LABYRINTHE MON AMOUR

Série dite ''de niche'' que j'apprécie tout particulièrement, je me lance dans ce mini-dossier afin de présenter en gros ce qui fait la force de cette franchise doublées de quelques réflexions personnelles et d'une petite critique de l'excellent 4ème épisode.

Etrian Odyssey (EO) est une série de Dungeon-RPG (D-RPG) d'Atlus vue à la 1ère personne, avec des déplacements case par case et des combats au tour par tour. Débuté en 2007, la série en est déjà à 5 épisodes ( bientôt 6 à la fin de l'année) et est apparue dans un contexte plutôt intéressant.

En effet, 1 an auparavant, au travers du cultissime Persona 3, Atlus déclenchait une mini - révolution du D-RPG en y mélangeant visual-novel et simulation de vie étudiante. Un enrobage dense, occultant presque la partie ''donjon'' et embarquant au passage des des milliers de nouveaux fans à travers le monde.

Janvier 2007 : le premier Etrian Odyssey sort au Japon sur DS et prône un retour aux fondamentaux presque déconcertant. En gros, le but est de revenir à des sensations de ''dungeon-crawler'' old-school (façon Wizardry, Dungeon Master...) mais avec une modernité certaine dans l'ergonomie et l'interface.

Donc globalement; peu de scénario, de cut-scènes ou de dialogues pour un D-RPG entièrement tourné vers un gameplay à 3 axes classiques : exploration, combat et gestion d'équipe.

Un des  épisodes de Wizardry  (années '90)

 

  Le tout premier Etrian (2007)

 

Rien de bien bouleversant me direz-vous. Pourtant, si EO a su se forger une excellente réputation auprès des amateurs du genre, ce n'est pas pour rien. En fait, 3 aspects relativement géniaux font tout le sel de la série :

1 ) ''DESSINER SOI-MÊME SA CARTE, WHAT ELSE!' '

C'est sans doute la feature la plus mise en avant par Atlus depuis le 1er opus. Après avoir créer vos persos  parmi différentes classes disponibles et vous être préparés à l'aventure dans une ville-hub, on vous lâche dans un donjon labyrinthique sans carte des lieux. Il faut donc utiliser le stylet sur le second écran de la console pour trouver son chemin mais pas seulement : marquer un trésor, une porte, un téléporteur, pièges, repèrer des raccourcis ou encore se créer des mémos persos. L'interface ( qui s'étoffera au fil des épisodes ) propose suffisamment d'icônes et de fonctionnalités pour que chacun y trouve son compte. Hormis son côté indispensable au gameplay ( le level-design est conçu en ce sens ), dessiner soi-même ses cartes rappelera des souvenirs aux vieux de la vieille et surtout donne un beau sentiment d'accomplissement au joueur. Quand on jette un oeil à sa map après être venu à bout d'un étage particulièrement retors, le joueur n'a pas seulement l'impression d'avoir maîtriser les affrontements mais carrément le terrain de jeu lui-même!

 

 Un étage parfaitement cartographié : le plaisir du travail bien fait

2) '' F.O.E' pour Formido Oppugnatura Exsequens....''

...ou encore  Field On Enemy selon les versions. Demandez à un vétéran d'EO de vous parler des F.O.E et des convulsions liées à des macaques mutants, taureaux furieux et autres kangourous boxeurs risquent bien de faire surface. Cet étrange acronyme désigne en fait des mini-boss généralement impossibles à vaincre la 1ère fois qu'on les croise. Mais contrairement aux ennemis classiques, ils sont visibles sur la carte, ce qui entraîne un jouissif jeu du chat et de la souris dans un premier temps.

Alors au début, leurs déplacements suivent une routine, mais ensuite entre ceux qui vous poursuivent une fois dans leur champ de vision, ceux qui se déplacent de plusieurs cases en même temps ou en diagonale, qui traversent les murs, qui accourent quand un de leur pote meurt....il faut être très vigilant pour continuer l'exploration tout en les gérant.

Lentement mais sûrement, l'interêt est d'inverser les rôles en leur rendant la monnaie de leur pièce une fois qu'on a atteint un niveau correct. En plus de rajouter de la tension à l'exploration et aux combats, vaincre un F.O.E implique généralement l'obtention de nouveaux équipements très utiles pour votre team via le loot obtenu.

Les F.O.E sont tellement emblématiques de la série qu'il existe même une chanson-hymne ''officielle'' en leur honneur ! ( https://www.youtube.com/watch?v=dB_PVPyn6n8) 

 

Ça n'en a peut-être pas l'air  mais là vous êtes grave dans la m.... (Etrian Odyssey 4)

3 ) LE CHALLENGE

Alors que sur consoles de salon, c'est la série des Souls qui fait chavirer le coeur des hardcore gamers masochistes depuis quelques années, EO applique aussi dès ses débuts le crédo du ''Tu vas en baver et tu vas aimer ça ! '' .

 Que ce soit l'acquisition des skills, la composition et la synergie de sa team, ou encore le loot, la montée en puissance permanente est indispensable tant la moindre erreur peut vite être fatale. En résulte un rythme lent, meticuleux (voire laborieux pour certains ) composé de nombreux aller-retour, combats et d'optimisation de statisticien de la NASA. Cette routine, inhérente au DRPG, devient vite hypnotique justement à cause d'un challenge relevé qui oblige à s'approprier tous les mécanismes pour s'en sortir. A partir du 4ème épisode, Atlus mettra un peu d'eau dans son vin à ce niveau mais j'y reviendrai.

