessé.
Cinéma et Jeu Vidéo, enfin le même langage ?
Depuis quelques années, on force le Jeu Vidéo à vouloir ressembler et se rapprocher de son homologue cinématographique. Heavy Rain est à la fois le début et l'aboutissement de cette pensée. Dans la mécanique de développement, il y a de nombreuses similitudes. On y retrouve des acteurs, des jeux de lumières travaillés, et même de la motion-capture. Pourtant je persiste à croire que Heavy Rain n'est en rien du cinéma, pas plus qu'un Ico, un God of War, ou un Assassin's Creed. En effet, est-ce sa narration fabuleuse qui lui vaut le terme de pionnier de cette « mode » ? Cependant, Transformers au scénario et à la narration si mythique, se voit caractériser de film. Avant tout, il faudrait déjà savoir définir ce qu'est le cinéma ... Non pas que je pense que Heavy Rain ne mérite pas d'être définit tel quel, mais le Jeu Vidéo et le cinéma se doivent de rester indépendants, tout en s'inspirant l'un de l'autre.
Heavy Rain à surtout permis à des réalisateurs de voir dans le Jeu Vidéo une alternative au cinéma. Mathieu Kassovitz, fait parti de ces réalisateurs qui ont manifestés leur bouleversement face au Jeu Vidéo. On l'a notamment aperçu sur le making-of de Heavy Rain ou à la soirée de lancement de ce dernier. Malheureusement, Eric Viennot sur son blog, a violemment réagi à cette tendance, citant Mr Kassovitz aux côtés de James Cameron ou Steven Spielberg. Le réalisateur de La Haine, à répondu dans les commentaires, et c'est sous le signe de la hargne, qu'un débat fut lancé entre Eric Viennot, Mathieu Kassovitz et les internautes. Un débat extrêmement intéressant qui se doit d'être lu. Je trouve juste dommage que le Jeu Vidéo, par un orgueil mal placé, veuille se refermer au moment où il est la plus à même d'être mis sur le devant de la scène.
Au final il est bien dommage de voir qu'on en oublie presque le jeu en lui même pour se consacrer finalement que sur ce qui entoure la sortie du titre. Mais c'est bien la, la marque des grands jeux !
Il faut aussi préciser que Heavy Rain, malgré tout ce qu'on peut dire, aura fait un très grand bien au Jeu Vidéo et lui aura permis d'avancer, en France en tout cas. En effet, de très nombreux reportages sur les JT ont traité le sujet, changeant radicalement leur point de vue sur les Jeux vidéo. Un jeu qui, de bout en bout aura fait parler.