Si durant de nombreuses années, le jeu d'aventure est resté cantonné au point and click popularisé par Lucas Art et Sierra OnLine, depuis le succès de The Walking Dead par TellTale il en est tout autrement. Si on a tendance de nos jours à plus parler de jeux narratifs, force est de constater que le destin tragique de Clémentine a su faire de nombreux émules comme Life Is Strange de DontNod et ce nouveau titre de Annapurna Interactive et Variable State : Last Stop.
Aux frontières du réel
L'histoire de Last Stop vous met rapidement dans le bain. L'action se passe de nos jours à Londres (logique vu que Variable State est situé là-bas). Le prologue vous propose de diriger un homme accompagné d'une amie qui se font courser par la police jusque dans les couloirs du métro. Vous allez devoir diriger ce duo dans des couloirs sinueux, aidé par le placement des cameras qui montre de manière assez intuitive où aller. De temps à autre un petit QTE des familles pour dynamiser l'action et nos compère arrivent rapidement devant un homme qui semble les attendre alors qu'ils ne le connaissent pas. Il ouvre une porte ouvrant sur un étrange portal vert et invite les jeunes gens à y entrer. Stressé par l'arrivée de la police, le jeune homme voit son amie entrer dedans et disparaitre avec l'homme mystérieux après quoi le portail se referme derrière eux. Vous l'aurez comprit, Last Stop joue la carte du mystère dans un monde apparemment normal. Vous ne serez donc pas surpris d'apprendre que les personnages (oui il y en a plusieurs) que vous allez incarner sont donc des gens ordinaires avec leur vie (de merde) et qui seront dépassés rapidement par les évènements.
#VDM
Après ce prologue, Last Stop vous affiche une rame de métro avec trois personnages dedans : John, Meena et Donna. Ce sont les trois personnages que vous allez suivre chacun durant 6 chapitres plus ou moins longs avant un chapitre final beaucoup plus consistant servant de liant final à ces trois histoires autrement séparées. Bien entendu d'autres éléments interviendront au cours des histoires pour commencer un semblant de liant et rappeler qu'elles se déroulent dans la même unité de lieu et de temps, mais l'essentiel des histoires va être de vivre le quotidien chamboulé de nos protagonistes. John est un père de famille célibataire usé et dépassé tentant de joindre les deux bouts et de s'occuper de sa fille. Sa vie va pourtant basculer lorsqu'un évènement va le lier de manière inattendue à son voisin un peu égoïste. Meena est une femme forte travaillant pour une agence secrète qui lui monte la pression pour hériter d'un poste important, et ce au prix de sa vie familiale partant en lambeaux. Donna est une lycéenne qui aime trainer avec ses amis pour échapper à une soeur surprotectrice. Mais sa vie ne sera plus la même lorsqu'avec ses amis elle tombe sur un homme mystérieux invitant chez lui des femmes qui n'en ressortent jamais.
Gameplay? Où es-tu?
Last Stop s'inspire clairement des travaux de TellTale. A savoir que s'il est possible de se déplacer dans l'environnement et qu'il y a régulièrement des QTE à actionner, l'essentiel du gameplay passe par les dialogues. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que la plupart des balades à pied dans la métropole se font accompagné d'une autre personnes. Ce n'est pas un mal tant ces pérégrinations peuvent se révéler parfois pénibles. Il n'y a aucune exploration possible, il faut juste aller d'un point A à un point B. Mais contrairement à la séquence de prologue, le changement de vues de la caméra est souvent handicapant. On se met à chercher des yeux son personnage perdu dans un coup au milieu des autres, on se demande où est la suite, on se traine souvent péniblement et on se bute parfois bêtement contre des éléments de décors. Peut mieux faire. Heureusement on en voit le bout assez rapidement pour passer au gros morceau : les dialogues. Comme dans son modèle, Last Stop propose trois choix de réponse à chaque fois et la possibilité de ne pas répondre en laissant le temps s'écouler. On regrette tout de même que les choix pour la plupart n'ont pas un gros impact sur la suite, et c'est peut-être le plus gros défaut du jeu. Heureusement, le chapitre final (qu'il est possible de recommencer sans tout refaire) propose des choix beaucoup plus drastiques. Au final on est vraiment sur une expérience narrative plus que sur un jeu. Heureusement, de ce point de vue là l'écriture est excellente, et on se prend rapidement d'empathie avec les personnages, même quand ils ont des réactions à la con. Au moins, ils sont humains. L'histoire alterne l'humour et le drame avec brio et le mystère entretenu par de bons cliffhanger en fin de chapitre donnent envie de connaitre la suite comme une bonne série sur Netflix.
Mon avis à moi
Last Stop est plus une histoire interactive qu'un véritable jeu, mais il n'en est pas moins passionnant. On rentre rapidement dans la peau de ces personnages pourtant tous si différents et on passe de chapitre en chapitre, happé par la volonté de connaitre la finalité de ce mystère.
A qui s'adresse Last Stop ?
- A ceux aiment s'attacher à des personnages
- A ceux qui pensent qu'une bonne histoire ce sont de bons dialogues
A qui ne s'adresse pas Last Stop ?
- A ceux qui aiment maîtriser leur destin
- Aux allergiques aux QTE
Johann Barnaud alias Kelanflyter