Pour beaucoup de joueurs, les meilleurs jeux de la NES sont ceux édités par Nintendo. Pour ma part c'est grâce aux éditeurs tiers que j'ai le plus trouvé mon bonheur. Parmi les pépites de la console, un jeu en particulier m'avait tapé dans l'oeil : Blue Shadow. Ce jeu assez méconnu en Europe l'est beaucoup plus dans d'autres pays sous d'autres noms. C'est le cas aux USA où le jeu s'appelle Shadow Of The Ninja. Si je vous parle de ce jeu c'est pour une raison simple : le nouveau jeu de NatsumeAtari et IninGames et développé par le studio Tengo Project est un remake total de ce jeu. Tengo Project semble n'est pas étranger à l'exercice vu que le studio a déjà oeuvré dans des remakes d'anciens jeux Natsume comme Wild Gun Reloaded, Pocky & Rocky Reshrined et The Ninja Saviors Returns Of The Warriors. Pour l'exercice, ils se sont même rapprochés du designer, de l'illustrateur et du musicien du titre d'origine. Voilà qui promets donc.
A la recherche de l'ombre bleue
Avant toute chose, profitons de ce test pour dissiper un éventuel malentendu. La préquelle de Blue Shadow sur Gameboy a été éditée par Tecmo qui en a profité pour l'affilier à sa série Ninja Gaiden. Ninja Gaiden Shadow (de son petit nom) est donc à la fois un préquel à Blue Shadow et à Ninja Gaiden. Mais les jeux n'ont rien en commun si ce n'est le fait d'y incarner un Ninja. L'action de Blue Shadow se situe dans un contexte futuriste en 2029 (plus si futuriste que ça aujourd'hui). On y incarne un des deux Ninja : Hayate ou Kaede. Si on met de côté leur couleur, il n'y a pas de franche différence entre les deux. Kaeda était surtout présente à la base pour le deuxième joueur qui venait coopérer. En effet le jeu était jouable à deux en simultané, chose assez rare à l'époque. Rassurez-vous c'est toujours le cas, même si malheureusement ce n'est possible qu'en local, le jeu ne proposant pour fonctionnalité en ligne que des classements de score. Pour ceux qui n'auraient pas joué à l'original, tâchons de rappeler un peu les bases. Le jeu se présente comme un jeu de plateforme en vue de côté avec un aspect combat prononcé. S'il est possible d'utiliser sporadiquement des armes à distance, l'essentiel se fait à courte distance à coup de katana devant soi. Le jeu se déroule sur 6 niveaux découpés en plusieurs stages et se termine classiquement par un boss. A ce niveau-là, le remake est très fidèle au jeu d'origine et en garde tous ces traits. C'est sur d'autres aspects qu'il se démarque.
Un peu de neuf dans du vieux
Shadow Of The Ninja Reborn Mise une grandd part de son effort dans une refonte totale des graphismes. Très clairement le style pixel art 8 bit n'est plus au goût du jour. A la place, on retrouve un style moderne qui flatte très souvent la rétine avec certains effets assez sublimes. Ça pète de partout, la musique déboite, les effets sonores sont modernes et si on ne savait pas qu'il s'agissait d'un remake d'un jeu 8 bits on aurait du mal à l'imaginer. Il faut dire que même les fans d'origine pourront se montrer perdu dans la mesure où si certains passages restent présents, le level design a été très largement revu. On regrettera par ailleurs une caméra bien trop proche de l'action, ce qui laisse peu de possibilité pour anticiper les aléas. Il en résulte un assez fort principe de Die & Retry, d'autant plus que le jeu est très loin d'être facile. Les deux premiers niveaux ça va, mais par la suite il va falloir s'accrocher sévère. Pour survivre aux dangers, l'apprentissage est primordial pour une bonne raison : la maniabilité n'est pas toujours optimale et anticiper est donc toujours une meilleure solution que de réagir. A titre d'exemple, ce remake propose de multiples bonus à récupérer et qui vont se stocker dans l'inventaire. Sauf qu'au lieu d'avoir un bouton dédié à l'utilisation, il faut appuyer sur un bouton pour switcher entre l'arme et l'objet, puis utiliser le bouton d'attaque pour s'en servir. La navigation dans l'inventaire est également étrangement laborieuse. Plutôt que de simplement changer avec des boutons de tranche, il faut laisser appuyer sur le bouton de switch et utiliser la croix vers la gauche et la droite autant de fois que nécessaire. En plein combat c'est juste impensable, d'où l'intérêt de bien connaitre pour savoir quand changer, d'autant que les usages sont limités et mieux vaut ne pas gaspiller. La manière dont on grimpe aux murs est aussi assez particulière et peu instinctive lorsqu'il s'agit de remonter sur le haut de la plateforme. Plus globalement, la maniabilité est pataude et lourde, loin de l'instinctivité et de la réactivité du jeu d'origine. On finit par s'y faire, mais on peste régulièrement quand on se tape un game over à cause de ça.