Les boss nécessitent une longue préparation, une bonne stratégie et donc...de nombreux échecs!

Bref, vous l'aurez compris, je considère cette série comme LA référence du DRPG moderne. La formule fonctionne tellement bien que d'autres séries d'Atlus en reprendront la structure comme Shin Megami Tensei : Strange Journey ou encore Persona Q. Chacun des épisodes méritant facilement un petit article, je me contenterai d'un rapide aperçu pour ce dossier :

 

ETRIAN ODYSSEY (2007 - DS)

Le volet fondateur pourra sans doute paraître un peu ''sec'' aujourd'hui surtout si on y joue après s'être essayé aux épisodes suivants mais fondamentalement tout ce qui fait la force de la série est déjà là. Il se paie également le luxe de balancer un twist scénaristique assez fort dans sa dernière partie, d'autant plus surprenant que l'histoire était volontairement en retrait. Ce twist sera éventé dès les 1ers instants du remake sur 3DS.

 

ETRIAN ODYSSEY 2 : HEROES OF LAGAARD (2008 - DS)

Sorti à peine un an plus tard, EO II propose 3 nouvelles classes et quelques ajustements mais souffre beaucoup d'un syndrome ''1.5'' prononcé. Il reste cependant un DRPG de qualité qui aura lui aussi droit à son remake fin 2014.

 

 

 

 

ETRIAN ODYSSEY 3 : THE DROWNED CITY (2010 - DS) 

Bénéficiant cette fois d'un temps de développement plus consistant, ce 3ème opus apporte de nombreux ajouts dont notamment une world map à compléter en bateau pour découvrir de nouveaux lieux. Il s'agit du volet le plus ''exotique'' au niveau de l'ambiance un peu balnéaire et surtout des 12 classes (le record de la série pour l'instant) totalement nouvelles. Il est considéré par pas mal de fans comme le plus abouti de la 1ère trilogie sur Ds (mais malheureusement, je n'ai jamais eu la chance dy toucher...)

 

ETRIAN ODYSSEY IV : LEGEND OF THE TITAN ( 2012 - 3DS ) 

1er opus 3DS et début d'une nouvelle ère pour la saga : réalisation entièrement en 3D, y compris pour les ennemis, ce qui apporte des animations bien agréables comparativement aux artworks des volets précédents, bande-son qui devient totalement orchestrale et que je recommande chaudement à tous les amateurs... La réalisation fait du coup un petit bond bien appréciable.

La progression reprend la world map du 3 mais y rajoute des donjons annexes, F.O.E et ressources à découvrir ce qui  renforce encore un peu plus l'exploration. Enfin, la difficulté est soumise à un réajustement rendant le jeu moins hard que ces ancêtres mais plus fluide dans sa progression sans pour autant sacrifier le challenge.

Pour moi, c'est le meilleur épisode de la saga et en tout cas, il est idéal pour débuter la série.

 

ETRIAN ODYSSEY UNTOLD : THE MILLENIUM GIRL (2013 - 3DS)

Nouveau changement avec cet opus qui ouvre une nouvelle branche pour les Etrian. Remake du tout premier volet, il ne se contente pas  d'une simple réactualisation graphique mais revoit la note d'intention d'origine. Sans doute soucieux d'attirer un plus large public, Untold intègre un mode story avec doublages, cut-scenes, narration soutenue etc...

Partant d'une bonne intention, ce choix donne cependant l'impression d'un retour en arrière sur certains points. Ainsi, plus de world map et surtout impossibilité de composer son équipe comme on l'entend (les persos nous étant imposés par le scénario). On peut certes les personnaliser via un système de grimoires mais celui-ci reste un peu trop aléatoire.

Un volet qui a donc laissé mitigés certains fans de la 1ère heure malgré la présence d'un mode Classique qui permet de jouer à la version de 2007 réactualisée...mais ça ne remplace pas un vrai 5ème volet.

 

ETRIAN ODYSSEY 2 UNTOLD : KNIGHT OF FAFNIR ( 2014 - 3DS )

Pas encore sorti au moment où j'écris ces lignes, ce nouveau titre estampillé Untold, sera un remake du 2ème opus et suivra la même direction que The Millenium Girl. Cependant, un des superviseurs / producteurs de la série a récemment laissé entendre lors d'une interview qu'ils avaient beaucoup appris sur la manière de mieux intégrer une narration aux mécanismes d'EO et que le système de grimoires serait grandement amélioré. Le jeu comportera aussi un tout nouveau système de cuisine ainsi que des dialogues doublés 2 fois plus nombreux que dans The Millenium Girl.

Enfin, il est à noter qu'il existe des versions spécifiquement smartphone d'EO (uniquement au Japon) et que les créateurs de la série ne ferme pas la porte à un éventuel nouveau vrai volet canonique. J'espère avoir réussi à donner envie de découvrir cette série qui reste encore trop confidentielle. A bientôt, j'espère , dans l'un des nombreux labyrinthe d'Ygddrasil!