Développé presque seul par Stein Løtveit (Hildring Studio Inc.) - dont le carnet de création visible ici : https://youtu.be/Ds2I2XEzrDg?si=BXxRYSJme-pdWUW8 atteste d’un soin particulier accordé à l’ambiance — et publié par Noodlecake, déjà connus pour Superliminal, Yes, Your Grace et Art of Rally, Sacre Bleu se présente tel un vibrant hommage à l’esprit d’aventure.
Dans ce jeu de plateformes en 2D de profil, nous incarnons un mousquetaire injustement captif, capable de s’élancer dans les airs grâce à un prodigieux canon de vapeur fixé dans son dos. En appuyant sur la touche A, le temps suspend son vol : en mode bullet time, il nous est loisible de choisir la direction de notre propulsion. Relâchez, et notre héros jaillit dans la direction opposée, tel un bouchon de champagne échappant à sa bouteille ! Trois jets consécutifs sont permis, avant de devoir reprendre pied pour restaurer cette fantastique énergie.
L’objectif est clair : traverser les niveaux à la vitesse de l’éclair. Un chronomètre, impitoyable vigie, trône en permanence à l’écran, et les leaderboards mondiaux invitent au défi, au duel, à la conquête des records.
Mais la course n’est pas notre seul lot : notre mousquetaire sait aussi croiser le fer, tirer au pistolet, projeter des bombes, repousser les ennemis ou leur renvoyer leurs propres traits. À la fin de chaque niveau, une note est attribuée en fonction de la variété de vos assauts : il faut, noble règle, ne point se répéter. Les plus vaillants ouvriront des niveaux secrets, fruits d’une bravoure sans faille. S’ajoutent à cela des drapeaux cachés, récompensant les explorateurs audacieux.
Quant au récit, il se contente d’être un prétexte : mousquetaire de la Reine, vous êtes emprisonné sans procès dans les geôles de la Bastille. Libéré par une scientifique répondant au doux nom de Joséphine, votre quête sera de récupérer les éléments nécessaires à la construction d’un dirigeable et vous enfuir, par les airs, de ce funeste château.
Rapidement, je découvris que combattre les ennemis, si spectaculaire soit la rixe, nuisait à ma vitesse. Je choisis bien vite la voie des bonds hardis, des esquives héroïques, préférant filer au-dessus des assaillants plutôt que de croiser le fer. Seules de rares salles, closes par d’implacables grilles, m’imposèrent de vider les lieux de toute opposition.
Mais hélas, derrière ce panache affiché, Sacre Bleu trahit nombre de maladresses.
Sitôt un niveau sélectionné, un écran de conseils surgit pendant le chargement. Mais que diable ! Aucun retour en arrière n'est prévu : impossible d'annuler, de reculer d’un simple geste. Il faut, pour revenir au menu, lancer le niveau malgré soi, appuyer sur Start, choisir de revenir au hub, patienter encore un temps qui paraît bien long, puis appuyer de nouveau pour réapparaître en salle de sélection. Quelle gymnastique inutile !
Plus grave encore : je traversai parfois les éléments mobiles du décor comme un spectre sans substance. Mourir est fréquent, et l'on ressuscite généralement proche du lieu de la chute ; mais il m'arriva, en de rares mais pénibles occasions, de reparaître à une distance absurde, comme si quelque point de sauvegarde avait été omis.
Quant aux leaderboards, leur lecture m’en fut interdite au-delà de la première page.
Et quelle amertume, enfin, à la fin d’un niveau ! Point de triomphe, point de vibrante fanfare : le jeu nous renvoie sèchement à un écran noir, énumérant nos faits d’armes, nos découvertes et notre classement mondial. Un fondu enchaîné, une brève animation de victoire, eussent été bienvenus pour célébrer l’exploit.
L’aventure, tout aussi pétulante soit-elle, est brève : trois petites heures suffisent pour venir à bout des quinze niveaux et des quatre duels de boss. Certes, la recherche des drapeaux secrets, l’amélioration de ses temps et des notes de combat offrent une certaine rejouabilité, mais l'ensemble laisse un goût d'inachevé.
Par ailleurs, les mécaniques de combat, bien que solides, semblent détourner le jeu de sa vocation première : la vitesse pure, l'élan, l'ivresse du mouvement. J'aurais préféré voir les niveaux s’enchaîner dans un élan continu, sans passer par ce hub central qui casse le rythme.
Enfin, l’ensemble souffre d’un manque criant de finition, qu'on espère voir corrigé par de futurs patchs. Car Sacre Bleu n'est pas sans qualités : son décor est charmant, son idée de mousquetaire volant est délicieuse. C’est un vrai défi de plateforme, demandant réflexion, adresse et mémoire. Mais sous son éclat de nouveauté, il dissimule des faiblesses qui ternissent son panache.
Une belle idée, certes, mais encore trop brute pour briller tout à fait.
Jeu joué sur Switch fin Avril 2025, v.1.0.4
Test par jenesuispasunrobot, retouché avec chatgpt pour une forme plus Dumasnesque.