Quand dans la vie j'explique à des gens que je teste des jeux vidéo, ils ont parfois les yeux qui brillent comme si c'était un travail évident. Pourtant il y a des situations parfois épineuses où il est compliqué de parler d'un jeu. Ce ne sont pas les mauvais jeux les plus compliqués, mais ceux pour lesquels nous ne sommes pas la cible. Très clairement je ne me sentirais jamais serein à l'idée de critiquer un jeu de football ou une simulation de conduite. Mais il y a une catégorie de jeux loin d'être évidente pour nous et pour cause : ils sont prévus pour les enfants. Difficile pour nous de nous mettre à leur place pour voir si le charme fonctionne. C'est pourquoi pour tester ce Miraculous : Paris Under Siege j'ai décidé de demander de l'aide à une autre personne : ma fille de 6 ans fan du dessin animé et dont le costume d'Halloween a été sans surprise en rouge orné de pois noirs. Et puis ce sera l'occasion de faire une session de jeu en coopération père fille, donc forcément elle est motivée.
Contexte : Le jeu a été testé dans sa version Switch essentiellement en mode deux joueurs à écran splitté. Joueur 1 : un papa gamer depuis plus de 30 ans qui a fait ses armes sur de l'Amstrad CPC. Joueur 2 une petite fille de 6 ans avec une expérience des jeux vidéo se résumant aux jeux Pat Patrouille, Moving Out 2 et Untitled Goose Game.
Tiki Transforme moi
Miraculous : Paris Under Siege est donc une adaptation sur nos consoles modernes des aventures des super héros français LadyBug et Chat Noir très appréciés des enfants. C'est l'éditeur Gamemill Entertainment qui est derrière après une première adaptation il y a quelques années (Miraculous : Rise Of The Sphinx). Cette fois-ci c'est le petit studio (Brésilien semble-t ‘il) Petit Fabrik qui est en charge de l'adaptation. L'histoire a été créé exprès pour le jeu même si elle reprend majoritairement des éléments de la série animée. Alors qu'une découverte vient d'être faite démontrant que les véritables origines de Paris proviennent de l'Egypte antique, un spectacle est organisé en cette occasion. Alors que Marinette (l'alter Ego de Ladybug dans le civil pour ceux qui ne suivent pas) s'apprête à livrer des cookies pour la fête, elle croise un drôle de personnage voler au-dessus de paris. Ni une ni deux, elle s'élance dans une ruelle pour se transformer en lady magique, lady du coeur et partir à sa poursuite. Sur le chemin elle croisera rapidement Chat Noir (étrangement nommé de son nom international Cat Noir ici) qui viendra lui prêter main forte. En chemin ils croiseront 4 autres de leurs alliés (Rena Rouge, Vesperia, Carapace et Vérité) qui proposeront de les aider mais ne donneront plus signe de vie avant un moment. Ce n'est qu'après un combat contre Climatika qui semble posséder des pouvoirs surpuissants que l'histoire commencera vraiment. Ladybug et Chat Noir devront alors sauver chacun de leurs amis précédemment cités en les affrontant chaque fois dans une version retransformée (Lady Wifi, Bulleur, Silence et Pirkell) par un Papillombre qui profite de la confusion pour ses propres plans. Dès l'introduction du jeu on est accueilli par la musique officielle du jeu, malheureusement en version instrumentale. On aurait vraiment apprécié la super version chantée, d'autant que l'intégralité des textes du jeu ont été doublés avec les doubleurs français officiels. C'est une chose très rare à souligner et montre une certaine envie de coller au matériau d'origine. L'échantillonnage des voix n'est pas terrible mais rien de très grave. On s'étonne plus de certains textes buggés qui ne correspondent pas aux doublages. Heureusement ce n'est pas trop fréquent. Petite remarque, il faudra avancer un tout petit peu dans l'histoire avant qu'un deuxième joueur ne puisse rejoindre la partie.
