Ceux qui suivent le blog savent que lorsqu'un jeu PixelHeart arrive, nous nous empressons de le tester. Pour ce Ganryu 2 : Hakuma Kojiro - à l'instar d'Andro Dunos 2 - ils se sont encore associés à Just For Games pour faire revivre une gloire de Visco sur NeoGeo. Pour faire naître ce projet, ils font encore une fois appel à Storybird Studio, responsable par exemple du très bon Wallachia dont nous vous avions déjà parlé. Arrivant 23 ans après le premier épisode, Ganryu 2 : Hakuma Kojiro prend pourtant le parti de rester fidèle au style de l'époque, tout en modifiant profondément le gameplay.

Il revient et il n'est pas content.

Jeu d'arcade oblige, Ganryu 2 : Hakuma Kojiro ne s'embête pas d'une histoire trop compliquée. Le jeu narre l'histoire de Miyamoto Musashi, qui après avoir vaincu son ennemi juré Sasaki Kojirô dans l'épisode précédent doit revenir au front pour l'affronter de nouveau car forcément les méchants ne restent jamais décédés bien longtemps dans les jeux vidéo. Si l'histoire n'est pas très développée, elle a le mérite d'être mise en scène avec une petite scénette d'introduction sympathique et de quelques dialogues avant chaque boss. En plus, les textes sont traduits en français, alors que demande le peuple ? Un petit tour par les options peut-être ? Bon là pour le coup c'est très limité. Il est simplement question de gérer la balance sonore du jeu. Un menu "commande" est bien présent, mais n'est là qu'à titre informatif, il ne permet pas de modifier la configuration des boutons ce qui est fort dommage, tant la position de la touche d'attaque et celle des shurikens sont peu intuitives. On s'y fait à la longue, mais une simple option de configuration n'aurait pas mangé de pain. On s'étonnera aussi de l'absence de choix du niveau de difficultés pourtant présent dans la plupart des jeux du studio. Peut-être est-ce là pour coller à l'image d'un jeu d'arcade, mais c'est faire abstraction que la plupart des jeux d'arcade disposaient de ce genre de choses lors de leurs portages consoles. Bref, faute d'autre choix, on se lance alors à corps perdu dans la bagarre.

Serial slasher

Le gameplay de base de Ganryu 2 est assez simple. Un bouton pour sauter (ou double sauter), un autre pour attaquer avec le sabre, un autre pour lancer un shuriken (en quantité limité, mais avec possibilité de lancer en l'air ou en diagonale) et un autre pour un dash horizontal et offensif. Le dash est important, car outre le fait de permettre d'accéder à des plateformes lointaines lorsque déclenché en l'air, il permet surtout de vulnérabiliser certains ennemis pour leur faire tomber la garde. En plus des actions de base, il est possible avec les gâchettes de sélectionner un sortilège parmi plusieurs et de l'actionner avec un clic sur le stick droit (on a vu plus pratique). Pour déclencher un sortilège, il faut au préalable avoir rempli pleinement une barre d'âme assez longue à remplir en ramassant de bonus laissés sur le cadavre des ennemis (d'où l'importance d'explorer et tuer un maximum d'opposants). Mais attention, cette barre se réinitialise après chaque mort, ce qui fait qu'il est bien trop rare d'avoir l'occasion d'utiliser ces magies. Privilégiez donc celle qui remplit toute la jauge de vie pour tenter de vivre plus longtemps lorsque cela est possible. De la même manière, les shurikens au-delà de 10 sont perdus en cas de décès. N'hésitez alors pas à vous en servir au risque de bêtement tout perdre sinon. Dans Ganryu 2, la mort est extrêmement punitive. En plus de perdre ce que vous avez accumulé (et ceci inclut les bonus augmentant le nombre de points de vies par vie), les vies sont rares et précieuses. Si en perdre une impose de recommencer au checkpoint, les perdre toutes et faire un continu impose de repartir du début du niveau. Le problème c'est que les 5 niveaux du jeu sont incroyablement longs et découpés en deux stages. Comptez facilement un quart d'heure par niveau et imaginez le temps perdu en cas de game over. C'est ici qu'un choix de la difficulté offrant par exemple un mode facile avec vies illimités et conservation de la jauge d'âme n'aurait pas été du luxe pour s'entraîner dans de meilleures conditions. Quoi qu'il en soit le jeu joue la carte de l'apprentissage, et il faudra apprendre le positionnement des ennemis et les cachettes secrètes pour augmenter vos  maigres chances de survie.

Rame rame sur ton bateau

Pour diversifier un peu le gameplay, les développeurs ont pris le parti de proposer des niveaux un peu particuliers qui changent l'approche. Si on salue le (étrangement très facile) niveau de shoot'em'up ou le passage en course automatique inspiré de Shinobi 3, on ne saurait en dire autant des passages dans des chariots de mines ou du niveau sur des plateformes tombants en continue. Dans les deux cas, une fausse manipulation et c'est une précieuse vie de perdue directement sans autre forme de procès. Le problème de ces phases c'est surtout qu'elles auraient mérité d'être plus courtes car elles traînent inutilement en longueur. Quoi qu'il en soit, le jeu est enrobé dans un style graphique 16 bits très réussi et détaillé, avec de multiples effets de parallaxes. C'est joli et plein de charme. Le tout est accompagné d'une très bonne bande son apportant du rythme sans trop se mettre en avant et déconcentrer le joueur. Là où le bât blesse est du côté des performances. A la sortie, le jeu était affublé d'importantes chutes de frame-rate. Un patch est sorti depuis améliorant sensiblement les choses (et réduisant un peu la difficulté avec ajout de checks points et quelques ennemis mal placés enlevés). Malheureusement, certains passages sont encore un peu limite, en particulier un des passages en train de mine (niveau 4-2) qui rame ostensiblement. Espérons un autre patch à l'avenir car StoryBird Studio nous avait habitué à de meilleures performances dans leurs jeux. Pour rester au rang des déceptions, il est dommage que la sélection du personnage du premier épisode soit passé à la trappe, de même que le système de grappin. Au final, rien qui ne décrédibilise totalement le jeu, qui garde un certain attrait pour le joueur persévérant.

Mon avis à moi

Ganryu 2 : Hakuma Kojiro est un jeu un peu bancal niveau équilibrage et souffrant d'une technique perfectible. Toutefois il ne faudrait pas grand-chose pour qu'il se hisse à un tout autre niveau. Espérons un futur patch pour lui donner toutes les chances qu'il mérite. En attendant il peut déjà satisfaire les joueurs qui aiment souffrir et apprendre par l'échec sans avoir peur de recommencer, ce n'est déjà pas si mal.

A qui s'adresse Ganryu 2 ?

- A ceux qui attendaient une suite au premier

- A ceux qui aiment le die & retry

- Aux amoureux du style Arcade 16 bits

A qui ne s'adresse pas Ganryu 2 ?

- A ceux qui ne peuvent supporter les baisses de framerate

- A ceux qui ont horreur des niveaux de chariots de mine

- A ceux qui aiment avoir pléthore de contenu

Johann Barnaud alias Kelanflyter