En mars 2010, les joueurs adeptes de jeux d'aventure sur consoles Nintendo sont en deuil. Cing, le studio responsable de jeux comme Another Code ou Hotel Dusk ferme ses portes. Heureusement, les personnes à l'origine de ces jeux ont pu trouver refuge chez d'autres studio, et la sortie d'Another Code ReCollection (que nous avions testé à l'époque) sur Switch début 2024 nous l'a prouvé. Nintendo a alors fait appel à Arc System Works pour ce travail, studio ayant adopté plusieurs anciens membres de Cing, dont Taisuke KANASAKI, artiste et réalisateur d'Another Code et de Hotel Dusk. Si nous en parlons aujourd'hui, c'est parce que cette équipe vient de sortir un tout nouveau titre en exclusivité sur Nintendo Switch 2 : Dear Me, I Was.

Mais qu'est-ce ?

Avant tout, commençons par mettre les choses au clair pour ne pas avoir d'attentes démesurées. Dear Me, I Was n'est pas un jeu en boite plein pot, c'est un jeu indépendant vendu au prix de 7.99€. Ce point est important pour souligner que le fait que Dear Me, I Was ne soit pas non plus un jeu long n'est pas vraiment un problème. En effet, le jeu se termine en 1 heure montre en main. Si les concepteurs d'Another Code et d'Hotel Dusk nous avaient habitués à parsemer leurs aventures d'énigmes complexes, de dialogues truculents et d'enquête minutieuse, sachez que Dear Me, I Was ne possède rien de tout cela. D'ailleurs, si le jeu est traduit dans plusieurs langues dont le français, ce n'est pas vraiment un exploit vu que ces textes se cantonnent au menu. En effet, l'intégralité de l'aventure est muette. Aucun texte si ce n'est parfois un nom d'enseigne graphiquement apposé sur un décor, aucun dialogue et pour seule voix une très belle chanson finale. L'ambiance sonore est cependant assurée par une musique de fond servant à appuyer l'émotion des images. Dear Me, I Was est un projet condensé qui cherche le minimalisme jusque dans les interactions. Ainsi, durant l'aventure, les seules actions du joueur sont de cliquer sur des éléments (soit à l'écran tactile en mode portable soit en bougeant un curseur au stick ou en mode souris), parfois de faire du glisser déposer et parfois encore de gratouiller un peu pour simuler une écriture. On aurait apprécié un peu plus d'interactivité, d'autant que ce jeu exclusif à la Nintendo Switch 2 aurait pu bénéficier de petits gimmicks justifiant l'exclusivité. En l'état le jeu aurait sans problème pu tourner sur la première Switch et lui aurait ouvert les portes à un plus grand public. Alors certes, le jeu utilise aussi le mode souris, mais en imposant l'utilisation du bouton A pour "cliquer" au lieu des boutons de tranche, la solution s'avère très peu pratique.

Une bonne journée commence toujours par un bon petit déjeuner

Dear Me, I Was structure sa narration en 9 chapitres précédés d'un court prologue et d'un épilogue. D'ailleurs à la manière d'un youtubeur avide de clicks : sa fin va vous étonner. Difficile de décortiquer l'histoire du jeu sans le divulgâcher de trop. Pour résumer, Dear Me, I Was raconte l'histoire d'une vieille femme japonaise, qui regarde via son journal les différentes étapes de sa vie passée. Chaque chapitre correspond à un moment fort de sa vie, que ce soit sa jeunesse, sa scolarité, sa vie de jeune active ou de retraitée. Chaque chapitre commence d'ailleurs par un petit déjeuner qu'on voit évoluer avec son avancement dans l'âge. La thématique de l'histoire se focalise sur la solitude et le vide que l'on ressent parfois, mais aussi sur les rencontres fortuites qui changent une vie.  Si vous êtes du genre à pleurer devant un trop plein d'émotion et une musique qui a tendance à venir chercher la larmichette, le jeu est clairement pour vous. Dans le cas contraire, il y a fort à parier que le jeu vous laisse perplexe de par sa proposition. Graphiquement, le jeu reste dans la continuité des œuvres précédentes de l'équipe avec du crayonné noir et blanc ou coloré, du pastel et des animations en rotoscoping (pour reprendre le therme utilisé par l'équipe du jeu). Artistiquement il n'y a rien à redire c'est un style qui a fait ses preuves. Une fois l'histoire terminée, le jeu propose bien une petite galerie de dessins à contempler, mais elle s'avère trop réduite pour qu'on n'y passe plus que 5 minutes. Un chapitrage permet également de relancer un chapitre en particulier.

Mon avis à moi

Dear Me, i Was est un jeu singulier. Plus proche d'un film d'animation vaguement interactif que d'un simple jeu, son intérêt réside surtout dans votre intérêt pour la thématique abordée, d'autant que l'aventure n'est que de courte durée. Reste qu'avec un prix abordable, il n'est pas folie que de vous laisser tenter si vous chercher un peu d'émotion dans ce monde de brutes.

A qui s'adresse Dear Me, I Was ?

- A ceux qui aiment les expériences narratives

- A ceux qui ne sont pas émotionnellement blindés

- A ceux qui aiment les styles graphiques uniques

A qui ne s'adresse pas Dear Me, I Was ?

- A ceux qui veulent des jeux longs

- A ceux qui veulent plus d'interactivité

- A ceux qui s'attendaient à une vraie aventure

test réalisé par Kelanflyter