Vous le savez probablement, dans l'histoire du jeu vidéo, beaucoup de titres en cours de développement sont annulés et certains même jamais annoncés. ClockWork Aquario est un titre développé par Westone (Wonder boy) pour le compte de Sega pour une sortie en arcade. Mais pour une raison quelconque, le jeu a été annulé au dernier moment et le projet a été enterré... jusqu'à ce que Inin Games (en partenariat avec Strictly Limited Games et d'anciens développeurs de Westone) décide de déterrer le cadavre et de lui refaire une beauté pour le proposer sur nos consoles modernes.

Dans son jus

Avant tout, répétons-le : ClockWork Aquario est un jeu prévu pour une sortie en 1994. Il ne s'agit pas ici d'un remake, mais d'un travail de restauration du titre tel qu'il avait été pensé à l'époque. Il ne faut donc pas chercher de la modernité dans ce titre qui nous plonge directement dans cette époque que les plus jeunes n'ont pas connus. Il s'agit d'un jeu d'arcade constitué de 5 niveaux qui se terminent tous par un classique boss de fin de niveau. Le temps est limité (bien qu'extrêmement généreux) et on perd rapidement des vies et des crédits si on n'y prête pas attention. Il s'agit d'un jeu de plateforme au concept assez simple : on dirige un personnage qui peut frapper ses ennemis pour les immobiliser (ils deviennent alors bleus), puis les attraper pour les lancer sur ses semblables. La plupart des ennemis peuvent être tués en leur sautant dessus et certains même d'un coup de tête par en dessous. La maniabilité est simple : un bouton de saut et un autre de frappe et c'est tout. Le jeu manque peut-être un peu d'allonge et les collisions sont malheureusement un peu capricieuses, mais globalement le jeu se prend bien en main. Là où on pestera plus est sur la résolution qui est d'époque avec des sprites assez gros. Le résultat est donc certains passages où la visibilité est limitée et où il est difficile d'anticiper ce qui arrive. D'ailleurs si le jeu en soit n'est pas très difficile pour un jeu du genre, on note des pics de difficulté qui témoignent d'un jeu pas tout à fait fini avant son annulation. Par exemple le boss du troisième niveau et le plus difficile de tous et un aspirateur à crédits, tandis que battre le boss final sans se faire toucher n'est pas bien compliqué. Au final on retient tout de même un jeu charmant, plein de couleurs et au design kawai amusant qui nous tient en haleine le temps d'une partie d'une bonne vingtaine de minutes.

Reconstitution

Si on se replace dans le contexte d'époque, le jeu est plutôt joli, et le travail de restauration est remarquable. Il faut savoir que lorsqu'ININ a lancé le projet, il ne restait qu'une version non finale du jeu avec des pans de données corrompus et bogués, et sans aucun fichier audio. Heureusement pour eux, le travail de Shinichi Sakamoto avait été publié en dehors du jeu et à pu être réintégré dedans. Au passage chaque morceau du jeu existe en version originale et en version remixée. Dans tous les cas le travail est de qualité et nos oreilles sont ravies. Le jeu est jouable en coopération à deux joueurs. Il est alors possible d'attraper l'autre joueur pour le lancer ou de lui monter dessus. Le jeu prend alors une autre dimension. Mais ce mode deux joueurs est aussi l'occasion d'un bonus stage spécial (indisponible en solitaire) à la fin du 3ème niveau. Ce stage spécial est aussi accessible ensuite à n'importe quel moment depuis le menu d'accueil. En parlant du menu, le jeu propose un mode practice (qui s'arrête après le deuxième niveau), puis des modes easy, normal et hard qui se distinguent uniquement par le nombre de continus disponibles. Une fois le jeu terminé une première fois, on débloque un mode Arcade qui permet d'ajouter des crédits à la volée, mais aussi de faire mumuse avec le menu service qui permet d'activer ou non les switch pour modifier les paramètres de jeu. Enfin, le menu principal propose un mode jukebox et surtout une galerie composée d'un certain nombre de documents (artworks majoritairement) du jeu commentés par l'équipe. Ces commentaires comme tout le reste du jeu sont traduits en français, ce qui est toujours appréciable.

Mon avis à moi

Clockwork Aquario en soit n'est pas un jeu extraordinaire. Mais il reste une curiosité et une merveille archéologique pour les passionnés de l'histoire du jeu vidéo. Le travail de restauration transpire la passion et mérite qu'on se penche dessus.

A qui s'adresse ClockWork Aquario ?

- Aux historiens du jeu vidéo

- A ceux qui cherche un jeu simple d'accès

- A ceux qui aiment les anciens jeux d'arcade

 

A qui ne s'adresse pas ClockWork Aquario ?

- A ceux qui s'arrêtent de jouer après avoir vu les crédits

- A ceux qui n'aiment que la modernité

- A ceux qui aiment la précision du gameplay

Johann Barnaud alias Kelanflyter