Bye bye petit papillon
Miraculous : Paris Under Siege est un jeu orienté plateforme et combat, avec une pointe d'exploration. Manette en main, on peut donc (double) sauter avec le bouton du bas, effectuer une esquive/un dash aérien avec le bouton de droite ou la gâchette droite, donner des coups simples avec le bouton de gauche et des coups forts avec le bouton du haut. Il est possible de maintenir les touches de coups pour effectuer une attaque spéciale (un balayage ou un salto envoyant les ennemis dans les airs). Plus tard dans le jeu, il est possible d'appeler un ami à l'aide avec la gâchette gauche et une direction du pavé directionnel en utilisant un peu de sa barre d'aide. Un joueur solitaire pourra à volonté passer d'un héros à l'autre en laissant appuyer sur la gâchette haute gauche, tandis que celle de droite est utilisée pour utiliser un distributeur de nourriture et obtenir un peu de vie. Si on ajoute le déplacement et la gestion de la caméra avec les sticks on obtient un jeu pas forcément évident pour les jeunes joueurs. Clairement ma fille (qui étrangement a décidé de prendre Chat Noir et de me laisser Ladybug) a eu beaucoup de mal à orienter la caméra et à se diriger avec précision au stick. Ceci dit elle a déjà fait des progrès à force de jouer donc c'est positif. Mais il faut très fréquemment que je pose ma manette pour l'aider à passer les passages de plateformes compliqués (d'autant qu'ils demandent souvent de combiner double saut et dash). En plus le jeu propose un système de zones à agripper avec son yoyo/bâton pour se balancer, ajoutant un peu de complexité. C'est bien pour les joueurs un peu plus aguerris, mais pour les plus jeunes ce n'était peut-être pas la peine de rendre ça si compliqué. A noter qu'il faudra rapidement apprendre à votre(vos) enfant(s) à partager la nourriture, car si un seul des personnages perd sa vie, c'est le retour au check point assuré (et parfois il est très loin). Il faut de plus faire attention, car même avec la vie au maximum votre personnage trop gourmand n'hésitera pas à manger le gâteau inutile qui aurait bien servi à votre compagnon. Pour rendre l'expérience plus compliquée, il faut bien se rendre à l'évidence que les cameras du jeu sont assez capricieuses, d'autant plus qu'en mode deux joueurs, l'écran splitté gauche/droite a tendance à bien rétrécir la zone de vue. Dans certains passages de plateforme en vue de côté imposée, on ne voit même pas les prochaines plateformes et on est obligé de tenter un saut de la foi.
La foire d'empoigne
Miraculous : Paris under Siege est un jeu qui tente clairement de faire les choses bien, en témoigne un level design plus inspiré qu'on pourrait le croire de premier abord. Chaque zone du jeu dipose de ses propres gimmicks pour apporter de la variété (qu'on ne retrouve clairement pas dans les ennemis à affronter). Par exemple, les niveaux du bulleur sont remplis de bulles de différentes couleurs dont les bleues nous font rebondir, le cimetière est rempli de bougies à allumer (seules ou en groupe) pour activer un mécanisme temporairement. Le dernier niveau est aussi notable avec ses plateformes géantes pivotantes. Le jeu est assez long, avec 6 niveaux de 3 stages ainsi que plusieurs arènes. Malheureusement, le studio n'a clairement pas les moyens de ses ambitions, et ça se voit en particulier sur la version Switch, particulièrement peu optimisée. Difficile de savoir ce qui est spécifique à la version Switch, mais du peu que j'ai pu voir des autres versions le jeu y est (un peu) plus joli et semble plus fluide. Mais sur Switch en tout cas c'est la foire à à peu près tous les types de bugs que vous pouvez imaginer. Problèmes de framerate, scripts qui ne se lancent pas, personnages qui passent à travers le décor et tombent dans le néant, musique qui s'arrête sans prévenir, collisions douteuses, points d'expérience désactivés, divers bugs d'affichages... Si vous en avez la possibilité, privilégiez clairement une autre version. Les bugs ne m'ont pas empêché de terminer le jeu, mais clairement l'expérience en a pâti. Heureusement lorsque ça semble ingérable, on peut via le menu recharger le dernier point de contrôle pour repartir sur de bonnes bases.
Mon avis à moi
Miraculous : Paris Under Siege est un jeu qui veut bien faire sans s'en donner les moyens. Clairement le jeu est destiné à des enfants moins regardants que les adultes sur la technique. Là où je n'ai vu qu'une foire aux bugs (à un point que ça en devient presque comique), ma fille s'est émerveillée à l'idée de pouvoir incarner Chat noir et de pouvoir me courir après, m'appelant à la rescousse pour la sauver des ennemis qui ne lui voulaient pas du bien et me remerciant d'un "Merci ma lady". Finalement n'est-ce pas là l'essentiel qu'on attends d'un jeu pour enfant ?
A qui s'adresse Miraculous : Paris Under Siege ?
- Aux fans du dessin animé
- A ceux qui veulent faire l'aventure en coopération avec leur enfant
- A ceux qui cherchent un jeu plus complexe que la Pat' Patrouille pour leur enfant
A qui ne s'adresse pas Miraculous : Paris under Siege ?
- A ceux qui ne supporte pas un jeu techniquement daté
- A ceux qui n'ont pas d'enfants
- A ceux qui ne savent pas gérer une caméra ou un environnement 3D
Johann Barnaud alias Kelanflyter