Même si vous ne jouez pas sur des consoles Nintendo, Metroid est un nom qui vous parle forcement et pour cause : le jeu est à l'initiative d'un genre qui porte partiellement son nom : Metroidvania. Vu que le genre est devenu extrêmement populaire depuis quelques années grâce des fleurons comme Ori And The Blind Forest, Nintendo ne pouvait clairement pas en rester là et laisser le genre aux mains de la concurrence. C'est pourquoi après un Samus Returns réussi, l'éditeur nippon redonne sa chance aux espagnols de Mercury Steam pour la véritable suite de la saga légendaire : Metroid Dread. Petit en-cas en attendant Metroid Prime 4 ou véritable repas complet ?

On Samus bien ici

Metroid Dread est donc le cinquième opus canonique de la Saga en 2D (les Metroid Prime étant considérés comme une série un peu à part). Le début du jeu récapitule assez bien le passé de notre chasseuse de prime (oui pour ceux du fond qui ne suivent pas c'est une femme dans l'armure) et connaitre les jeux précédents ne sera pas requis. Cela dit si vous êtes abonnés au Nintendo Online, vous pourrez à loisir refaire Metroid sur NES (le 1) ainsi que Super Metroid (le 3). Pour le second opus il faudra soit prier pour que le NSO intègre les jeux Gameboy, soit vous tourner vers le remake Samus Returns sur 3DS. Enfin, le quatrième jeu est Metroid Fusion sur GBA. Bref, tout ça pour dire que les Metroid et les X sont deux entités extraterrestres dangereuses qui ne s'aiment pas du tout. Samus dispose d'une part d'ADN Metroid qui lui a permis d'annihiler les X. Du moins c'est ce qu'elle croyait jusqu'à ce que la fédération reçoive une vidéo d'un X en liberté sur la planète ZDR. La fédération commence par envoyer 7 robots EMMI (Explorateurs Mobiles Multiformes Interplanétaires) pour enquêter sur place avant que leurs signaux ne cessent d'emmètre. Ni une ni deux, Samus Aranmène (ahah !) sa fraise sur ZDR vu qu'elle est la seule à être protégée contre le pouvoir des X grâce à ses gènes de Metroid. Rapidement, Samus va se retrouver confronté à un être surpuissant ressemblant à l'antique race des Chozos qui va la laisser inconsciente et privée de ses pouvoirs. Finalement la mission première de Samus va donc être de les recouvrer petit à petit afin de faire face à la menace.

Pousse mousse, tu pousses et Samus !

Comme ses ancêtres avant lui, Metroid Dread est donc un Metroidvania vu de côté. Mais comme pour Samus Returns (ou Metroid Other M avant lui), le studio Mercury Steam a pris le parti de modéliser le jeu en 3D, non seulement pour proposer un effet de profondeur plus saisissant, mais également pour permettre des effets de mise en scène par-ci par-là, en particulier dans les cinématiques toutes in-game. Graphiquement, pas grand-chose à redire, le jeu est beau et fourmille de détails et plus inhabituel pour la série : de vie. La planète est habitée par de multiples petites créatures et certaines font leur vie en arrière-plan. En plus tout cela avec une animation de qualité et très peu de baisses de framerate. Niveau sonore aussi, rien à redire c'est un sans-faute. La musique environnementale sait laisser sa place à des morceaux plus rythmés quand le besoin s'en fait sentir. Le gameplay global du jeu est similaire aux jeux précédents. L'exploration avant tout, et des accès fermés par différents obstacles qu'il ne sera possible de franchir qu'après avoir obtenu un pouvoir spécifique. Les différents pouvoirs de Samus sont pour la plupart déjà connu des fans. On tire au laser ou au missile, on verrouille, on saute (et même double saute voire plus si affinité). Rapidement on se transforme en boule morphing pour passer dans des conduits étroits et poser quelques bombes. Les possibilités sont nombreuses, peut-être même trop car la maniabilité est parfois un peu capricieuse. Outre le grand nombre de boutons qui portent parfois un peu à confusion dans la précipitation, le passage de la station débout à la boule morphing morphe est un peu capricieux, sans compter sur les doubles sauts qui parfois ne veulent pas s'activer (car il faut obligatoirement sauter en avant pour effectuer la vrille qui permet de relancer un saut). 

