Si vous suivez un peu DTU, vous aurez remarqué qu'à part les Rogue-like, un autre genre de prédilection chez nous est le point & click. Nous avions par exemple testé Unavowed de Wadjet Eye Games. Il est donc logique que nous venions vous parler de leur dernière sortie sur Nintendo Switch : Primordia, développé par Wormwood Studios. Très différent dans son approche de Unavowed, Primordia n'en transpire pas moins l'amour du genre et mérite l'attention des fans du genre.

Un Monde sans hommes

Primordia place son contexte dans un monde futur où l'homme n'est plus. Mais avant de s'éteindre, l'homme a créé les robots qui ont su construire leur propre civilisation. Voilà des millénaires que le robot est seul sur terre, et l'homme est réduit à l'état de relique du passé. Certains lui vouent un culte "humaniste" et pensent l'homme comme le dieu créateur, tandis que d'autres pensent que l'homme n'est qu'une légende et n'a jamais existé. Vous incarnez dans le jeu un certain Horatio Nullfab version 5, qui vit reclus dans un vestige de vaisseau perdu dans les dunes de sable avec son partenaire et création Crispin Horatiofab. Vous l'aurez peut-être remarqué, mais dans le monde de primordia, les robots prennent leur créateur comme nom de famille, ce qui aura son importance dans l'aventure. Quoi qu'il en soit, l'aventure commence lorsqu'un gros robot volant vient voler le noyau énergétique du vaisseau et laisser notre héros pour hors service. A vous alors de retrouver ce voleur et votre bien, tout en laissant au passage votre marque dans ce monde rempli de secrets liés à votre passé oublié par vous mais pas par d'autres. Si la première partie de l'aventure se joue dans des décors dévastés sans beaucoup de vie, la suite se passant dans la métropole sera l'occasion d'interagir avec de multiples unités inorganiques. Les dialogues nombreux sont bien heureusement intégralement traduits en français (entre autres) avec une qualité de traduction assez rare. D'ailleurs certaines énigmes basées sur des textes ont également été traduites. Si les robots sont généralement peu enclins à l'humour, Crispin est doté d'un module de sarcasme qui déridera l'atmosphère plus d'une fois.

Les énigmes du Père Fouras

Niveau gameplay, Primordia se joue de manière relativement classique avec des dialogues à la Lucas Arts et un inventaire complet d'objets à combiner pour résoudre des énigmes tortueuses. Soyez assurés que Primordia est un jeu difficile qui demandera beaucoup d'observation, de jugeotte et aussi parfois de résistance face au désespoir. Pour limiter la frustration, le jeu intègère un système d'indice prenant la forme de Crispin qui vous donnera parfois à votre demande des indices sur la marche à suivre. Mais ses indications sont parfois très cryptiques et sont de toute manière capricieuses et aléatoires. Selon son humeur du moment il pourra simplement décider de ne pas vous aider. Au final il vaudra mieux compter sur vous même pour vous débloquer. N'hésitez pas à revenir dans les lieux passés un par un pour vérifier que rien n'a changé, cliquer sur un bord d'écran pour vérifier qu'un scrolling ne cachait pas un bout des lieux ou encore de tester la combinaison d'objets dans les deux sens (A sur B et B sur A). Au pire des cas le jeu étant sorti depuis un moment sur PC, vous pourrez toujours vous débloquer avec des solutions d'internet, mais c'est toujours une solution dangereuse car trop tentante. Le jeu vous donne énormément d'indices subtilement cachés dans les dialogues, soyez donc attentifs. Car le jeu propose de multiples énigmes où il faut entrer un code et la méthode brute force ne marche pas. Sans le code c'est impossible d'avancer. Heureusement une bonne partie (pas tous malheureusement) des indices est sauvegardé dans votre dataPad (qui sert également pour effectuer des déplacements rapides).

Directive Primordiale

Jeu pensé pour le PC oblige, Primordia a été pensé avant tout pour la souris. Un travail d'interface a donc été fait pour rendre le jeu jouable à la manette. Il est possible de parcourir l'inventaire avec les gâchettes, d'accéder rapidement au datapad, de cibler l'écran avec les sticks (rapidement avec le gauche, et plus lentement avec le droit), de faire apparaitre les points d'intérêts avec une touche et de naviguer entre eux avec la croix directionnelle. Le ciblage aux sticks étant peu pratique, vous utiliserez probablement cette dernière méthode plus efficace. Mais attention car une des énigmes demande de passer son curseur sur l'écran en dehors des points d'intérêts et n'est donc possible qu'avec les sticks. De même lorsque Crispin se trouve devant un point d'intérêt, il est parfois délicat de le cibler sans devoir se déplacer auparavant. Le menu principal aussi aurait mérité d'être accessible directement sans devoir aller le chercher en haut à droite de l'écran.  Si on passe outre ces petits défauts d'interface (ainsi que 2-3 plantages qui incitent à la sauvegarde régulière), Primordia offre une expérience intéressante. Le jeu se paie même le luxe de proposer plusieurs résolutions à certains problèmes qui pourront modifier des évènements futurs. Sans compter qu'il propose aussi de multiples fins. Les complétistes seront d'ailleurs ravis de trouver des succès à débloquer pour prolonger l'expérience et donner une piste sur les fins possibles. 

Mon avis à moi

Primordia ne paie pas de mine avec son univers froid et son style graphique peu habituel. Il se révèle pourtant être un point & clic de qualité, difficile et pourtant logique la plupart du temps (pas de poulet en plastique avec une poulie au milieu), il est capable de donner du fil à retordre, tout en proposant une histoire peu commune et intéressante. Sans compter que les multiples fins vous laissent l'embarras du choix quant au devenir de ce monde.

A qui s'adresse Primordia ?

- A ceux qui veulent un point & clic difficile

- A ceux qui aiment se creuser la tête

- A ceux qui cherchent un univers sortant des sentiers battus

A qui ne s'adresse pas Primordia ?

- A ceux qui n'aiment pas rester bloquer

- A ceux qui aiment les jeux colorés

- A ceux qui n'aiment pas lire

Johann Barnaud alias Kelanflyter