Si vous êtes trop jeunes pour avoir connu l'époque des micro-ordinateurs 8 et 16 bits, qui correspond à un véritable âge d'or pour la société Taito, il est fort probable que vous n'ayez jamais entendu parler d'Arkanoid. Il s'agit pourtant d'un énorme classique des salles d'arcades de l'époque et qui a bercé l'enfance de beaucoup (dont je fais partie). Etrangement, cette licence n'a que peu été ressorti du placard, contrairement à Bubble Bobble, Darius et Space Invaders. Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas ININ Games qui s'associe à Taito pour cet Arkanoid Eternal Battle, mais l'éditeur français Microids et le développeur tout aussi français Pastagames.

Une petite séance de retrogaming

Avant tout chose, Arkanoid Eternal Battle est un reboot du jeu original sorti en 1987. S'il ajoute du contenu plus moderne, il repose donc sur la même idée et le même scénario. Il est peut-être étrange d'avoir une histoire dans un jeu de casse-brique, mais c'est pourtant en partie ce qui causa son succès à l'époque. La vaisseau spatial Arkanoid est attaqué par une entité extra-terrestre appelée Doh (oui comme le cri d'Homer Simpson). Une partie de l'équipage réussit à s'enfuir à bord d'une navette appelée Vaus. Doh enferme le Vaus dans une dimension parallèle de laquelle il devra s'échapper en détruisant des murs jusqu'à atteindre Doh et lui faire regreter amérement d'être tombé sur le mauvais vaisseau. Vous l'aurez compris, Arkanoid n'est pas qu'une suite de niveau, c'est aussi un jeu avec un objectif bien précis et une fin qui sera gage de motivation pour continuer. Si on regrette que le second épisode pourtant meilleur n'a pas servi de base au remake, on se félicite toutefois que le jeu d'origine soit accessible, avec des crédits infinis dans une version émulée sur une borne à l'écran (cf image ci-dessous). Les bases du gameplay sont là à savoir diriger le Vaus horizontalement en bas de l'écran à l'aide du stick gauche (dommage que le tactile en mode portable sur Switch ne soit pas possible) pour intercepter une balle qui rebondit dans le niveau. Le but étant de détruire toutes les briques (sauf les briques dorées incassables) pour passer au niveau suivant. Si la balle tombe en bas de l'écran on perd une vie. Si toutes les vies sont perdues, alors c'est le game over. Un continue permet de reprendre au dernier niveau, mais toutes les briques détruites seront de retour, laissant un bon challenge sur la fin, d'autant que la vitesse de la balle s'accélère avec le temps. Pour vous aider à passer les 32 niveaux du jeu, certaines briques une fois détruites laisseront échapper un bonus que vous pourrez tenter d'attraper avec le Vaus. Quelques exemples de bonus : ralentissement de la balle, glue, agrandissement du vaisseau, super balle, balle triple et tirs. Petite spécificité de ce jeu par rapport à la concurrence : des ennemis apparaissent et peuvent perturber les rebonds de la balle. Si l'émulation est excellente, on aurait aimé plus d'options comme le save state, le rewind, ou des options graphiques (plein écran...). Il est toutefois possible de modifier la vitesse du vaisseau. Notons également l'impossibilité de sauvegarder sa progression, ce qui implique de tout recommencer au premier niveau si on a le malheur de vouloir revenir à l'écran titre.