Les EMMI Awards

Ce qui différentie le plus Metroid Dread de ses prédécesseurs, c'est le gameplay associé aux EMMI. Ces créatures robotiques sont cantonnées à des zones spécifiques de la carte. Mais à l'intérieur de ces zones, elles vous pourchasseront inlassablement tant que vous ne vous en serez pas débarrassé. Problème de taille : elles ne sont vulnérables qu'à un tir d'une arme spécifique à usage unique et à trouver au préalable. Bien entendu cette arme est généralement placée en fin de la zone de chasse. Avant d'y arriver il faudra jouer au chat et à la souris avec des mécaniques d'infiltration. Parois il s'agira de passer par des passages étroits que l'EMMI ne pourra pas franchir. Mais souvent il s'agira de se fondre littéralement dans l'ombre avec une capacité de furtivité qui réduira les mouvements ainsi que la vie en cas d'usage immodéré. Attention, les EMMI sont sensibles au bruit, et de plus, certains EMMI peuvent voir à travers les murs. Si l'EMMI vous attrape, il est possible de s'échapper avec un QTE, mais ce dernier est très délicat à placer donc mieux vaut ne pas compter dessus. Généralement c'est game over. En tout cas ces séquences entrainent une bonne dose de stress et de tension et permettent d'apporter une touche toute nouvelle au genre. Le reste du temps, l'exploration est surtout ponctuée d'un bon nombre de combats de boss. Ces combats sont souvent synonymes de pics de difficulté, alors soyez certains d'être préparés au mieux avant de les affronter. Bien connaitre les patterns d'attaque est vital, mais il faut aussi souvent mettre les neurones à contribution pour trouver une technique en utilisant les capacités glanées récemment. Mais ce Metroid Dread est également l'épisode de la mobilité, et il sera plus que jamais important d'avoir des réflexes, surtout lorsqu'il s'agira de contrer une attaque de corps à corps nécessitant un certain timing. Si vous aviez oublié de sauvegarder avant un boss ou un EMMI pas de panique : le jeu est généreux de ce point de vue et sauvegarde toujours automatiquement avant l'entrée de la salle.

A fond à fond à fond ?

Les aventures de Samus sur ZDR devraient vous tenir en haleine une bonne douzaine d'heure pour un premier run en essayant d'obtenir un bon nombre de bonus. Pour le 100% il faudra compter un peu plus, et pour refaire le jeu en difficile pour les plus courageux bien plus encore. On aurait tout de même aimé un mode facile pour ne pas rebuter les débutants. Mais Metroid Dread est également l'hériter de Super Metroid et est donc particulièrement adapté aux speedruns qui nécessiteront une connaissance parfaite des lieux et l'exploitation optimale des capacités. On trouve déjà des runs de moins de deux heures. Mais avant d'en arriver là, il faudra apprivoiser la, ou plutôt les cartes des lieux. La planète est en effet découpée en plusieurs zones disposant chacune de sa propre carte et interconnectées entre elles par des systèmes de transport (ascenseurs, navettes, téléporteurs). Il est assez fastidieux de devoir revenir par la "carte globale" pour afficher la carte d'une autre zone. On aurait aimé une véritable vue d'ensemble avec les points de jonction mieux mis en avant. C'est bien là le seul point à déplorer sur cette carte autrement bien fichue, avec même la possibilité de mettre en surbrillance les éléments identiques à celui sélectionné.

Mon avis à moi

Metroid Dread est bien le digne successeur de Super Metroid et propose une aventure haute en couleurs (surtout avec l'OLED) demandant un peu d'investissement. Si le jeu ne marquera probablement pas l'histoire, il réinvente suffisamment certaines mécaniques de Gameplay pour proposer une aventure unique qui malheureusement laissera sur le carreau les joueurs les moins doués ou les moins persévérants.

A qui s'adresse Metroid Dread ?

- A ceux qui attendent les nouvelles aventures de Samus

- A ceux qui ont aimé Samus Returns

- Aux speedrunners en herbe

A qui ne s'adresse pas Metroid Dread ?

- Aux réfractaires au genre Metroidvania

- Aux misogynes qui ne veulent pas diriger une femme

- A ceux qui ne résistent pas à la frustration et au stress

Johann Barnaud alias Kelanflyter