Vous vous trouvez sur un sentier dans les bois. Un châlet se dresse au bout de ce sentier. Et une princesse se tient dans le sous-sol de ce chalet. Vous êtes ici pour l’occire. Si vous ne le faites pas, la fin du monde est inévitable.
C’est sur ces mots que s’ouvre Slay the princess, le visual novel développé par Black Tabby Games et édité par Serenity Forge, qui est une oeuvre marquante de 2023 et qui nous revient cette année sur switch dans son édition The Pristine Cut, avec plus de contenu, de choix et d’embranchements par rapport à l’édition originale. Plus d’occasions de se voir raconter une histoire que seul le jeu vidéo peut nous raconter, dans sa forme comme dans son fond. Une histoire pleine de drames, de morts, d’horreurs, de combats, de blessures. Et malgré tout cela, une très belle histoire d’amour, dont je me souviendrai longtemps.
Note : Jeu testé sur switch avec un code fourni par l’éditeur Serenity Forge. Slay the Princess - The pristine Cut est disponible sur Nintendo Switch au prix de 17,99€ en dématérialisé. Le jeu est doublé en anglais, mais avec des sous-titre français de bonne qualité. Si vous êtes un amateur de jeu physique, notez que Tesura Games édite une version physique de ce jeu en Europe en deux éditions, standard et spéciale, sur Nintendo Switch et sur Playstation 5.
Mais bon tout ça c’est bien joli, mais il faut tuer cette princesse ? Vous avez des scrupules ? Mais pourquoi ? Ce n’est qu’une princesse et elle va causer la fin du monde si on ne la tue pas. Je dirais que votre acte pourrait difficilement être plus bénéfique. Vous hésitez ? Libre à vous, mais il faudra quand même la tuer à un moment ou à un autre. Non, personne d’autre ne peut le faire, il faut que ça soit vous. Et oui ça explique très bien pourquoi on a pu l’enfermer, mais sans la tuer. Comment ça je vous cache des choses ? Comment ça ça ne tient pas la route ? Écoutez, moi je ne suis qu’un narrateur placé ici pour vous indiquer la marche à suivre. Si je ne vous dit pas tout c’est juste pour éviter de vous déranger avec des infos inutiles.
Voilà c’est bien. Entrez dans la cabane. Vous trouverez votre arme. N'oubliez pas de la prendre, ce serait bête de descendre les mains vides. Par contre attention, elle n’hésitera pas à mentir ou à tricher, et elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour vous empêcher de la tuer. Ne croyez pas un mot de ce qu’elle dit. Vous entrez, vous la tuez, fin de l’histoire. Ce n’est qu’une princesse, et vous êtes un guerrier chevronné. Tant que vous n’hésitez pas, rien ne peut mal aller.

Slay the princess est une histoire à choix, avec un grand nombre d’embranchements. Le nombre d’options de dialogues est le plus grand que je n’ai jamais vu. Et la plupart de ces options sont des choix qui peuvent vous mener vers un dénouement différent. Presque tout ce qu’il est possible de faire a été pris en compte. Vous pouvez vous détourner du chalet d’entrée de jeu, descendre sans arme, discuter, attaquer, attaquer mais après avoir tenté de discuter. Et une fois la conclusion atteinte en 10 minutes, une nouvelle histoire se lance, prenant en compte vos choix de la précédente.
Et la princesse évolue, et vous aussi. Au début de la partie vous avez une voix dans votre tête, la voix du héros, qui commente et tente de vous influencer. Au fur et à mesure de vos choix d’autres voix s’ajouteront, créant autant de points de vues différents, qui débattront et tomberont d’accord (ou pas). Par contre il faut aimer lire, à la fois car c’est un jeu très bavard, mais aussi car les animations sont très sommaires et tout passe par le texte et des images fixes, comme dans n’importe quel visual novel.
Mais tout doit avoir une fin, et votre histoire finira assez vite, après environ 30 minutes. Une conclusion arrivera, qui vous encouragera clairement à recommencer un cycle. C’est d’ailleurs tellement nécessaire pour réellement profiter de l’expérience que le jeu ne vous demande même pas votre avis et relance le début de l’histoire sans transition. Et si votre nouveau cycle ne fait pas référence au précédent, vous comprendrez assez vite que les cycles sont quand même liés entre eux, même si les liens sont plus subtiles que dans ces cycles en eux mêmes. Je n’en dirai pas plus, car je ne vois pas comment donner plus de détails sans gâcher votre expérience. Par contre au cas où ce ne serait pas clair : si vous aimez une écriture vidéoludique ciselée aux petits oignons, jetez vous sur le titre. On alterne entre le rire, le glauque, le touchant et l’effrayant avec un rythme et un dosage parfait. Vous ne le regretterez pas.

