Commençons par la fin : DK-TP est un excellent platformer doté d'une réalisation et d'un game-design aux petits oignons dont le seul ''gros'' reproche est d'être très (trop?) proche de la formule instaurée par Returns.

Voilà, on pourrait s'arrêter là et passer à autre, chose mais le dernier opus de Retro Studio donne l'occasion, en plus de la critique du jeu, de s'attarder sur des questions vidéoludiques en vogue en ce moment.

''Donkey Kong Tropical Freeze est au jeu de plate-forme ce que Dark Souls est au RPG'' (citation de joueur vu sur le Miiverse).

Ce point est souvent revenu lors des tests : celui d'un challenge supposé injuste; le fameux  'Die &  Retry' (qui est quand même un des principes à la base du JV voir du jeu en général...) excessif.

Les sites les plus virulents n'hésitant pas à parler de level-design 'idiot' (quiconque jouera plus d'une heure au jeu se rendra compte à quel point ce genre de remarque est infondée) tandis que d'autres, plus modérés, pointent du doigt le fait que certains passages sont impossibles à anticiper la 1ère fois.

La plupart du temp, le joueur perdra par manque de skill ou par excès de confiance. Mais il y a effectivement des moments (assez rares cependant, surtout dans les niveaux K) où, à moins d'être chanceux et/ou très bon, on ne peut qu'échouer la première fois.

Ce qui amène une question très simple : pour être bon, un platformer doit-il être faisable d'une traite sans perdre (ou du moins, pas très souvent)?

A vos stylos, vous avez 2h... mais pour moi le choix est vite fait.

D'autant que Retro a bien réfléchi à la question en substituant judicieusement le Super Guide (où le jeu faisait tout pour vous) à un système d'achat de power-up qui facilitera la tâche du novice tout en le faisant un minimum jouer : arriver à un boss avec 10 coeurs, une potion d'invincibilité temporaire et ballon anti-chute, c'est pas rien!

Autre point important : ce jeu n'a pas été conçu dans l'optique d'être fini une seule fois même si c'est ce que beaucoup de joueurs feront. Mais j'y reviendrai.

Et puis, honnêtement, pour qui a connu l'époque 8-16 bits des jeux de plate-forme ou plus récemment Super Meat Boy ou tout simplement DK Returns; le challenge a beau être présent, il n'est pas insurmontable et surtout, il est gratifiant.

Quel plaisir de refaire un niveau avec un skill supérieur acquis à sueur de nos doigts!

Oui, rejouer les niveaux est indispensable, pas seulement pour tout débloquer, mais tout simplement parce que plus on y joue, plus on apprécie la solidité sans faille d'un level-design en apparence moins ''fou-fou'' que celui d'un 3D World ou un Galaxy, mais qui se révèle incroyablement jouissif surtout sur la longueur (hum...). Le level-design prend d'ailleurs une ampleur supplémentaire quand on s'attaque au mode chrono. Je sais pas comment se passent les phases de bêta-test chez Retro mais c'est du lourd!

Enfin, une fois certains artworks débloqués, je peux vous dire qu'ils en avaient encore sous le coude en terme d'environnement et d'idée de gameplay! Ce qui laisse songeur quant à un éventuel nouvel opus qui n'arrivera sans doute pas de si tôt vu la carrière commerciale de la U.

Sur le plan de la réalisation, c'est superbe : décors denses, variés et remplis de détails, palette de couleurs exquise, effets en tout genre... De plus, les nouveaux adversaires de Kong jouissent d'un design bien plus réussis que dans Returns et d'animations bien sympas. Ils rivalisent sans peine avec les Kremlins de l'ère SNES.

Mieux encore, Retro a essayé d'avoir une 'cohérence' dans la progression de certains mondes comme le 3ème où vous débutez dans une savane luxuriante et progressivement dévastée au fil des stages ou encore le monde 5 où, au fur et à mesure des niveaux, on comprendra l'étonnante finalité d'une certaine usine. Du travail d'orfèvre!

Gros boulot aussi sur la partie sonore. David Wise livre un travail exemplaire allant du jazzy à l'épique, avec souvent des changements de tonalités voire de mélodies au sein d'un même stage.

Bien sûr, tout n'est pas parfait:

-Comme je l'ai dit, c'est la même formule que Returns. Si vous aviez moyennement apprécier ce dernier, c'est pas Tropical Freeze qui vous fera changer d'avis.

- les temps de chargement sont longs (surtout celui après l'écran-titre) et les stages 'bonus' (pas les 'secrets' hein...) sans être pénalisant restent anecdotiques.

- Pas vraiment un défaut mais ça reste un jeu profondément solo, les amateurs de multi resteront sur 3D World qui pour le coup reste la référence du jeu de plate-forme à plusieurs.

Enfin, à titre personnel, je regrette l'absence de montures plus variées, qui étaient un gros point fort de la trilogie de Rare ( Engarde, où es-tu?...)

Mais dans l'absolu, si vous n'êtes pas allergiques aux platformers, foncez!!