Un grand pouvoir demande de grandes responsabilités. Loin de l'adaptation cinématographique d'un Spiderman, Capcom se retrouvait pourtant à la place d'un Peter Parker, entre deux chaises. Avec en ligne de mire une licence renouvelée annuellement, l'éditeur pouvait céder à la facilité avec une simple mise à jour ou travailler sa licence pour la rapprocher au maximum des référence de la simulation. Il est très difficile de parvenir à trouver un équilibre parfait entre la tentation et le respect. A en croire les critiques, MotoGP 09/10 aurait finalement fait pencher la balance... Au grand dame des passionnés de la discipline.

 

 

Si l'éventail des reproches est plus ou moins virulent, tous s'accordent à pointer du doigt un manque évident d'investissement de Monumental Games cautionné par Capcom. Car c'est un bilan mitigé qui est dressé par nos testeurs professionnels. Malgré une licence officielle et la bonne volonté de l'éditeur qui proposera un futur contenu additionnel gratuit pour mettre à jour le contenu, malgré un mode carrière intéressant, malgré une prise en main efficace générant de bonnes sensations, malgré un mode multijoueur local splitté ou en ligne jusqu'à vingt participants, le jeu ne convainct pas. La faute à quoi ? Et bien au gameplay principalement. Même si la nouveauté de la position d'attaque relance un peu la technicité, sa position entre l'arcade et la simulation dérange, avec en ligne de mire des éléments comme l'aspiration (trop favorable pour certains, trop inaccessible pour d'autres), le freinage (dénué de subtilité), les collisions (sans effets notables) et l'intelligence artificielle (perfectible semble-t-il) qui sont autant de raisons de crier à la haute trahison, au sacrifice du peu de simulation de la licence sur l'autel de l'accessibilité totale. Et si les plus magnanimes se contentent de parler d'un jeu à la fois accessible et réaliste pour illustrer cette position intermédiaire, ils rejoignent le flot de critiques qui se déverse sur l'aspect technique. Inégalité des textures, pauvreté des environnements, absence de dégâts, c'est surtout le manque d'évolution flagrant par rapport à la mouture 08 qui est visé. Bien mal a pris le studio de développment de se reposer sur ses lauriers, profitant de l'absence de concurrence pour se contenter du strict minimum. Au final, les avis sur ce MotoGP 09/10 dénoncent ses faiblesses techniques, tout en lui accordant le mérite d'une conduite dynamique (à défaut d'être pointue) et d'un mode carrière rafraîchissant pour le genre. Un constat plutôt mitigé pour le seul représentant de la discipline sur console.

 

Il faudrait rappeler à ces joueurs qui ont formulé leurs avis incisifs que, parfois, un jeu ne révèle son potentiel qu'après un certain moment. Dans un tout autre genre, M.A.G. en est l'exemple parfait, puisque vous ne parvenez à sa quintescance qu'à partir du niveau d'expérience 10. MotoGP 09/10 suit le même principe. Beaucoup plus proche de la simulation que ne veulent bien l'admettre les autres, il s'avère beaucoup plus technique qu'il n'y paraît et notamment grâce à cette nouvelle fonction qu'est la position d'attaque. Qualifiée de prise de risque en sous-entendant un caractère optionnel, la vérité est réellement tout autre, puisqu'elle est indispensable pour remporter la victoire ou même figurer dans les dix premiers. La maniabilité de la moto devient alors plus complexe et précise avec la vitesse. Et si les choses ne sont pas flagrantes en 125cc, le jonglage de boutons devient déjà bien plus frénétique arrivé en 250cc. Il est alors question de savoir gérer ses zones de freinage (avec des freins avant et arrière manipulés séparément), de rechercher la position de vitesse maximale à la moindre occasion (ce qui vous oblige à choisir des trajectoires optimales) ou encore d'économiser la gomme de vos pneus pour ne pas perdre le bénéfice de vos efforts dans les derniers virages. Le titre penche alors beaucoup plus du côté simulation. Le véritable détail qui nuit gravement à ce résultat reste l'intelligence artificielle qui est beaucoup que perfectible tant elle se révèle abominable. Il est très difficile d'adopter la souplesse réclamée par le système de réputation face à des adversaires qui ne vous prennent absolument pas en compte sur leur trajectoire idéale. Non seulement vous serez voué à plus souvent les percuter au freinage, dans les courbes d'un virage ou dans l'accélération subite d'une aspiration, mais ils n'hésiteront pas à venir vous bousculer de la même manière si vous n'étiez pas assez rapide et sur leur route. Aberrante au possible, elle représente l'élément le plus détestable de ce jeu, surtout que vous ne serez parfois pas responsable des points qui vous seront débités de vos jauges de réputation. Plus anecdotique, si les conditions météorologiques sont présentes, elles n'influencent en rien le pilotage sur une piste mouillée. Regrettable, même pour de l'arcade. Dans tous les cas, effectivement, cette ouverture à l'accessibilité rapide du titre est en grande partie la raison des déboires du jeu qui, pour le coup, aurait gagné à revendiquer son côté simulation tant les commandes vous entraînent dans la compétition et la recherche constante de vitesse. Comme les vrais...

 

Avant toute chose, il s'avère regrettable de constater qu'encore une fois un jeu souffre de tests succints et décevants. Il est nécessaire de prendre connaissance de plusieurs points de vue pour avoir une expertise globale de son potentiel. Mais là encore, l'essence du jeu ne semble pas avoir encore été approchée. MotoGP 09/10 demande un certain temps d'adaptation. Il requiert beaucoup plus de persévérance qu'il veut bien le montrer au premier abord (et que l'on veut bien nous faire croire !). Le mode 'Carrière' est très convaincant avec tous les aspects qu'il met en lumière. La conduite est beaucoup plus profonde qu'une simple position intermédiaire entre simulation et arcade. Suffisamment d'éléments de gameplay ont été fournis pour proposer un pilotage de haut niveau qui gagne d'intensité au gré des catégories. Il est réellement regrettable que plusieurs points comme un travail plus audacieux sur des réactions plus humaines de l'IA, la présence d'une gestion des dégâts ou l'influence de la météo sur la tenue de route n'aient pas été au coeur des préoccupations. Au lieu de cela, les tournures arcades infligées à ces aspects nuisent à une expérience qui aurait largement gagné sans cette mentalité préférée. MotoGP 09/10 saura ravir les pilotes en herbe comme les plus chevronnés. Alors effectivement il affiche certaines failles gênantes. Cela dit, il sait aussi dévoiler une facette que trop peu ont su reconnaître au guidon. Et si l'équipe de développement se repose effectivement sur ses lauriers, elle nous propose une expérience de course tout à fait honorable. Par contre, Monumental Games risque de prendre cher en terme de malus environnemental tant son jeu est pollué de ces détails handicapant.