Le jeu vidéo est désormais produit aux quatre coins du monde. L’arrivée de la Chine a bien évidemment bousculé le paysage vidéoludique, pour le plus évident, mais à côté de cela d’autres développeurs d’autres pays s’y sont mis. En ayant accès à des œuvres venant d’Amérique du sud, d’Inde ou d’Afrique, nous avons désormais l’occasion d’élargir nos expériences en profitant du fait que lesdites œuvres sont très souvent issues de cultures que nous connaissons peu, ce qui en fait de bonnes portes d’entrée. Et aujourd’hui on va s’intéresser aux Philippines avec Until Then, un jeu développé par le studio Polychroma Games et édité par Maximum Entertainement.

Note : ce jeu a été testé à partir d’un code fourni par l’éditeur. Le jeu a été terminé pour la rédaction de ce test. J’ai récupéré des captures d’écran en anglais, mais le jeu est en français

Récit de mon aventure aux Philippines

Jour 1 :

La première chose qui m’a sauté aux yeux quand j’ai lancé le jeu est le dépouillement total de l’écran d’accueil : On peut lancer ou continuer la partie, refaire une scène précédente, et changer quelques paramètres (taille et vitesse du texte, quelques ajustements pour un mini jeu de rythme, etc). Rien de plus. Pour quelqu’un comme moi habitué aux visuals novels qui promettent du contenu en plus, et beaucoup plus d’options de qualité de vie, ça fait bizarre. Mais bon… Ce jeu est le premier du studio, donc on va passer outre, d’autant qu’il ne coûte que 20€, ce qui pour le genre n’est pas cher. Allez ! Go dans ce qui compte vraiment : l’histoire. Le jeu nous raconte la vie de Mark Borja, juste après un phénomène appelé “le décret”, qui visiblement était une sacré catastrophe, dont le monde a du mal à se remettre. En tout cas, les Philippines en subissent encore les conséquences, et l’effet est tangible dans le récit. C’est dans ce cadre que Mark tente de mener sa vie, entre procrastination de ses devoirs à l’école, sorties avec ses amis, apprentissage du piano et tentative de gérer l’absence de ses parents, partis travailler à l’étranger pour payer ses études. Ceci est le point de départ de l’intrigue, qui se met en place assez vite, même si on comprend tout de suite que quelque chose de plus arrivera. Hâte de voir ce qui sera l’événement déclencheur.

Jour 2 :

Bon là je suis deux chapitres plus loin. Le menu “scènes précédentes” de l’écran d’accueil les liste toutes, du coup je sais combien de chapitres il y a, et où j’en suis dans l’histoire (bien avancé), et à part vivre la vie de Mark je n’ai rien vu de particulier. J’ai donc le temps de vous parler de la technique de narration de ce jeu. Ce jeu est un jeu narratif, comme je l’ai dit plus tôt, mais sur un plan 2D, vu de côté. Pour ma part c’est une découverte et je trouve que c’est un style prometteur. Les animations sont assez fluides, le pixel art est soigné, les bulles de dialogues s’intègrent bien, et le tout a un certain cachet. J’ai beau ne pas connaître les Philippines, j’ai vraiment l’impression de découvrir un pays auquel je ne m’étais jamais intéressé avant. On sent clairement que le studio aime son pays et ce que je vois à l’écran me donne envie d’en découvrir plus. L’intrigue a beau ne pas être folle je prend quand même du plaisir. Allez, je continue, en espérant que ça décolle.

Jour 3 :

Bon ben ça a décollé. J’ai senti le frisson du mystère me chuchoter des promesses, une envie d’en savoir plus sur ces impressions de déjà vu que Mark expérimente parfois sans raison apparente, qui se transforment carrément en hallucinations par moment. Puis on est revenu à une histoire tranche de vie et le soufflé est retombé. Le mystère n’est pas oublié mais tout ce qui le concerne a eu lieu en arrière-plan. Clairement on n’est pas dans une histoire de SF, mais plus dans une aventure adolescente avec des bouts de SF. J’ai terminé l’histoire et son coeur est lié aux personnages ; à Mark et à ses amis : Louise l’intello qui enquête sur les événements étranges dont je viens de parler, Cathy la meilleure amie qu’on a tous rêvé d’avoir et qui est un des personnages les plus adorables et attachants que j’ai pu voir, Nicole et sa proximité grandissante avec notre héro… C’est là  que le jeu nous emmène, en soulevant les thèmes de la famille, des relations naissantes et mourantes, du deuil. Des thèmes classiques mais efficaces, et traités avec efficacité. les personnages sont attachants, les relations se font et évoluent, l’histoire sait être enjouée par moment, puis triste à d’autres moments. Au final même si l’histoire ne dit jamais clairement où elle veut nous entraîner, je n’ai jamais eu envie d’arrêter ma lecture. Puis l’histoire s’est finie sur un moment fort en émotion. Et c’était cool, même si je suis resté sur ma faim sur beaucoup de sujets non fin… Comment ça “voulez vous retenter une partie” ? Pour quoi faire ? Bon ben ok regardons… Donc on recommence avec Mark qui n’a pas préparé son exposé, sauf que cette fois ce n’est plus Ryan le sportif qui est dans son équipe et qui l’aide à sauver les meubles, c’est Cathy. Et comme c’est une quiche en informatique elle ne réussit pas à l’aider… Et du coup l’exposé… Et alors en conséquence… OK jeu, tu es en train de me refaire l’histoire, mais en changeant plein de paramètres. Cool ça m’intéresse à fond. Et je repars pour une dose de plus.

