gameblog.fr

S'il y a bien une mode qui s'est développée ces dix dernières années, c'est bien celle des Escape Room. Forcément, ça peut donner des idées au jeu vidéo qui tente depuis de reproduire expérience. Mais la plupart sont des jeux solitaires manquant cruellement de la dimension sociale si chères à nos salles physiques. C'est partant de ce constat que l'éditeur Just For Games et son studio lyonnais (plus précisément Vaudais) BreakFirst Games ont décidé de proposer How 2 Escape, une escape room vidéoludique nécessitant deux joueurs et une bonne communication entre eux. En amateur du genre, je me suis donc lancé dedans, coupant l'herbe sous le pied d'Izis qui s'y intéressait également.

Distribution des tâches

Emy n'est pas en veine aujourd'hui. Elle se réveille douloureusement dans un wagon de train. Mais il ne s'agit pas de n'importe quel train. Non seulement ce dernier semble avoir un lien avec son passé qu'on découvrira plus tard dans l'aventure, mais il a surtout été modifié par un psychopathe pour devenir une succession d'épreuves mortelles à passer une à une avant d'avoir la chance d'arrêter la marche du train une fois la locomotive atteinte. Evidemment tout serait bien trop simple si chaque wagon n'était doté d'un piège mortel qui la tuera à coup sûr si elle ne réussit pas l'épreuve dans le temps imparti. D'ailleurs, plus l'échéance se rapproche, plus la vision lui sera trouble, ce qui n'aidera bien évidemment pas ses affaires. Heureusement dans son malheur, son frère Johann est aussi impliqué et dispose d'informations susceptibles de lui permettre d'avancer. Non seulement il pourra l'aider, mais sa survie dépend entièrement de la bonne communication entre les deux. How 2 Escape n'est pas un jeu qu'on peut jouer à deux, mais qu'on doit jouer à deux. A l'instar d'un It Takes Two, n'espérez pas trop tenter l'aventure si vous n'avez pas de compagnon d'infortune sous la main. Il existe bien la possibilité de tricher en gérant seul les deux aspects, mais ce serait clairement tuer l'intérêt principal du jeu. Dans la pratique un joueur joue sur sa console (ou son PC) et l'autre l'assiste à distance avec son application compagnon gratuite (disponible sur iOS, Android et PC Steam). Encore une fois si rien ne l'interdit autre qu'une exigence du narrateur, veillez à ne pas regarder l'écran de l'autre : c'est pêché. Si vous avez déjà joué à Keep Talking And Nobody Explode, vous avez probablement une petite idée de comment ça se joue. On regrette toutefois que l'application compagnon n'est pas disponible directement dans le jeu, ce qui aurait permis de jouer en ligne avec ses amis possesseurs du jeu en utilisant le chat vocal. Qui plus est, un code "ami" pour télécharger une version gratuite du jeu comme dans A Way Out aurait pu ainsi permettre à chacun de tenter les deux expériences sans avoir un ami sous l amain.

Les sept wagons capitaux

Pour sortir vivante du train, Emy devra donc traverser 7 Wagons (plus le prologue) qui auront chaque fois une thématique. On commence par le salon, mais on traversera rapidement une cuisine, un bureau ou une machinerie. Chaque wagon avec sa thématique dispose de ses énigmes propres. Globalement, chaque wagon dispose de 3 énigmes à résoudre avant de pouvoir passer à la suite. Mais contrairement à la plupart des jeux, il est impossible d'avoir la bonne réponse sans son partenaire. En effet, à chaque partie, le résultat attendu sera différent parmi plusieurs. Il faudra donc identifier une situation, la décrire à son partenaire pour qu'il puisse de son côté vous aider avec son application. Parfois les énigmes sont à résoudre d'un côté, parfois de l'autre de telle sorte que les deux participent. Un papier et un crayon sous la main ne seront d'ailleurs pas superflus. Globalement, à part une ou deux énigmes un peu plus retorses ou moins bien intuitives, le jeu n'est pas très difficile. La difficulté sera très largement du côté de la communication. Décrire un objet aux formes étranges n'est pas si simple qu'on pourrait le croire. Vu que les énigmes ne sont pas toujours identiques, il est possible de rejouer au jeu, même si une fois qu'on a la méthode, tout est forcément plus simple. Mais c'est une bonne manière de faire les trophées manquants après la première partie (en particulier ceux de speedrun ou sans mourir).

Enfin Libres

Le plaisir intrinsèque des Escape Rooms réside dans la résolution d'énigmes et le fait de se libérer de l'oppression de l'enfermement. Dans How 2 Escape, il faudra grosso modo 7 heures pour arriver à cet aboutissement. Les énigmes n'ayant pas la complexité aléatoire de celles de Keep Talking And Nobody Explode, le manque de replay value peut être un frein au-delà de cette période. Outre cet aspect, le jeu dispose également de quelques défauts d'interface, que ce soit dans le train ou pour le compagnon. A titre d'exemple à certains moments, le joueur sur la console donne un code à quatre chiffres à celui sur mobile. Ce dernier devra le renseigner dans une zone appelée codex qui va ouvrir une "application" sur son smartphone virtuel. Le problème c'est qu'il faudra parfois basculer entre cette application et d'autres zones contenant des informations comme les mémos audios, et qu'il faudra chaque fois sortir de l'application en cours pour entrer dans l'autre. Un simple onglet aurait permis de gagner beaucoup de temps. D'ailleurs les audiologues peuvent être mis en pause, mais il est impossible d'aller directement à un certain passage. Si vous loupez le coche, il faudra alors les réécouter depuis le début. Pour le joueur sur la console, la manière de rentrer les codes de cadenas est aussi peu pratique. Au lieu de simplement choisir un emplacement avec gauche et droite et alterner les chiffres avec haut et bas par exemple, il faut viser un des emplacements, laisser appuyer sur le bouton d'action et faire un mouvement vers le haut ou le bas pour faire défiler. Graphiquement, le jeu n'est pas extraordinaire, mais ça à la limite on lui pardonne volontiers tant l'intérêt n'est pas là. Par contre on aurait aimé plus d'interaction avec les décors, avec en particulier plus de fausses pistes incitant à se creuser un peu plus la cervelle.

Mon avis à moi

How 2 Escape est une excellente expérience pour peu que vous ayez un partenaire sous la main et que vous arriviez à communiquer sans finir la soirée en vous tapant dessus. Alors oui l'expérience ne sera que de courte durée, mais elle a le mérite d'être assez unique dans ce paysage vidéoludique bien trop tourné vers le solo et le compétitif. Souhaitons maintenant au studio assez de budget pour faire une suite plus aboutie.

A qui s'adresse How 2 Escape ?

- A ceux qui aiment les escape rooms

- A ceux qui souhaitent communiquer

- A ceux qui aiment réfléchir

A qui ne s'adresse pas How 2 Escape ?

- A ceux qui sont isolés sans amis

- A ceux qui aiment pouvoir rejouer indéfiniment

- A ceux qui n'ont pas assez de neurones

Johann Barnaud alias Kelanflyter