Si l'éditeur Technos n'existe plus en tant que tel aujourd'hui c'est un éditeur qui a été assez prolifique dans les années 80-90 avant de rendre l'âme en 1996. Son âme a toutefois continué à exister tout d'abord via la société Million, puis dès 2015 via l'éditeur Arc System Works - plus connu pour ses Guilty Gear - qui détient aujourd'hui l'ensemble des droits de Technos. Après avoir sortis une compilation évidente de la saga Double Dragon et capitalisé sur la saga Kunio Kun (River City Ransom), voilà que l'éditeur nous propose une nouvelle compilation - sobrement appellée Super Technos World : River City & Technos Arcade Classics - comprenant des titres moins connus de cette licences, accompagnés de jeux d'arcades tout aussi méconnus. Nous, on a le goût du risque chez DTU alors on s'y est frotté pour vous en parler.
Il faut compiler
Super Technos World : River City & Technos Arcade Classics propose donc un assortiment de 12 jeux, dont certains n'étaient encore jamais sorti du Japon, et certains n'avaient jamais été traduits. On retrouve 7 jeux Super Famicom, 4 jeux d'Arcade et un jeu NeoGeo. Pour une fois on échappe aux jeux NES pour se concentrer sur une période moins connue de l'éditeur. Pour chacun de ces jeux, on peut choisir la version de la rom Américaine ou Japonaise. Chaque jeu dispose de ses propres sauvegardes de save states (4 slots) et d'une configuration des commandes et d'options de son/affichage classiques. Plus intéressant, les jeux sont tous accompagnés d'un laïus de présentation et d'une notice numérique indiquant les commandes. Si ces notices sont un vrai plus, cela ne suffit clairement pas pour certains jeux complexes dont on a du mal à comprendre les rouages. De plus toute l'interface (et donc les notices) est en anglais, avis aux anglophones. Pour les jeux d'arcade, il est aussi possible de rentrer au lancement en mode "Dip Switch" pour configurer la rom. Soyez rassurés, les roms sont par défaut dans le mode le plus facile, et c'est encore heureux tant cette difficulté est déjà un défi. En dehors des jeux en eux même, l'interface propose un vaste choix d'avatars et de noms à se composer soi-même à partir d'étiquettes (à débloquer en relevant certains défis). Cette option est bien évidemment utile lors du jeu en ligne, car oui, il est possible de jouer autant en multijoueur local qu'en ligne, ce qui est assez rare pour être souligné dans ce type de compilations retro. Bon en revanche nous n'avons pas pu tester ce mode faute de joueurs et de serveurs en ligne avant la sortie. Niveau jeux, on va les séparer en trois catégories : Les très bien, les moyens et les pas top.
Ça commence bien
On commence avec un jeu qui n'était pas une surprise pour moi car je l'adorais déjà sur Neogeo : Super Dodge Ball. Il s'agit clairement du meilleur jeu de cette compilation, d'autant qu'il a été légèrement retravaillé pour l'occasion. Il s'agit comme son nom l'indique d'un jeu de ballon au prisonnier, et c'est le dernier épisode de la série (il s'agit également du dernier jeu édité par Technos). Au moins l'éditeur est parti en fanfare avec un titre ultra coloré et dynamique. Il s'agit de combats à 3 contre 3 avec des coups spéciaux à faire pâlir Ben Stiller de jalousie. C'est arcade c'est fun et on y revient volontiers. On continue avec un autre jeu d'arcade : The Combatribes. Le jeu se passe dans un univers où des gangs ont la main mise sur la ville. 3 surhommes arrivent pour éradiquer la menace : vous. Le jeu se joue jusqu'à 3 joueurs et propose de la castagne dans la lignée des autres jeux Technos. Toutefois le gameplay évolue un peu en proposant quelques nouveautés comme la possibilité de frapper un ennemi à terre, de vous assoir sur lui pour vous amuser un peu ou de le prendre par les pieds pour l'envoyer bouler sur ses amis. Et si vous êtes entourés, n'hésitez pas comme dans Batman Returns de Konami à prendre un ennemi à chaque bras pour les cogner fort l'un contre l'autre. Le jeu n'est pour une fois pas aérien et reste encré sur le sol. Chacun des 3 personnages possède un coup spécial, mais en tant que joueur 1 vous n'aurez pas le choix du héros, les autres sont réservés aux joueurs 2 et 3. Le jeu est très difficile et heureusement les continus infinis sont là pour vous aider à le terminer. Autre très bonne pioche dans cette compilation : Shadow Force est lui aussi un beat'em up à l'ancienne qui reprend les bases du gameplay habituel de l'éditeur. Il propose d'incarner des cyborgs ninjas, dernière chance de survie de l'humanité. Ce n'est pas très original, toutefois le jeu possède des éléments bien à lui qui lui apportent une vraie identité. Tout d'abord il est possible de choisir l'ordre dans lequel on va parcourir les 3 premiers niveaux du jeu. D'un point de vue gameplay pur, le jeu propose des coups spéciaux à la Street Fighter propres à chacun des 4 personnage, une possibilité de se protéger des coups ennemis en appuyant vers l'arrière au bon moment (technique souvent vitale pour progresser), et la possibilité d'appuyer en haut ou en bas pour diriger ses coups vers le haut ou dans les jambes. Plus original encore, le jeu permet de posséder des ennemis et d'en prendre le contrôle. Attention toutefois si cet ennemi meurt, c'est vous qui mourrez. Il faut alors savoir quand se séparer de cette coquille pour reprendre le combat par soi-même. Le jeu est assez difficile et gourmand en crédits, mais vu qu’ils sont infinis ça ne pose pas trop de problèmes.