Jour 4 :

J’avance sur la seconde histoire et c’est vraiment cool de tout refaire en différent. On redécouvre certains personnages, on en approfondit d’autres. C’est vraiment une très belle surprise. Surtout que l’avancée de l’histoire se renouvelle aussi. J’entend par là que Until Then alterne les phases de dialogue et les mini jeux pour nous raconter son récit. Et même si les mini jeux sont basiques, et sans beaucoup d’implication (ils changent juste quelques dialogues selon vos résultats, mais l’histoire reste linéaire), ils sont très variés. L’avantage c’est qu’on ne tombe pas dans une routine à refaire les mêmes mini jeux. L’inconvénient c’est qu’aucun n’est vraiment intéressant à faire et qu’au final ils sont une gêne vu que la moitié n’est pas expliquée, et qu’au bout d’un moment je les vivais comme une pause indésirable dans l’histoire, dont j’avais envie de connaitre la suite. Heureusement qu’ils durent 2 à 3 minutes maximum chacun et qu’ils ne sont clairement pas le cœur de l’expérience.

Jour 5 :

J’aime beaucoup la musique de ce jeu. J’approche de la fin et je dois bien reconnaître qu’elle est un vrai plus. je suis bien incapable de vous dire si elle a un rapport avec la culture des Philippines, mais elle est toujours juste par rapport à la situation et nous aide à ressentir les émotions que le jeu souhaite transmettre sans que cela parraisse forcé. Pour ma part j’ajouterais qu’elle est assez dépaysante et que cela est très utile pour découvrir, même de façon superficielle, une culture très peu représentée dans le jeu vidéo. Par contre si cette musique pouvait ne pas saturer par moment ça serait cool. Ça lui arrive trop souvent à mon goût et quand ça arrive ça gâche tout. Je n’ai rien trouvé à ce sujet dans les critiques steam du jeu, donc je vais supposer que c’est lié à la version switch, en espérant qu’un patch puisse régler le problème. Et quitte à parler de soucis, permettez moi de pinailler en signalant que nos personnages bougent même quand ils sont statiques. 90% du temps ça leur donne de la vie et c’est très bien, mais pour les 10% restants j’ai eu l’impression qu’ils étaient montés sur ressort. Ce sont toujours les mêmes animations, mais il y a des fois où ça ne passe pas très bien. Mais bon, ça reste du pinaillage.

Jour 6 :

Ça y est j’ai fini le jeu. Je ne divulguerai rien bien entendu, mais je confirme que l’histoire est à son meilleur quand elles traitent de ses personnages, de leurs problèmes et de la façon dont ils se façonnent à cet âge qui sert d’entrée dans la vie adulte et où nos problèmes nous empêchent parfois de voir ceux de nos proches. Et si je parlais de seconde histoire plus tôt, en fait il s’agit d’une unique histoire en trois parties. Tout est linéaire et il n’y a pas de fins multiples. Par contre la partie SF sur les “déjà vu”, la catastrophe du décret et les hallucinations n’est pas la meilleure partie. C’est bien qu’elle reste en arrière plan car elle n’est pas du tout maîtrisée. Les auteurs ne savaient clairement pas où ils allaient avec, et les explications étaient confuses et insuffisantes à la fin. Je m’en suis assez vite détaché tellement les personnages sont écrits avec finesse et talent, et j’ai eu raison. En me focalisant sur le vrai point fort de l'histoire, j'en ressort avec une très bonne impression. Ça m'a pris environ 10 heures pour tout finir (car je lis vite) et ça en valait la peine.

Le mot de la fin :

Si vous m’avez lu jusque là vous savez quoi attendre de Until Then, et vous pouvez donc vous jeter dessus sans hésiter s’il vous intéresse. J’insiste mais le cœur de l’histoire est l’aspect le plus réussi. La partie décevante, la SF, n’est que secondaire et au final il suffit de faire preuve de bonne volonté en suspendant son envie de tout comprendre pour accepter ce qu’elle apporte sans être gêné par ses lacunes. La DA en pixel art est très réussie, la musique accompagne à merveille le tout (j’espère que la saturation du son disparaîtra sur Switch, sinon au pire allez sur Steam). J’ai passé un excellent moment sur ce jeu, malgré ses défauts, et j’espère que son studio Polychroma Games nous en fera d’autres.

 

Vous aimerez ce jeu si :

  • Vous aimez les jeux narratifs
  • Vous souhaitez découvrir un nouveau cadre de jeu (ici les Philippines)
  • Vous aimez les histoires de type “tranche de vie”
  • Vous aimez le pixel art

 

Vous n’aimerez pas ce jeu si :

  • Vous voulez du gameplay
  • Vous attendez beaucoup de la partie science fiction
  • vous voulez de la belle 3D 4K pour rentabiliser votre nouveau téléviseur à 1000€

Test réalisé par Luciole