Les adaptations de grands jeux de stratégie sont une aubaine pour les studios de développement. En effet, ils n’ont pas besoin de s’encombrer de longues sessions de brainstorming sur le game design et peuvent se lancer directement dans le développement du jeu en s’intéressant principalement à l’interface et à l’intelligence artificielle. C’est pourquoi le jeu vidéo a déjà vu par le passé de nombreux jeux d’échecs plus ou moins réussis (je me souviens avec émotion de mes premières parties de Chess Master sur Gameboy). Sur WiiU, c’est Ripstone et le studio Voofoo qui se lancent dans la première simulation de jeu d‘échec sur la console, avec un titre ayant déjà fait ses armes sur consoles Playstation : Pure Chess. Allons donc décortiquer ce jeu pour voir ce qu’il a dans le ventre.

La pureté des échecs.

Que vous sachiez jouer ou non aux échecs, vous en connaissez probablement le principe. Comme dans la plupart des grands jeux de stratégie ancestraux le but est de dominer l’adversaire en déplaçant tour à tour des pièces sur un tablier de jeu (ici appeler échiquier).  Il est alors pratiquement évident que comme la quasi-totalité des adaptations vidéo-ludiques de ce sport cérébral, Pure Chess ne s’encombre pas d’une once de simili scénario. Voofoo studio nous livre ici une oeuvre viscérale allant droit à l’essentiel. Après un chargement relativement longuet et être invité à participer à un tutoriel plutôt bien conçu, le joueur est directement envoyé vers un menu principal proposant différent options. On y trouve alors l’inévitable partie rapide, en solitaire ou en ligne, un accès direct aux contenus téléchargeables de l’eShop, quelques modes bonus et une série d’options.

Le tutoriel précédemment cité permettra aux novices de rapidement connaitre l’ABC des échecs. Le début propose d’apprendre à manipuler le jeu, puis de connaître les différentes pièces et situations de victoire. La suite propose d’inculquer quelques stratégies de base bien utiles. Pour tout vous dire, votre serviteur avait beau savoir préalablement jouer aux échecs, il y a tout de même appris quelques détails bien intéressants. Si tout cela ne suffit pas, un petit détour vers les modes optionnels s’impose. On y trouve outre un mode tournoi (qui consiste en une succession d’adversaire de différents niveaux), mais aussi et surtout un mode intitulé « Mat en X » (remplacer X par un chiffre allant de un à cinq). Ce mode propose des situations pré-établies dans lesquelles le joueur devra – comme son nom l’indique – mettre l’adversaire mat en x coups. Pour rappel, on appelle mat la situation dans laquelle le roi adverse est obligé de bouger pour ne pas être mangé et qu’il ne dispose d’aucune case libre sauve (c'est-à-dire sur laquelle il ne peut être mangé au prochain tour) à proximité. Ce mode est un excellent moyen de se confronter réellement à des situations de jeu et d’apprendre à les déjouer.

Le coeur du jeu est donc le mode partie simple. Comme son nom l’indique il s’agit de pouvoir jouer tout simplement aux échecs. On y établie toutefois quelques paramètres pour choisir les conditions de jeu qui nous conviennent (temps limité ou non, possibilité d’annuler le dernier coup…). Après sélection du décor parmi 3 et du set de pièces (ainsi que la matière de ces pièces) la partie se lance. A noter que d’autres décors et sets sont proposés à la vente sur l’eShop pour un prix allant de 0.99 euros à 1.99 euros. La prise en main est rapide et intuitive permettant à n’importe quel joueur de se focaliser sur l’essentiel : la stratégie. Et croyez-moi il en faudra dans la mesure où même dans la difficulté la plus basse l’ordinateur pourra donner du fil à retordre. Rien d’insurmontable rassurez-vous, mais quelques sueurs froides sont à prévoir lorsque votre plan d’action pré-établi vole en éclat par un mouvement adverse totalement inattendu. Au moins, on n’est pas ménagé et on est forcé de réfléchir à la moindre action et à ses conséquences. Tant mieux c’est comme ça qu’on progresse. Que les aficionados se rassurent il est possible de monter la difficulté jusqu’au niveau 8. Malheureusement, je n’ai pas le niveau nécessaire de compétence en la matière pour en appréhender toute la subtilité ou pour même tenter de remporter la moindre partie.

Autre gros mode de jeu qui est aussi un des éléments différenciants du jeu : le mode en ligne. Attention : il s’agit ici de multijoueur asynchrone. Les habitués de Ruzzle ou autre Song Pop sur smartphone doivent bien en connaitre le principe : un joueur joue à son tour, puis attends sagement que l’adversaire en fasse autant sans avoir besoin de rester dans le jeu. Ce système dispose de quelques avantages, en particulier le fait que les données de jeux soient stockées en ligne et permettent facilement de jouer contre des adversaires disposant d’une autre plateforme de jeu. Pure Chess essuie donc les plates du multijoueur cross plateforme sur WiiU. Après un enregistrement sur les serveurs du jeu on peut facilement trouver des partenaires de jeu pour se lancer. Cette manière de procéder est particulièrement bien adaptée au format mobile en permettant aux joueurs de jouer quelques minutes par-ci par-là à leur rythme. Malheureusement cette architecture ne sied pas très bien au monde console et en particulier à la WiiU. Non seulement la consommation des jeux y est différente (on lance généralement des jeux pour des sessions plus longues), mais en plus la WiiU ne propose pas de système de notification permettant de savoir quand c’est à notre tour de jouer. Il faut donc lancer le jeu à l’aveugle pour vérifier l’état d’avancement de la partie ! Dommage... Cette option a le mérite d’exister mais ne remplacera pas un multijoueur plus conventionnel.

Mon avis à moi.

Didactique, Pure Chess est une excellente porte d’entrée vers le monde des échecs. Il n’en reste pas moins intéressant pour les habitués grâce à un éventail de niveaux de difficultés assez large et la possibilité de jouer en ligne contre de multiples adversaires de par le monde. Il est regrettable que cette dernière proposition ne soit pas assez poussée pour se révéler entièrement satisfaisante. Dans tous les cas, le studio VooFoo nous propose le tout dans un bien bel écrin. Dommage qu’il faille passer par les contenus téléchargeables pour obtenir les décors et modèles de pièces les plus exotiques mais dans l’absolu ce qui est livré de base avec le jeu est bien suffisant pour apporter des heures de réflexion à tout un chacun.

En conclusion, j’achète Pure Chess !

A qui s’adresse Pure Chess?

  • Aux accros des échecs
  • A ceux désirant apprendre les rudiments de la discipline
  • A ceux qui souhaitent trouver un adversaire à leur niveau
  • A ceux qui veulent dire à VooFoo : "On veut aussi Pure Pool sur WiiU !"

 A qui ne s’adresse pas Pure Chess?

  • A ceux qui n’aiment pas réfléchir
  • A ceux qui préfèrent les dames ou le Go
  • A ceux qui voulaient un vrai mode en ligne

Kelanflyter.