Biens mais pas tops
Dans la catégorie des jeux sympas mais sans plus, on va également parler de l'autre jeu de DodgeBall, sorti sur Super Famicom : Kunio's Dodgeball Time,C'mon Guys! Contrairement aux autres épisodes de la série, celui-ci laisse de côté l'aspect arcade pour ajouter une grosse dose de gestion. Le jeu gagne très largement en profondeur en proposant de gérer une équipe (voir plusieurs) de 10 personnages, de les faire progresser de match en match, de gérer la formation, leurs coups spéciaux ou les stratégies. Sur le papier c'est alléchant, mais malheureusement dans la pratique le jeu manque de lisibilité, et la faiblesse de la notice explicative n'aide pas à maîtriser les subtilités. En plus les premiers matchs vont être très éprouvants vu que vous commencez bien plus faibles que vos adversaires. Vous perdrez probablement tous vos matchs en économisant un peu d'argent nécessaire à monter un peu en puissance. Bref il y a de bonnes idées mais on perd en fun immédiat. River City Renegade, pourtant tête d'affiche de cette compilation est aussi un jeu avec des bonnes idées et une certaine profondeur qui manque cruellement d'indications et souffre de sa notice trop peu fournie. Traduit en anglais pour l'occasion, le jeu propose un mix entre le beat'em all traditionnel de la saga, de l'exploration et du un peu de RPG. Si le jeu suit une trame narrative, il est possible de se balader librement dans les rues de la ville d'Osaka et de passer de quartier en quartier en prenant le Metro. Le problème est qu'il n'existe aucun plan des lieux et qu'il faut aller à un endroit précis pour faire avancer l'histoire sans qu'on ait vraiment de moyen de savoir où se situe cet endroit. On finit donc par énormément tourner en rond. Heureusement qu'en chemin on passe notre temps à taper du pas beau pour gagner de l'expérience et ainsi monter de niveau. Ce farming plus ou moins forcé s'ajouter à un inventaire à gérer. Chaque fois que vous êtes mis à terre, vous revenez simplement à l'hôtel de départ avec toute votre vie sans aucune pénalité, ce qui permet de se balader sans s'inquiéter des conséquences. Bref c'est un bon jeu, mais qui mériterait plus d'indications. Kunio's Oden pour le coup est un puzzle game inspiré de jeux comme Puyo Puyo et Columns. Dans tous les cas il faudra effectuer un maximum d'assemblage de combinaisons (3 en ligne ou 4 collés selon le mode choisi). Selon le mode également, une barre de moutarde servira à faire apparaitre un bloc spécial aux divers effets ou pénaliser l'adversaire. Parce que oui, le jeu propose autant un modo solo infini qu'un mode versus contre l'IA ou un autre joueur. Globalement le concept du jeu est bon, mais encore une fois la notice n'explique pas toutes les subtilités qu'il faudra découvrir à la dure. De plus le jeu monte très (trop) rapidement dans les tours en termes de vitesse, ce qui devient vite assez ingérable surtout que l'IA ne vous fera pas de cadeau, malgré l'aide visuelle activable. Enfin on va clôturer cette sélection des jeux sympas par un jeu au nom imprononçable : Xain'd Sleena : Soldier Of Light. Ce jeu est le plus ancien de la sélection et est dans un genre unique pour Technos : le shoot'em up. Plus précisément, le jeu alterne les passages de plateforme/shoot (run'n'gun si vous préférez) au sol et les phases de shoot pur dans l'espace. Notre but est classique : sauver le monde de méchants aliens. Le jeu propose une structure non linéaire en permettant au joueur de choisir sa prochaine destination parmi 5 planètes. Chaque astre propose un niveau moyennement long qui se termine par un boss. Après l'avoir tué, vous placez une bombe sur la base avant de vous enfuir en vaisseau en en profitant pour terrasser l'armada locale. Le maniement pédestre est assez unique puisqu'il propose de se baisser ou de se plaquer au sol selon le nombre de fois où vous appuyez sur le bas. Le personnage est assez rigide, mais le jeu exigeant. Les sauvegardes seront vos meilleurs amis vu que les ennemis sont nombreux et les vies passent rapidement (certains ennemis vous tuent instantanément). A noter que le jeu propose un double saut permettant de changer de direction (à la Super Ghouls'n'ghosts), ce qui n'était pas si courant à l'époque. Dans l'espace la maniabilité est plus classique, un bouton pour tirer des lasers, un autre pour utiliser un tir plus diffus. Ne faites pas comme moi au début : mitraillez les deux boutons ils ne sont pas incompatibles. Et si ça devient trop difficile (une touchette est vous êtes mort), n'hésitez pas en plus à marteler le bouton d'ajout de crédit ça ralenti le jeu. Le jeu peut être frustrant vu son exigence, mais il dispose d'un certain charme désuet, n'hésitez pas à y passer du temps pour l'approfondir.
