Afterimage est un de ces nombreux jeux issus de Kickstarter. Mais celui-ci a réussi à se faire remarquer grâce à une direction artistique à couper le souffle. Non seulement c'est beau, mais en plus c'est coloré, et après des Hollow Knight ou Ender Lilies, il faut avouer que ça fait un bien fou. Après avoir fait trois jeux de rôles à la première personne, le développeur Aurogon Shangai se tourne cette fois vers le metroidvania, avec donc des allers-retours pour explorer un monde immense, de l'expérience à engranger pour monter de niveaux, des compétences à débloquer en affrontant des boss corsés, le tout en 2D. Et tout cela, Afterimage nous le donne et bien plus encore. Tout est bien fait, mais il se montre tellement généreux qu'il en oublie de rester mesuré et finit par en donner trop. Il a commencé par me donner le vertige, et ça s'est terminé en nausée.

Après une introduction cryptique comme tant de jeux aiment en donner ces derniers temps, on commence notre aventure. Et je vais me répéter mais ce jeu est beau comme pas permis, même sur switch. Les décors sont détaillés, on n'a presque jamais d'impression de répétition au sein d'une même zone, au point de reconnaître les endroits par lesquels on passe plusieurs fois. Les couleurs sont chatoyantes et flattent notre rétine en permanence. Chaque zone est unique à sa façon, et même vers la fin du jeu on continue d'avoir de la nouveauté. C'est un vrai plaisir de passer dans une nouvelle zone pour découvrir ce que les graphistes nous ont préparé. Félicitations à ces derniers ! S'il y a bien un point inattaquable c'est bien celui-là. Et ces animations ! Fluides, élégantes, avec un très bon niveau de détail, lisibles aussi bien chez notre personnage que chez les ennemis.

Enfin fluides... A condition de ne pas avoir de ralentissements, qui deviennent de plus en plus présents à mesure que vous avancez dans le jeu. Depuis un mois que le jeu est sorti il n'y a pas vraiment eu d'amélioration. Donc tant pis, j'en suis réduit à vous recommander de choisir une autre console que la Switch autant que possible.

Une fois la claque graphique et artistique reçue on peut faire connaissance avec Renée, notre protagoniste, et son partenaire Efree. Dans le monde d'Engardin, quand on meurt on retourne au courant en attendant de renaître. Or depuis l'abandon de ce monde par Dieu, de plus en plus d'âmes restent coincées sur terre et deviennent des spectres, morts-vivants et autres monstres, qui viennent s'ajouter aux animaux et menaces déjà présentes. Renée possède le pouvoir précieux de ramener ces âmes vers le courant et s'y emploie. Or un jour son village est attaqué et son maître tué. Commence alors une quête pour retrouver l'âme de son maître, emmenée par une fille mystérieuse et clairement hostile. Si l'originalité de cette quête de revanche ne vous a pas déjà clouée à votre siège, permettez-moi d'en rajouter en précisant que Renée est amnésique. Incroyable n'est-ce pas ? Du jamais vu. Ajoutez à cela de nombreux personnages secondaires, et des documents à lire pour en savoir plus sur ce monde, et vous obtenez une histoire riche et complexe … À laquelle vous ne comprendrez sans doute rien du tout. Rien n'est clairement expliqué. Tous les concepts, même ceux que j'ai évoqués, doivent être compris par vous-même. Par exemple, il m'a fallu une heure pour comprendre que « Madame » et « Aoros » sont une seule et même personne. Je ne sais pas si c'est l'histoire qui est mal écrite car incapable d'être claire, ou si c'est un problème de traduction, mais je me suis très vite retrouvé à ne jouer que pour le gameplay.


Heureusement Renée est agréable à jouer. Elle est assez agile et répond bien. Sa palette de mouvements s'enrichit assez vite des habituels dash, double saut, saut mural. Le jeu est très scolaire sur ce point et ne prend aucun risque. Ce n'est ni un mal, ni un bien. A vous de voir si vous aimez l'efficace déjà vu. Vous pourrez alterner entre différentes armes, allant de l'épée classique à la faux. Les armes les plus lentes ont le plus de portée. Elles sont toutes maniables, avec leurs propres statistiques, mais sachant qu'on est dans un jeu ou un simple contact avec un ennemi provoque des dégâts, les armes avec portée sont clairement les plus utiles.

