
Il y a un peu plus d'un an, j'avais eu le plaisir de vous parler d'une compilation retro d'un de mes développeurs préférés de l'époque : Taito. Taito Milestones proposait une série de jeux assez méconnus du studio et nous avions terminé notre article avec une attente forte concernant une deuxième compilation. Voilà désormais chose faite, car Taito et ININ Games reviennent donc avec Taito Milestones 2 qui couvre cette fois des jeux globalement plus modernes. En effet, si le jeu le plus ancien date de 1984, le plus récent monte à 1992. Allons donc voire plus en détail le contenu de cette nouvelle cuvée. Est-ce un bon millésime ?

Un voyage dans le passé
Taito Milestones 2 est donc une compilation qui regroupe 10 jeux historiques de la firme éponyme. Comme pour la première compilation, cette nouvelle anthologie ne va étrangement pas s'appuyer sur les plus grosses gloires de la firme et va plutôt tenter de nous faire découvrir des jeux méconnus. C'est un parti prit intéressant pour qui s'intéresse à l'histoire du jeu vidéo. Pour Bubble Bobble, Rainbow Islands ou Opération Wolf il faudra donc attendre une probable compilation volume 3. Toutefois la selection ne comporte pas que des illustres inconnus comme nous allons le voir, et les autres font partie de l'histoire de la firme. Bon on ne va pas se le cacher, il y a dans le lot quelques titres tout à fait oubliables qui n'ont leur place que dans un contexte historique. Par ordre chronologique voilà la liste des jeux proposés : Ben Bero Beh (1984), The Legend Of Kage (1985), Kiki Kaikai (1986), NewZealand Story (1988), Darius 2 (1989), Gun Frontier (1990), Liquid Kids (1990), Metal Black (1991), Solitary Fighter (1991) et DinoRex (1992). Comme pour le premier volume, les titres les plus connus ne sont pas forcément les meilleurs et tous sont des portages des versions arcade disponibles indépendamment dans la gamme Arcade Archives. Au lancement, un sobre menu permet de choisir son jeu. Après le choix d'un jeu, on bascule sur un écran de rappel des commandes avant d'atterrir sur l'écran titre du jeu. Globalement une pression sur L ajoute des crédits tandis que la touche R sert à utiliser un crédit et lancer le jeu. En appuyant sur + ou -, on arrive sur un gros menu proposant un certain nombre d'options (qui peuvent varier selon les jeux). Globalement, on y trouve un classement en ligne du score (avec les paramètres par défaut), l'accès à une notice, la configuration des touches, les paramètres du jeu (difficulté principalement), les paramètres d'affichage (taille, orientation, fonds d'écrans et filtres) ainsi que la possibilité d'effectuer une sauvegarde temporaire. C'est un peu chiche. Pas de rewind ni même de véritables save states, et aucun contenu bonus comme des artworks, ou un mode jukebox, on reste sur le jeu en lui-même. Les plus assidus remarqueront que ce pavé est identique à celui du test du premier volume pour une raison simple : rien n'a changé sur ce plan-là. A noter que pour certains jeux, il n'est pas possible de continuer la partie en remettant un crédit c'est retour à l'écran titre sans ménagement. Soyez prévenus c'est potentiellement frustrant.
Le musée des curiosités
Comme pour la précédente, cette compilation propose des jeux assez hétéroclites, non seulement sur le genre, mais aussi niveau qualité et intérêt. Dinorex par exemple a beau être le jeu le plus récent du lot, il restera sans doute à l'état de douce curiosité. Le concept de jeu de combat de dinosaures dans des arènes est sympas et les énormes sprites ont dû faire sensation à l'époque, mais le budget n'est malheureusement pas allé dans la jouabilité. On se retrouve rapidement à appuyer un peu sur toutes les touches pour tenter sans succès de battre une I.A impitoyable dès le premier combat. Dans le même esprit, Solitary Fighter propose lui aussi des combats en un contre un, avec cette fois-ci une gestion de la profondeur et la possibilité d'attraper des éléments de décors. On se rapproche plus d'un jeu de catch dans l'esprit. Malheureusement la jouabilité assez aléatoire et la difficulté hors norme dès le début empêche de l'apprécier. A essayer en versus. Autre jeu intéressant sur le papier mais beaucoup moins une fois la manette en main : Legend Of Kage. Ce jeu run and gun au curieux défilement horizontal inversé (on se dirige vers la gauche) propose de bonnes idées, mais la difficulté assez relevée et la jouabilité étrange font qu'on n'ira pas très loin, d'autant qu'il n'y a pas moyen de continuer sa progression en ajoutant un crédit. Votre objectif sera donc très clairement le scoring et de tenter d'aller le plus loin possible. Ben Bero Beh pour sa part est un jeu qui montre son âge d'un point de vue réalisation, mais qui s'avère finalement assez sympathique de par son concept unique. Vous y dirigerez un pompier qui doit aller sauver sa petite amie en bravant flames et dangers plus ou moins loufoques. Le jeu ajoute de plus en plus de pièges à mesure que ses stages se déroulent, permettant de relancer l'intérêt et de donner envie de découvrir la suite. Finissons cette liste de low tiers avec Kiki Kaikai, un jeu loin d'être mauvais (au contraire), mais dont l'incroyable difficulté et l'absence de continus ruinent un peu le fun. Si vous souhaitez découvrir la licence, préférez le remake de Pocky et Rocky chez le même éditeur. Pour résumer disons tout de même qu'il s'agit d'un shooter multi directionnel en vue du dessus où vous incarnez un prêtre japonais devant faire face à des armées de Yokai.