Pourquoi tant de haine ?
Deux des jeux entre dans cette catégorie peu reluisante pour une raison simple : contrairement aux autres jeux de la liste ils sont intégralement en japonais. Avouez que pour un RPG et un jeu de plateau contenant énormément de textes et de menus c'est assez handicapant. On en parlait plus tôt dans le test, la notice des touches ne suffit clairement pas à comprendre grand-chose à ces jeux. C'est dommage, on à envie de les aimer et de les découvrir, mais en l'état c'est compliqué. Ce n'est pas pour rien que même dans la communication officielle les jeux sont indiqués comme des "bonus". Bref, DunQuest et Sugoro Quest++ Dicenics ne vous occuperont pas longtemps (bonne chance pour les chasseurs de trophées platine). Autre jeu que ne nous a pas convaincu : Downtown River City Baseball Story ~Play Ball, Kunio !~. Sur le papier c'est un jeu de baseball dans la veine de la série des Dodge Ball. Ca donne envie, mais après une partie on se rend compte qu'on ne comprend pas grand-chose. La notice n'est clairement pas à la hauteur et nous indique surtout que le jeu est complexe, avec des actions différentes sur chaque type de scène avec de multiples touches. L'IA est impitoyable en ne nous laisse pas trop le temps de nous habituer. Clairement le fun est aux abonnés absents. Dommage ! The Combatribes qui est une bonne surprise de cette compilation est également présent dans sa version Super Famicom. Malheureusement, elle n'est pas aussi réussie. Si on applaudit la possibilité de choisir son personnage (contrairement à la version Arcade), on se retrouve avec une version tronquée sur les niveaux. Les niveaux se résument à un groupe d'ennemis à combattre, puis un boss accompagné de sa garde rapprochée. Niveau suivant et ainsi de suite jusqu'à la fin. De plus les niveaux sont moins profonds et laissent moins de place à l'esquive, ce qui est problématique sur certains boss. Si on ajoute à ça que les continus ne sont pas illimités, bonne chance pour le terminer, même en comptant sur les sauvegardes. Terminons ce tour d'horizon avec le dernier jeu : China Gate qui est un jeu d'arcade inspiré de la légende du voyage vers l'occident (si si vous connaissez ça a aussi inspiré Dragon Ball). Le jeu est un mélange de combat et de plateforme en vue de côté. Dans chaque niveau il faudra combattre une succession souvent bien trop longue d'ennemis avant de faire apparaitre un boss. Le jeu est incroyablement injuste dans sa difficulté avec une vie qui descend très rapidement et des collisions clairement pas à votre avantage. Les continus sont infinis donc ça finit par passer, mais l'amusement n'y est pas. Le gameplay est basique et on passe plus de temps à remettre des crédits qu'à vraiment jouer.
Mon avis à moi
Super Technos World : River City & Technos Arcade Classics est une compilation de titres assez méconnus, ce qui est plutôt louable. Malheureusement, le budget est parti dans un mode en ligne déserté plutôt que sur l'accessibilité, ce qui est dommage vu la complexité de certains titres. Entre l'interface tout en anglais, la notice mal fichue et les deux jeux qui avaient le plus besoin d'une traduction laissés en japonais, certains peuvent être laissés sur le carreau. Toutefois la collection présente tout de même des jeux qui valent le détour à eux seuls, comme Super Dodge Ball, toujours aussi bon.
A qui s'adresse Super Technos World : River City & Technos Arcade Classics ?
- A ceux qui savent lire l'anglais et idéalement le japonais
- A ceux qui auront le courage de creuser des jeux parfois complexes
- A ceux qui aiment le ballon au prisonnier
A qui ne s'adresse pas Super Technos World : River City & Technos Arcade Classics ?
- A ceux qui ne peuvent plus se passer du rewind
- A ceux qui n'ont aucune patience
- A ceux qui attendaient du Double Dragon
Johann Barnaud alias Kelanflyter