A force de combattre, vous passerez des niveaux, qui vous donneront des points de compétences, que vous utiliserez dans un arbre du même nom pour acheter des bonus de statistiques ou de nouvelles compétences (à prendre dès que possible car elles enrichissent bien le moveset de chaque arme).

Pour l'exploration vous pourrez vous équiper de deux armes d'une magie, de trois pièces d'équipement défensives et de un à trois accessoires. Vous gagnerez ainsi des bonus assez variés, et vous choisirez quelle magie sera disponible (presque toujours inutile car la barre de mana se vide trop vite pour les dégâts infligés), et quelles armes seront disponibles.

Une fois que Renée est prête, la voilà prête à explorer ce monde gigantesque ! Et je pèse mes mots. Les zones sont les plus grandes que j'ai jamais vu dans un metroidvania. Il y a du contenu à ne plus savoir qu'en faire. Et pas du bête contenu vide, non ! Le level design est très malin et nous fait alterner combats et phases de plateforme, avec parfois un focus sur l'un des deux aspects. La découverte des lieux se passe de façon presque instinctive, avec une carte facile à lire, où on remarque assez vite les zones restantes à explorer. Le bestiaire est très varié et encore une fois adapté à chaque zone. Il y a un peu de redite mais même là, chaque variation (ou color swap) aura une petite spécificité en fonction de la zone. Ajoutez à cela un monde rempli de trésors et de pas mal de boss et vous aurez toujours quelque chose à faire dans ce monde magnifique, avec une OST de toute beauté qui accompagne à merveille ce monde onirique.

Pour tout explorer j'estime facilement qu'il vous faudra 50 heures, voire même plus, car après 40 heures de jeu j'ai débloqué une fin, mais il me reste encore plusieurs zones à aller voir. Et selon moi c'est là que réside la vraie faiblesse du titre, en plus du scénario complètement opaque et quasi impossible à suivre. En vrai, le jeu est beaucoup trop long. Les zones sont tellement grandes que pour aller à un endroit précis, il faut souvent entre 5 et 10 minutes en partant d'un point de téléportation, et même si ça a l'air peu je rappelle que nous sommes dans un metroidvania, avec des allers-retours constants, parfois pour rien, et chaque zone nécessite pas mal d’heures pour être explorée entièrement. Du coup les qualités du jeu se diluent avec le temps, pour laisser place à de la lassitude. Afterimage nous apprend assez cruellement que même les bons jeux doivent savoir s'arrêter quand ils n'ont plus rien à nous dire. D'autant que certaines zones de fin de jeu ont une difficulté très élevée, et certains mobs sont compliqués à un niveau absurde.

D'ailleurs pour l'anecdote la difficulté est tellement mal gérée par moment que l'un des derniers patchs a carrément corrigé des patterns de boss. L'un d'entre eux vous touchera à coup sûr dans certaines conditions. Pour en avoir été victime je suis presque satisfait de voir que je n'étais pas de mauvaise foi en pestant contre ce boss. Visiblement les développeurs sont en train de corriger tout ceci, et je suppose que dans deux ou trois mois ces soucis seront quasi inexistants (ils sont déjà rares), mais ça me pose problème qu'un aspect aussi important que les boss dans un metroidvania nécessitent une correction après la sortie.

Mon Avis à moi

Au final Afterimage est un jeu tout à fait recommandable, qui reste agréable presque tout le temps, si on est prêt à passer sur quelques frustrations occasionnelles. Par contre vous devrez vous accrocher pour le finir, aussi bien à cause de la durée qu'à cause de la difficulté des dernières zones. Et surtout prenez le ailleurs que sur switch. Profitez de cette DA à fond, c'est un des meilleurs arguments du jeu, ce serait dommage de le gâcher.

Vous aimerez ce jeu si :

  • Vous y jouez ailleurs que sur Switch
  • Vous aimez en avoir pour votre argent côté contenu
  • Vous aimez votre metroidvania fonctionnel, avec un gameplay dynamique qui réponde bien

Vous n'aimerez pas ce jeu si :

  • Vous avez d'autres jeux sur le feu
  • Vous n'aimez pas mourir et recommencer à la dernière sauvegarde
  • Vous avez besoin d'un scénario un minimum travaillé pour vous motiver à avancer.

Test réalisé par Luciole