Et avec ça ?
D'autres ajouts ont été fait dans le gameplay du jeu. Par exemple, en plus de l'attaque de katana de base à courte portée, on peut également attaquer à moyenne distance avec une sorte de grappin qui se lance dans les 8 directions principales (et qui ne sert pas à s'accrocher aux plateformes malheureusement). Cette arme existait dans le jeu d'origine, mais ne pouvait être transportée en même temps que l'arme de base et servait de remplacement. Un bonus permet également de donner une allonge à mi-distance pour les attaques au katana, mais qui ne dure que tant que vous ne perdez pas un certain nombre de points de vie. Autre ajout appréciable : une touche permet d'effectuer un dash en avant ou en arrière (uniquement au sol). Trois autres mouvements ont été ajoutés à la panoplie. Le premier consiste à concentrer l'énergie pour une attaque dévastatrice (méga bombe) au détriment de quelques points de vie. Le second ajout consiste en une attaque vers le bas à l'atterrissage, qui peut se maintenir pour survoler (sur place uniquement) le sol à distance d'homme. Cette technique n'est pas très instinctive et seuls les plus experts s'en serviront. Par contre le dernier mouvement est très utile car il permet de tourbillonner en l'air pour augmenter la distance parcourue lors d'un saut. Pensez-y pour atteindre des endroits qui semblent impossible d'accès. Niveau structure, le jeu sauvegarde à chaque niveau, mais pas à chaque stage. Attention si vous quittez la partie ou le jeu, vous reprendrez depuis le début du niveau. Le jeu est difficile, mais pas totalement impitoyable. En mode de difficulté normal, à force de perdre, le jeu vous octroie des bonus pour vous aider (des items de pouvoir et de vie principalement). Par contre le mode de difficulté normal est pour les vrais guerriers. Non seulement ce principe n'existe plus, mais les niveaux seront remplis de plus d'ennemis qui en plus possèdent des patterns plus évolués et dangereux. A force de jouer et de terminer des niveaux, vous récupérez de l'argent qui permet de commencer une prochaine partie avec des items achetés. Toutefois il faudra d'abord déverrouiller les objets en terminant un niveau avec l'objet en votre possession (et donc sans l'utiliser ni mourir).
Mon avis à moi
Shadow Of The Ninja Reborn est dans la droite lignée des autres remakes du studio : un jeu difficile qui demande du doigté et de l'investissement. S'il reprend en effet dans les grandes lignes le jeu d'origine, il s'en éloigne fortement dans l'esprit et dans le level design. Cela peut frustrer les amoureux du jeu d'origine, mais au moins on ne peut pas taxer les développeurs de feignasses. Ils livrent ainsi un jeu moderne dans l'ère du temps. La question est surtout de savoir si vous aurez le niveau nécessaire pour vraiment profiter du titre.
A qui s'adresse Shadow Of The Ninja Reborn ?
- Aux joueurs persévérants
- Aux amoureux du jeu de 1990
- Aux adeptes de plateforme action
A qui ne s'adresse pas Shadow Of The Ninja Reborn ?
- A ceux qui n'aiment pas apprendre les niveaux par coeur
- A ceux qui aiment les jeux faciles
- A ceux qui ne jouent à plusieurs qu'en ligne
Johann Barnaud alias Kelanflyter