S'il y a bien un genre qui est très présent sur WiiU, c'est bien le shoot'em up... Enfin sur la console virtuelle. La console virtuelle de la Wii, hein, mais c'est dispo sur WiiU quand même, donc j'ai raison. Avec tous les classiques qui sont ressortis il y a du choix, et de la qualité. Mais même si les bons vieux jeux font toujours plaisir, de temps en temps on a envie de voir du neuf, et de ce côté on n'est pas vraiment gâté. C'est donc un gros vide dans lequel s'engouffre Gaiabreaker, et le résultat est... disons spécial.

Petit rappel : un shoot'em up vous met aux commandes d'un vaisseau, sur un écran qui avance tout seul verticalement (c'est le cas ici) ou horizontalement. Des ennemis viennent en masse pour vous détruire, et vous devez naviguer entre les « bullets » ennemis tout en les détruisant. A la fin de chaque stage il y a un boss à battre, et une fois que c'est fait vous passez au stage suivant.

Le choix de jeu est ici très étrange, vu que la jouabilité suit une logique 1D : le vaisseau que vous dirigez est au bas de l'écran et ne peut se diriger que vers la droite ou la gauche, jamais en haut ni en bas. Aimant jouer aux danmakus de façon occasionnels, j'avoue que je l'ai vécu comme une régression. Mais ce serait malhonnête de parler de mauvais jeu sur ce seul point. Disons plutôt que beaucoup de joueurs seront perturbés par ce choix étrange, qui enlève presque tout l'aspect stratégique des déplacements de votre vaisseau. Au lieu de gérer de façon fine votre position dans l'espace, vous êtes réduit à faire du gauche – droite. Heureusement que votre hitbox est très petite. Vous perdrez si vous vous faites toucher au centre du vaisseau, mais pas sur les bords.

Concernant les tirs, Gaiabreaker enlève les upgrades de tirs et les bombes, habituellement présents. Ici rien pour vous sauver d'une situation critique, vous avez un tir de base qui n’évoluera jamais, et des tirs guidés qui se chargent en plaçant votre vaisseau face à la cible (4 cibles « lockées » en même temps au maximum) ; cette seconde attaque est plus puissante mais aussi plus lente à se mettre en place, ce qui fait qu'on la gardera pour les ennemis puissants et peu maniables, vu que pour lancer cette attaque il faut relâcher le bouton de tir.

Pour la maniabilité, rien n’est expliqué, pas même les boutons. Pas de tutoriel, de menu d’options. Vous devrez tout trouver par vous-même. Comme je suis généreux de nature, je vais vous expliquer : le stick pour aller de gauche à droite (la croix ne sert à rien), le bouton X pour un tir continu (à relâcher pour une attaque ciblée), et c'est tout. Même sans savoir cela, il ne m'a fallu que 5 secondes pour prendre en main mon vaisseau, donc bon, ce problème n'en est pas vraiment un, mais ce n’est pas bon signe pour la profondeur et l’intérêt du gameplay.

Une fois l'écran titre chargé, la première chose qui frappe, c'est qu'il faut tourner son gamepad d'un quart de tour pour pouvoir y voir quelque chose : par défaut le jeu est réglé pour être joué comme sur smartphone, avec le tactile et l'écran à la verticale (sachant que le développeur, Ubiquitous Entertainement n'a jamais fait que des jeux mobiles avant, on se s'en étonnera pas). Sur la télé par contre vous avez le même écran avec deux bandes sur le côté, et un gameplay au stick et aux boutons, comme pour la quasi totalité des jeux du même genre sur console. Et pour ceux qui ne veulent pas sur le gamepad d'une jouabilité « à la smartphone », il est possible de passer à une vue équivalente à celle de la télé. A titre personnel je trouve la maniabilité sur le gamepad bien pensée sur le papier : jouer à un shoot'em up n'enlève rien à la précision, voire en rajoute, surtout qu'ici on a un stylet qui ne bloque pas la vue. Gaiabreaker nous prouve ici qu'une logique de smartphone peut être intelligemment appliquée à la WiiU, et se révéler mieux adaptée qu'une logique console. Et ça c'est très bien joué. Par contre elle met aussi encore plus en avant une faille dans le gameplay, dont je vais reparler plus tard.

Vous avez aussi des options miiverse sympas, avec la possibilité de comparer vos scores avec d'autres joueurs, ce qui est d'autant plus important que l'intérêt de ce jeu est le scoring. Gaiabreaker est jusque là plutôt correct, avec un choix de gameplay étrange mais pas forcément pénalisant. Malheureusement quelques points ruinent l’ensemble. Les niveaux ne sont pas très longs, mais aussi manquent de punch. Les ennemis se ressemblent beaucoup, et se limitent à des vagues de bullets qui vous visent presque tous. La meilleure stratégie consiste à se décaler sur la droite, puis à profiter d'un trou dans les tirs pour aller vers la gauche, puis vers la droite au trou suivant, et ainsi de suite (ou l'inverse, je ne suis pas sectaire). Le fait que le jeu ne soit que ceci tout le temps ne le rend pas très fun. Les boss sont bien plus agréables avec leurs patterns plus fouillés, mais il est dommage qu'ils se réduisent à une alternance de bullets et de gros lasers (annoncés à l'avance).

Et pour reparler du gameplay, il est temps de parler de ce qui ruine le tout : votre vaisseau est un savon géant. Il glisse dans l’espace, ce qui le rend peu maniable, d’autant que ce n’est pas systématique. Parfois vous arrêterez de le faire aller dans une direction et il obéira immédiatement, parfois il aura une petite latence et continuera à se décaler, bien que vous lui ayez clairement demandé de s’arrêter. Dans un jeu qui nécessite de viser de façon très précise, ce n’est pas acceptable. Pour le gameplay smartphone, c’est meilleur, mais le terme “moins imprécis” reste le plus approprié, c’est vous dire à quel point ce simple aspect ruine le plaisir de jeu, pourtant déjà bien entamé.

Il y a une autre chose impardonnable, c'est la technique, ou plutôt un point très spécifique, mais crucial malgré tout. Les musiques rythment bien le jeu et sauvent un peu le dynamisme des combats. Les graphismes n'ont rien d'impressionnants, sont très basiques, et je trouve que le design des ennemis est trop simpliste. Mais le vrai problème vient de la fluidité qui est parfois prise en défaut. C'est assez rare mais j'y ai eu droit plusieurs fois en jeu et le simple fait que ce soit possible justifie un coup de gueule. Autant dans un jeu d'action je peux encore l'admettre, mais dans un jeu où un léger ralentissement peut ruiner le timing ultra précis de vos esquives, c'est désagréable comme jamais, encore plus quand on sait que pour scorer, il faut souvent prendre des risques en frôlant les bullets. Et vu l'action à l'écran, la wiiU n'est clairement pas exploitée à fond.                                                                                                 

Au final Gaiabreaker aura du mal à plaire, entre son gameplay sans grande profondeur et mal fichu, son action pas très fun, ses graphismes moyens, et sa technique problématique. Dommage, Ubiquitous avait bien compris comment adapter le gamepad à leur jeu, et comment lui apporter une valeur ajoutée. Mais pour un jeu vendu 11 euros, ça ne suffit pas.

Gaiabreaker nécessite 396 Mo d’espace libre dans votre WiiU.