Je poste le prologue d'Allegro des lames. Bonne lecture. N'hésitez pas à me donner votre avis!

 

"Des nuages sombres enveloppaient les montagnes qui encerclaient la petite vallée des Soupirs, le soleil perçait par endroit, éclairant par intermittence la scène du théâtre d’une lutte acharnée.
La bataille grondait depuis deux jours, comme un bruit de tonnerre qui ne finissait pas. Les éclairs des chocs entre les lames étincelaient dans la tempête et la pluie glacée se mêlait au sang des guerriers tombés, formant une rivière pourpre sur la terre meurtrie.
Au milieu de cette folie, un homme. Des cheveux grisâtres. Des yeux sombres comme une nuit sans lune. Sans armure, il portait une vieille chemise déchirée et un pantalon de cuir marron usé.
Le visage ruisselant de sang, il passa la langue sur ses lèvres, et trancha le bras de l’homme qui brandissait une masse juste devant lui, il progressait rapidement dans la mêlée, bras, jambes, têtes tombaient à son passage. Son épée tournoyait dans une terrible danse.
Une gigantesque lame le fit vaciller, le sang jaillit de son bras, il tua encore deux hommes, puis une femme avant de recevoir une flèche dans le dos. Il posa un genou au sol. La tête baissée vers la terre devenue boue, il distinguait le visage de la mort qui lui souriait. Il lui rendit son sourire et reprit son souffle une seconde. Mais une ombre grandissait déjà sur lui. Un faciès grimaçant, les deux bras au- dessus de son crâne énorme, brandissant une hache sombre. Il para le coup qui était d’une puissance telle qu’il s’enfonça dans la boue sanguinolente. Il hurla, repoussa le géant et lui transperça le ventre, le colosse tomba à terre juste devant lui, il retira l’épée dans une gerbe de liquide rougeâtre, se redressa en s’aidant de sa lame, tituba un instant, plongea son regard dans les yeux de son adversaire et lui trancha le cou.
Le guerrier arracha la flèche plantée dans son épaule et hurla avant de se ruer dans la mêlée, il en tua encore une dizaine avec une grâce terrifiante, puis son bras armé se détacha de son corps. De son autre main il prit à la gorge son agresseur, l’étrangla et tomba à genoux. Il ne se relèverait plus.
Son nom était Erhas. Il ne voulait plus se souvenir des raisons pour lesquelles il était en train de mourir. Il savait juste qu’il avait échoué dans sa quête. Et tandis que sa vie s’écoulait lentement, dans une rivière de sang, il versa quelques larmes qui se perdirent dans le vent et la pluie. Il était tellement épuisé. Les regrets de ses fautes de père et de mari s’étalèrent à ses pieds. Il espérait avoir été plus qu’un bras qui donnait la mort.
– Adieu, murmura t-il.
Le corps d’Erhas tomba lentement et un dernier souffle s’échappa de ses lèvres.
C’est ainsi que les livres relatèrent sa mort. Bien sûr personne ne connaît vraiment quelles ont été ses dernières pensées, ainsi naissent les légendes, mélange de mensonges et de vérités qui font d’hommes courageux des êtres légendaires, des demi-dieux.
Quant à moi son fils je me souviendrai à jamais de son regard bienveillant, de ses mains calleuses qui me portaient, de son odeur de terre, de son rire. Ces choses que jamais je n’ai lues sont les seules dont je veux me rappeler."