En plus la durée de vie est assez juste : 3 heures pour réellement finir le jeu ça peut sembler court, sauf que le jeu ouvrira une galerie des souvenirs (ajout bienvenu de cette version The Pristine cut), qui débloquera toutes les images des scènes que vous avez vu, et qui montrera toutes les autres possibilités à côté desquelles vous êtes passé, en donnant pour chacune d’entre elle un indice sur la façon d’y arriver. Et c’est là que le jeu relance son intérêt. Si vous voulez tout débloquer et voir les très nombreuses façons de gérer votre “relation” avec la princesse, il vous faudra du temps, environ 15 heures. 15 heures de pur bonheur à profiter de l’écriture et à se rendre compte que les possibilités sont juste énormes, à s’attacher à cette princesse qui nous fait vivre l’enfer et qui vit l’enfer en même temps, à s’amuser de toutes ces voix dans notre tête et de ce narrateur, qui ont toujours une remarque inattendue ou un bon mot à s’envoyer à la face.
Et tant pis si la direction artistique n’est vraiment pas très belle au premier abord. Pour ma part je l’ai trouvée vraiment quelconque, pour au final m’y attacher. C’est dingue à dire, mais ce côté “mal dessiné en noir et blanc” rend à la perfection avec l’histoire qui est racontée : les moments gores et malsains sont beaucoup plus marquants et dérangeants, et les moments touchants ont des visuels qui font sourire pour de bonnes raisons. Même la musique, bien que très discrète, remplit sa fonction à merveille. A chaque partie le thème principal me restait en tête.
Sinon parlons des options de confort classique : historique des dialogues disponible à tout moment, ajustement de quelques effets visuels, possibilité de passer les scènes déjà faites, de changer la langue des sous-titres, ajustement des volumes sonores et vitesse de défilement du texte. Du grand classique, mais on n’a pas besoin de plus, et de toute façon les réglages par défaut sont très bons.

Slay the Princess me faisait de l'œil depuis un moment, moi qui adore lire, et qui aime encore plus quand un jeu vidéo utilise ses propres codes pour nous raconter une histoire impossible à reproduire ailleurs. Cette version The Pristine Cut, avec ses ajouts scénaristiques et sa galerie de souvenirs est vraiment celle à prendre aujourd’hui si vous êtes intéressé. N’hésitez pas, foncez ! Pour 18€ vous vivrez un moment unique. Une histoire de plus en plus poignante, avec ses drames, sa violence, son horreur, mais aussi une certaine beauté macabre et une certaine tendresse pour cette princesse qui vous touchera bien plus profondément que vous ne le croirez au premier abord. Et n’oubliez pas : ce jeu est avant tout une histoire d’amour.
Vous aimerez ce jeu si :
- Vous aimez les histoires bien écrites et prenantes
- Vous aimez les histoires à choix multiples, à la façon d’un Stanley Parable
- Vous êtes prêts à recommencer encore et encore la même histoire pour découvrir toutes les possibilités cachées
Vous n’aimerez pas ce jeu si :
- Lire et choisir vos réponse, c’est trop léger pour vous niveau gameplay
- Vous êtes monarchiste
Test réalisé par Luciole