On est bien Tintin
Passons maintenant à la top tiers list, c'est à dire les 5 jeux les plus intéressants de cette compilation. Gun Frontier est un shoot'em up vertical dans la droite lignée des jeux Toaplan (Flying Shark, Truxton...). Le jeu est rapidement assez vache avec le joueur avec des tirs en traitres et multiples. Cette fois, le jeu propose des continus infinis, mais avec un retour à un check-point en cas de mort (la moindre touchette donc). Avec un peu de persévérance on finit par avancer non sans mal, d'autant que le jeu nous octroie parfois par pitié un bonus d'armement maximal. Il devient toutefois vraiment ardu au bout d'un moment. Heureusement avoir un ami sous la main aide beaucoup car le retour au check-point ne se fait que si les deux joueurs meurent en même temps. Dans ces conditions il devient tout de suite bien plus agréable de massacrer les hordes d'ennemis au design assez recherché. Metal Black est encore un shoot'em'up, mais horizontal cette fois. La réalisation est vraiment top avec des effets qui pètent bien. Les continus sont infinis et on y prend du plaisir même en solitaire. Le système d'armement est un peu étrange mais change des habitudes. On améliore son armement en collectant une multitude de petits bonus, et on peut sacrifier le tout à n'importe quel moment pour profiter d'un énorme laser qui balaie tout (même les tirs ennemis). Heureusement durant les phases de boss les bonus affluent en masse et le tout sera d'activer le mega tir au moment le plus opportun. N'hésitez pas en plus à appeler un ami pour y jouer à deux. On quitte un peu les shoot'em'up pour aller dans un genre dans lequel le développeur est passé maître : le jeu de plateforme. NewZealand Story vous place dans la peau d'un Kiwi (l'animal pas le fruit) qui tire des flèches et peut voler les ballons et autres plateformes volantes des ennemis pour naviguer vers la sortie des niveaux assez labyrinthiques. Le jeu est assez difficile et souffre d'un système de continus assez étrange. La plupart du temps vous pourrez continuer à l'envie, mais à certains moments clefs, mourir vous enverra dans un niveau spécial. Si vous perdez dans ce niveau c'est terminé pour vous. Dommage car le concept est vraiment génial et le jeu entrainant. On retrouve bien la patte Bubble Bobble. D'ailleurs le jeu suivant est sur la même lignée avec une certaine parenté à la fois avec NewZealand Story et avec Parasol Star. Liquid Kid (alias Mizubaku Adventure) est également un jeu de plateforme sont le but est d'atteindre la sortie (ou d'occire un boss). Mais dans ce jeu, le héros ressemblant à une espèce d'hippopotame jaune se bat en lançant des bulles d'eau plus ou moins grosses qui éclatent en créant des vagues. Le jeu malgré sa difficulté est très fun. Il propose des continus infinis à base de check points, mais les boss conservent étrangement une partie des dégâts infligés lors de la tentative précédente, ce qui aide beaucoup à avancer. Enfin, le gros morceau de cette compilation est encore un shoot avec Darius 2, présenté ici dans sa version 3 écrans. Le résultat à l'écran choque un peu au début mais on s'y fait, tant qu'on est en mode salon. En jouant en portable, l'affichage est un peu petit, d'autant que le jeu est incroyablement difficile. Heureusement, pour le coup les continus sont infinis et on recommence à l'endroit exacte de la mort. L'avantage du jeu, c'est qu'il permet une bonne replay value en proposant une arborescence de niveaux en pyramide. Il faudra donc pas mal de parties pour tout voir. Pensez à activer le tir automatique dans les options tout de même ça change la vie.

Mon avis à moi
Taito Milestones 2 est dans la droite lignée de la compilation précédente. Toutefois les jeux sont globalement un cran au-dessus en termes d'intérêt malgré quelques canards boiteux présents pour le principe d'exhaustivité. Dans l'absolue il y a de quoi passer de bons moments avec cette compilation, mais il est difficile de ne pas être frustré à l'absence des meilleurs titres de Taito. A quand un Taito Milestones 3 avec Bubble Bobble, Arkanoid 2 , Operation Wolf, Rainbow Island, Rastan Saga, Chase HQ, Puzznic ou encore Cadash ?

A qui s'adresse Taito Milestones 2 ?
- A ceux qui veulent découvrir le passé d'un éditeur historique
- A ceux qui connaissent déjà par coeur les classiques
- A ceux qui aiment apprendre les patterns
A qui ne s'adresse pas Taito Milestones 2 ?
- A ceux qui aiment avoir du contenu explicatif (artworks...)
- A ceux qui n'aiment pas le scoring
- A ceux qui auraient aimé une compilation plus fournie en titres cultes (Bubble Bobble!!)
Johann Barnaud alias Kelanflyter
