Dans les années 2000, la fin de l'été était souvent marquée par un événement qui enchantait les petits comme les grands : la nouvelle comédie musicale de la rentrée, pardi ! Après un prototype « Chorus » annoncé en 2019 et une campagne de financement participatif, Summerfall Studios et Humble Games ont coupé l'herbe sous le pied aux Luc Plamondon amateurs en sortant, le 10 août 2023, leur tragédie grecque du visual novel : Stray Gods : The Roleplaying Musical.

Le monde qui est le mien

Stray Gods est un conte mêlant notre modernité à l'antiquité des dieux. Prenons une ville américaine lambda du XXIe siècle, ajoutons quelques figures de la mythologie grecque, saupoudrons d’un peu de magie et de musique et nous voilà plongés dans l’univers de Stray Gods. Nous suivons Grace, une jeune femme ayant fraîchement lâché ses études et qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Nous la retrouvons faisant passer des auditions pour son groupe de rock. A cette occasion, elle fait la connaissance de Calliope avec qui l’alchimie est aussi immédiate qu’éphémère. En effet, à peine revenue à son appartement, la jeune muse rend son dernier souffle dans les bras de Grace en prenant soin de lui transmettre son âme au passage. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Grace est accusée du meurtre et est embarquée dans l’Olympe… qui n’est autre qu’un building de cinquante étages. Le Chœur, une sorte de conseil des 4 composé de Perséphone, Aphrodite, Apollon et présidé par Athéna, accorde à Grace le délai d’une semaine pour prouver son innocence. Nous voilà embarqués dans une enquête divine.

Il me reste un espoir

Stray Gods est un jeu de rôle au sens stricte. Pas d’arbre de compétences ou de gain d’expérience, nous jouons un rôle, celui de Grace. Le jeu nous demande une seule chose concernant l’héroïne, choisir son trait de caractère : charmante, badass, intelligente. Ce choix nous ouvre des lignes de dialogue supplémentaires lors des échanges mais n’a malheureusement pas d’incidence notable sur le cours des événements. Ayez l’esprit vif, car vos choix peuvent être limités par le temps ce qui peut entraîner des problèmes de compréhension, il faut prendre ses décisions rapidement. Bien que le jeu contienne des sous-titres en français, il demeure des soucis de localisation, certaines phrases ne sont tout simplement pas traduites ce qui peut s’avérer gênant. Stray Gods reste un visual novel. Tout au long du jeu, nous menons l’enquête avec Grace. Nous interrogeons les protagonistes pour les connaître, les confronter, les cuisiner. De ces échanges naîtront amitié, animosité ou sentiment amoureux. De ces échanges émaneront des choix, des chemins différents et des conclusions différentes. Néanmoins, tout cela reste en surface. La plupart des échanges nous abreuve de lore mais sans aller en profondeur.

Derrière le jeu, nous retrouvons David Gaider (cofondateur du studio), concepteur narratif de la série Dragon Age (Bioware). Il nous livre une galerie de personnages attachants à leur façon, ayant tous un passif tragico-grec, que ce soit un Apollon torturé au look de surfeur, une Perséphone punky à la tété d’une discothèque underground ou encore un Hermès livreur Deliveroo. Des mythes revisités et un récit qui pique la curiosité mais on aimerait en avoir plus ! Visuellement, le titre est propre. Une direction artistique soignée, très inspirée par les comics. Chaque personnage a sa propre identité et les décors sont inspirés. Toutefois la versions Switch souffre d’un flou permanent, on s’habitue mais c’est agaçant, il aurait pu être parfait sur ce point. Il nous faut quelques heures pour en venir à bout, la re-jouabilité est correcte et les conversations peuvent être sautées si l’envie est pressante.

Le Gospel Pur

Stray Gods est une comédie musicale. Précédemment, nous évoquions les choix narratifs, sachez que ces derniers se font en chanson. C’est ici que réside la force du titre. Lors de ses envolées lyriques, chaque choix de Grace fait avancer le récit changeant paroles et rythme des chansons. Les variations sont axées sur trois voies, que l’on peut suivre ou non. La quantité de variations donne un nombre conséquent, près de 90 titres composent l’OST. Le casting derrière ces nombreux morceaux est XXL. Laura Bailey, Troy Baker, Mary Elizabeth McGlynn et tous les autres font un travail excellent. Bien qu’ils ne soient pas des chanteurs professionnels, ils sont très bien dirigés et délivrent des prestations marquantes. N’oublions pas le compositeur Austin Wintory (Journey, FlOw, Assassin’s Creed Syndicate) qui fait un travail remarquable. Mais, car il y a toujours un mais, le titre souffre d’un déséquilibre, hors chanson, le volume audio est différent entre les lignes de dialogue, ce qui nuit à l’immersion.

Jamais, je n’avouerai

Je dois avouer que mon avis est totalement biaisé. Le papa de Dragon Age et la mythologie grecque c’est le combo parfait. Ajoutez la vibe comédie musicale, il aura une bonne place dans mon top cette année. Ce n’est pas un jeu dénué de défauts mais ses qualités peuvent éclipser le reste, on se laisse porter par le flow et l’univers. J’ai une préférence pour la version bleu, l’effet premier run. Donnez moi Challenging a Queen en intraveineuse ! A mon plus grand bonheur auditif, l’intégralité des chansons est disponible sur les plateformes de streaming musical.

A qui s’adresse Stray Gods ?

- A ceux qui aiment les comédies musicales

- A ceux qui aiment les visual novels

 

A qui ne s’adresse pas Sray Gods ?

- A ceux qui aiment les jeux silencieux

- A ceux qui n’aiment pas les Grecs

- A ceux qui aiment une totale implication de leur choix dans un récit