Lorsque Shenmue sur Dreamcast a vécu un échec retentissant, entrainant avec lui sa console hôte, qui aurait cru que son héritier spirituel soit aujourd'hui la plus grande licence de son éditeur (Sega) ? On peut y voir une forme d'ironie, mais force est de constater que la série Yakuza - aujourd'hui renommée Like A Dragon, qui a démarré timidement en occident s'est imposée comme une grande Saga à tel point qu'elle a osé s'aventurer dans des directions parfois inédites (et une nomenclature digne des Wonderboy). Aujourd'hui, plus aucune limite pour Goro Majima qui délaisse le Japon pour une carrière de pirate des temps modernes dans un nouvel épisode haut en couleur : Like A Dragon : Pirate Yakuza in Hawaii.
Ah le batard le capitaine corsaire
Si on exclut les spinoff de la sous série Judgment, la série Yakuza ne s'embête que trop rarement d'un scénario compliqué. Preuve en est que cet épisode nous la joue classique du JRPG avec un héros amnésique ne se souvenant même pas de son nom. Echoué en mer, ce dernier est sauvé par un jeune garçon du nom de Noah qui va le sauver. De fil en aiguille, notre héro va lui promettre de lui faire quitter son île (au grand dam de son père) et va l'embarquer aux quatre coins de mers à la recherche d'un légendaire trésor à bord du navire des pirates de Goro. Et si le jeu joue à l'innocent en nous faisant croire que le bateau est nommé en l'honneur du tigre/chat de compagnie de Noah, la coïncidence fait que notre héro s'appelle en fait Goro Majima, chef du clan yakuza de la famille Tojo. Toute cette mascarade a un but : le faire quitter son Japon habituel pour le faire rejoindre Hawaii afin de changer d'air (et de coller au setting de l'épisode Like A Dragon Infinite Wealth). Bien entendu le scénario propose tout de même son lot de rebondissements plus ou moins inattendus. Si le jeu nous propose toujours une grande ville à explorer (Honolulu), il met un peu plus l'accent sur les petites îles et la mer. La ville n'est désormais plus qu'un morceau du jeu, même si ça reste un gros morceau rempli d'objectifs secondaires et de mini jeux comme la série nous a habitué. Désormais on va aussi voguer au gré des vagues en suivant si possible les courants marins pour jouter contre d'autres navires pirates à coups de canon, de mitrailleuse et de lance-roquettes. A contrario d'un Assassin's Creed Black Flag dont il s'inspire allégrement, le jeu reste ancré dans un monde moderne et en joue pour mettre en scène du fun de l'absurde et de l'inattendu, comme les créateurs ont l'habitude de nous servir. D'ailleurs une grande partie de l'aventure consistera à agrandir l'équipage du navire avec un panel de personnages aussi fous que notre héros et avec des raisons souvent farfelues de nous rejoindre. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'exploration n'est pas une composante très importante de ce titre. Les zones à explorer réellement sont très peu nombreuses, et le gros de vos balades se situeront à Honolulu et à Madlantis, un repaire de pirates. Les îles aux trésors sont indiquées sur la carte quand accessibles, et trouver le coffre consiste généralement à tuer tous les ennemis présents sur l'île. Il y a clairement ici un acte manqué.
Tant qu'il y a de la baston
Niveau gameplay, Like A Dragon : Pirate Yakuza In Hawaii (la vache il concours au titre de nom le plus long ou quoi ?) se veut résolument arcade. Les combats - qui constituent une part importante de l'aventure - délaissent le RPG des précédents épisodes pour revenir vers de l'action directe et ne se veulent pas réalistes pour un sou. Goro commence timidement au début, puis débloque à mesure qu'il dépense de l'argent et qu'il progresse dans l'histoire de nouvelles capacités parfois assez dingues. Les deux-3 bourre pifs du début laissent place à des dashs rapides comme Flash, du multiclonage à la Naruto, une brutality à la Mortal Kombat et propose même des invocations à la Final Fantasy. Le jeu permet de passer à la volée entre le style chien fou et le style loup de mer. Le premier se base avant tout sur le corps à corps, sur la rapidité et surtout sur l'utilisation d'objets du décor. Le second donne accès à l'équipement pirate (sabres, pistolet, grapin). Il est d'ailleurs amusant que le style par défaut au lancement des combats change selon si vous êtes en balade à Honolulu ou si vous êtes en mer. L'aspect arcade prend également le dessus des combats en mer. En gros vous disposez d'un type de canons par côté du bateau et d'une mitrailleuse à l'avant. Il y a un cooldown entre chaque salve de canon et la mitrailleuse peut s'enrayer temporairement si elle surchauffe. Le but étant bien évidement de vous inciter à bouger pour alterner les types d'attaques (tout en évitant au mieux celles des ennemis. Pour plus de mobilité, il est possible d'effectuer un boost pour foncer en avant, et tant mieux si ça percute en endommage un bateau ennemi au passage. Attention toutefois, vos équipements peuvent être hors service ou gelés si vous subissez des dommages. Il sera alors possible de lancer une réparation ou de quitter votre poste de commandement pour vous balader sur le bateau. A charge alors de soigner les membres d'équipage blessés, de prendre leur place ou mieux encore, de monter à la vigie et de canarder les navires ennemis à coup de lance-roquette. En plus du danger classique des adversaires, il faudra également parfois faire attention à l'environnement car la nature aussi est dangereuse. Tornades, éclairs ou tourbillons peuvent parfois venir épicer les bagarres (ou les balades). Puisqu'on parle des balades, chaque zone maritime propose son lot de phares qui servent à la fois de points de voyages rapides, mais aussi de zones sécurisées permettant de vous ravitailler, changer l'assignement de vos compagnons et aussi de renforcer votre équipement. L'exploration de base consiste généralement à suivre des voix tracées matérialisées par des cercles bleus qui permettent d'offrir un boost de vitesse. Toutefois les ennemis seront toujours placés le long de ces routes. A vous de voir si vous souhaitez en sortir pour les éviter et/ou pour trouver des objets précieux flottant à la surface.