Un petit coup de peinture

Jouer à l'original c'est bien beau, mais nous, c'est pour du nouveau qu'on est là. Le mode Neo est donc ici pour apporter un petit coup de jeune au jeu d'origine. La principale différence se situe dans l'aspect graphique qui joue la carte du flashy, du néon et de l'ambiance électro. Si le résultat donne en effet un petit coup de jeune et fait le boulot, il manque un peu de peps. On est loin de la revisite de Space Invaders Extreme qui en mettait plein les mirettes et les esgourdes. Ce mode n'est pas qu'une refonte visuelle et sonore, car il intègre 42 niveaux tous différents du jeu de 1987. Les niveaux de plus proposent de nouveaux types de blocs qui font l'effet d'une bombe ou augmentent le score. Le score est d'ailleurs un élément important du jeu car à mesure que vous détruisez des bonus, une jauge de combo augmente pour booster les points engrangés. Si le scoring ne vous intéresse pas, sachez que tous les 20000 points une nouvelle vie vous est octroyée, ce qui pourrait bien vous motiver. Comme pour le mode retro, il est possible de continuer si toutes les vies sont perdues, ce qui vous coutera la moitié de votre score global. Là encore, impossibilité de sauvegarder et il faudra faire la totalité d'une seule traite. Ce mode Neo propose également quelques nouveaux bonus comme celui qui augmente la jauge de combo ou celui qui vous sauve une balle une unique fois. Ce qui est plus intéressant en revanche c'est qu'il est possible ici de cumuler plusieurs bonus. Essayez donc d'avoir la grosse balle, la balle multiple et la balle antimatière en même temps : massacre assurée. Dans ce mode, utiliser les gâchettes permet d'effectuer un dash pour une tentative de rattrapage au dernier moment. C'est utile mais demande un petit temps d'adaptation avant de maîtriser le mouvement. Ah oui, petit cadeau du jeu : les bonus sont conservés également entre les niveaux. Scoring oblige, le jeu propose un leaderboard crossplay avec les autres plateformes.

A plusieurs la fête est plus folle

Le mode retro a beau être plus joli et apporter plus de contenu, au final c'est surtout les modes Versus et Eternal Battle qui apportent une plus-value à ce titre. Le mode versus comme son nom l'indique permet de jouer en multi joueur local jusqu'à 4. Et si vous n'avez pas d'amis ou pas assez sous la main, vous avez la possibilité d'insérer des I.A à leur place. La règle est ici assez simple. Le premier joueur qui termine le tableau gagne un point. Le premier à 5 points gagne la partie. Vous pouvez perdre la balle autant que vous voulez, mais vous perdrez du temps. Attention, les I.A sont assez redoutables et vous donneront du fil à retordre. Le mode est intéressant, mais manque un peu de paramétrages et de règles optionnelles. Tout au plus vous pourrez choisir le nombre de points nécessaire pour gagner le match (de 3 à 7). Le Mode Eternal Battle pour sa part joue la carte du battle royal bien à la mode depuis quelques années. Une partie oppose 25 participants avec une suite de niveaux. Toutes les 20 secondes, le joueur qui dispose du moins de points est éliminé de la partie. Le jeu se poursuit de cette manière jusqu'à ce qu'il ne reste que quatre participants. Les heureux élus sont alors transportés dans un combat de boss jusqu'à ce que là encore il n'en reste plus qu'un. Le mode de jeu est très intéressant, mais il y a un problème. Malgré le crossplay multiplateformes, il n'y a juste aucun joueur en ligne. Avec de la chance, vous en croiserez un ou deux tout au mieux. Heureusement, si vous laissez la recherche se faire assez longtemps, la partie commence avec des I.A. C'est moins fun, mais au moins, ça permet de profiter du mode. Dommage du coup que le mode versus ne soit pas jouable en ligne, ça aurait pu permettre au moins de retrouver des amis plus simplement. A noter que selon votre classement dans le mode Eternal Battle, des points vous seront accordés pour augmenter votre rang. Rien de bien folichon en récompense cela dit, car il ne s'agit que de skins de fond d'écran.

Mon avis à moi

Arkanoid Eternal Battle est difficile à juger. Les sentiments à son égard oscillent entre l'émotion de revoir ce classique légendaire, le plaisir de voir de nouvelles choses, et la déception de voir qu'il aurait pu être tellement meilleur s'il était allé au bout de ses idées. Son manque de folie et d'ambition ne l'empêche toutefois pas d'être un titre agréable qui plaira aux afficionados du genre ou à ceux qui voulaient découvrir la franchise. 

A qui s'adresse Arkanoid Eternal Battle ?

- Aux amoureux du jeu d'origine

- A ceux qui ont des amis sous la main

- A ceux qui n'ont rien contre le fait de jouer contre des bots

A qui ne s'adresse pas Arkanoid Eternal Battle ?

- Aux allergiques des jeux d'arcade d'antan

- A ceux qui auraient voulu jouer en tactile ou en motion

- A ceux qui espéraient en prendre plein les mirettes

Johann Barnaud alias Kelanflyter