Connaissez-vous les Gibbons - cousins arboricoles d'Asie ? Cette espèce méconnue est pourtant en grave danger à cause de l'exploitation de leur habitat naturel par l'homme (déforestation...). Histoire de sensibiliser les joueurs à ce problème, le studio Broken Rules (Chasing Aurora, And Yet It Moves, Old Man's Journey...) a donc décidé de concevoir un jeu faisait vivre au joueur la vie d'un de ces mammifères. Gibbon : Beyond the Trees arrive donc sur nos Switch après une petite exclusivité temporaire sur Apple Arcade.

Vis ma vie de Gibbon

Gibbon : Beyond The Trees est un jeu qui va directement à l'essentiel. Au lancement, on arrive directement sur un menu spartiate invitant à lancer une partie ou éventuellement d'aller faire un petit tour dans des options elles aussi succinctes (gestion de la balance sonore, choix de la langue et gestion des sauvegardes). Au lancement de la partie, après une touchante petite séquence réunion de famille entre Pink, Yellow et leur enfant, nous incarnons rapidement Pink (la Maman Gibbon) qui va se déplacer de branches en branches pour une petite balade en famille. Le hud du jeu se fait discret et à part une ou deux indications au début du jeu, il laisse le joueur se débrouiller sans un long et pénible tutoriel. On apprend rapidement à utiliser une des gâchettes de droite pour se balancer sur les branches, relâcher au bon moment pour bénéficier de la meilleure impulsion possible et progresser dans cet enfer de branchages. Les gâchettes de gauches pour leur part sont utilisées pour glisser sur les pentes descendantes afin de gagner de la vitesse, ou de courir sur le plat et les montées. Voilà les bases du jeu, même si de menues subtilités arrivent par la suite. Un appuie durant un saut sur la gauche de la croix directionnelle permet d'effectuer un saut périlleux qui empêche temporairement de se raccrocher aux branches, mais permet un boost de vitesse lorsque cela est fait. Le bas de cette même croix permet de descendre d'une branche pour aller dans des zones plus basses. Enfin parfois, notre compagnon proche de nous en l'air se place de manière à nous propulser. L'agripper puis relâcher au bon moment permet de couvrir de vastes zones. Niveau feeling, Gibbon se rapproche un peu d'un Tiny Wings avec la même utilisation du rythme et du timing pour essayer de maximiser sa vitesse et de parcourir le maximum de distance

Enfer et damnation

Mais la grosse différence avec Tiny Wings se situe dans la narration. Gibbon est ici pour raconter un propos à travers son histoire. A travers les décors traversés, des éléments narratifs se posent en filigrane de notre avancée ponctuées à divers moments de séquences cinématiques faisant avancer l'histoire tout au long des 10 chapitres du mode histoire. Le tout n'est guère long, compter une heure et demie pour en voir le bout. Mais si vous êtes du genre sensible, l'histoire pourrait bien vous toucher plus que de raison. Dommage que malgré la durée de vie faible on ait tout de même l'impression de faire tout le temps la même chose. Le gameplay reste toujours assez basique et manque de profondeur sur la durée, surtout que le jeu est très facile. S'il est possible de mourir à certains endroit (tomber dans le feu ou les précipices par exemple), les checks points sont fréquents et l'essentiel du jeu peut être parcouru au sol si on le souhaite. Une fois le mode principal terminé, un autre mode de jeu se débloque et transforme le jeu en un simili roguelike, accolant différents tronçons du jeu les uns aux autres à l'infini. L'objectif ici est de libérer des animaux de cages présentes aléatoirement sur le chemin. Tous les dix animaux d'une espèce (parmi 10) sauvé, un tampon est ajouté sur votre tableau de complétion. Tout compléter demandera du temps plus que de la dextérité, mais au moins certains emplacements de cages sont difficiles d'accès et demandent une bonne connaissance des tronçons.

But Not On Switch

Si beaucoup de jeux indépendants révèlent leur saveur sur la Switch, Gibbon : Beyond The trees fait mentir cet adage. Outre le fait de devoir jouer à la manette en mode TV, ce qui forcément est ici moins immersif que le tactile d'origine (disponible également ici en mode portable), c'est surtout sur la qualité du portage que le bât blesse. Les temps de chargements sont étrangement longs (surtout celui du lancement du jeu), et le framerate est en effet au mieux instable et dans le pire des cas complètement aux fraises. Le pire est que cela génère parfois de l'input lag et rend les contrôles aléatoires. Espérons un patch rapidement, car en l'état, difficile de conseiller cette version. Si vous avez un abonnement Apple Arcade, mieux vaut l'essayer sur ce support.

Mon avis à moi

Gibbon : Beyond The Trees est un jeu intéressant de par son parti pris écologique et sensibilisateur. La courte histoire est touchante et le jeu didactique sur le sujet. Dommage que le gameplay ne se renouvelle pas assez et lasse rapidement. Si vous adhérez à la proposition, nous vous conseillons tout de même de vous tourner sur une autre version du jeu comme par exemple celle sur Apple Arcade.

A qui s'adresse Gibbon : Beyong the Trees ?

- Aux personnes tendres et émotives

- A ceux qui aiment embrasser la cause animale

- Aux curieux

A qui ne s'adresse pas Gibbon : Beyong the Trees ?

- A ceux qui n'ont qu'une Switch

- A ceux qui n'aiment pas faire tout le temps la même chose

- A ceux qui aiment avoir du contenu

Johann Barnaud alias Kelanflyter