Un peu de détente
Entre deux morceaux d'histoire, Goro a largement de quoi faire pour s'occuper. Like A Dragon : Pirate Yakuza In Hawaii propose un nombre assez incroyable de mini jeux et d'objectifs secondaires. Les adeptes du 100% en auront clairement pour leur argent. A noter qu'il est possible de platiner le jeu sans tout faire, les développeurs ont été sympas. Une bonne partie des mini jeux ont été repris des épisodes précédents, comme le Dragon Kart (clone de Mario Kart), le Crazy Delivery (simili Crazy Taxi) par exemple, mais même d'anciens mini jeux repris ont été affinés avec de nouvelles règles. Le Baseball en particulier a entièrement été refait à la sauce Pirate et est franchement sympas. Mais dans tous les cas ceux qui veulent passer du temps peuvent faire du billard, du practice de golf, du Mahjong, du Koi Koi, du Shogi et surtout passer un temps fou à jouer à des jeux vidéo dans un jeu vidéo. Que ce soit dans la salle d'arcade (Spikeout, Daytona USA 2, Fighting Vipers 2, Virtua Fighter 3, Virtua Fighter 3 TB et The Ocean Hunter sont disponibles) ou dans la planque à jouer à la Master System (15 jeux jouables dont quelques nouveaux venus comme Star Jacker, Poseidon Wars 3D et Space Harrier 3D), il y a toujours une occasion de faire une pause. Au passage une partie de ces jeux sont jouables à deux joueurs en local en passant par le menu principal. En plus des mini jeux classiques, il y a également pas mal d'objectifs comme de trouver et photographier une liste d'endroits, livrer des personnes recherchées à la police, se faire plein d'amis grâce aux réseaux sociaux et bien entendu faire un peu moins de 30 missions secondaires dont une propose des séquences live filmées assez étonnantes. Le jeu rattrape ainsi - peut-être un peu artificiellement - une histoire principale un peu courte. L'argument est recevable pour les nouveaux venus, mais les habitués de la série peuvent y voir de la redondance, surtout que la ville était déjà la même dans le précédent épisode (Infinite Wealth). Le côté corne d'abondance du jeu se retrouve également dans la bande son gigantesque dont une partie est constituée d'OST de gloires passées de l'éditeur. A chaque visite à la planque, on peut choisir jusqu'à 10 pistes parmi celles débloquées pour en faire une playlist qui se joue durant la partie. Idéal durant les longs trajets en mers. En parlant bande son, le jeu est en français (avec une traduction de très bonne qualité) et des voix en anglais ou japonais, au choix.
Mon avis à moi
Like A Dragon : Pirate Yakuza In Hawaii est un épisode un peu à part dans cette série tentaculaire. S'il garde bien assez d'aspects des précédents jeux pour justifier sa paternité (peut-être même trop), il sait proposer du neuf. La piraterie n'est ici pas qu'un simple skin, et l'histoire comme le gameplay sont au service de cette lubie de notre héros amnésique. L'histoire principale est courte, mais le jeu regorge jusqu'à plus soif de choses à faire pour ceux qui veulent y passer du temps et varier les plaisirs. On rigole de l'humour absurde, on s’amuse, parfois même on pleure, mais rarement on s'ennuie dans ce jeu.
A qui s'adresse Like A Dragon : Pirate Yakuza In Hawaii ?
- A ceux qui aiment faire pleins de choses différentes
- A ceux qui aiment la série Yakuza / Like A Dragon
- A ceux qui rêvent de devenir pirate
A qui ne s'adresse pas Like A Dragon : Pirate Yakuza In Hawaii ?
- A ceux qui aimeraient plus de nouveautés entre chaque épisode
- A ceux qui s'attendent à une simulation de bateau pirate
- A ceux qui s'attendent à explorer plein d'îles
Johann Barnaud alias Kelanflyter