Prologue
Afin de profiter au mieux de l’avis suivant, je vous invite à d’abord consulter cet aperçU. Certaines choses abordées précédemment ne sont pas forcément reprises dans ce reWiiU (prononcer review).
Bâtir un château en Espagne
Que peut bien faire un jeune espagnol talentueux, fan de RPG, adepte de films de Science Fiction et d’Heroic Fantasy de son temps libre pendant deux ans ? Bah, tout simplement un jeu qui lui ressemble : UnEpic !
Dans le top 10 du classement des jeux indés 2011 par indiedb.com (parmi Terraria et Trine 2, excusez du peu !), UnEpic ne prendra de l’essor qu’à l’été 2013 en arrivant enfin sur Steam et sa disponibilité sur l’eshop, en janvier 2014, en fait une exclusivité console non négligeable pour la Wii U. De par son scénario qui nous place au coeur d’un immense château (200 salles à explorer) en 2D vue de côté et du nombre faramineux d’objets à récolter ici et là à la manière d’un « Dungeon Crawler », on pourrait qualifier UnEpic de «Diablovania» !
Perdu dans un château médiéval, le jeune héros, très contemporain, est envahi par un hôte maléfique qui voudra sa perte à tout prix… Vous voilà donc investi d’une mission : Mener Daniel sans encombre hors de cette demeure d’un autre monde alors qu’il était seulement allé pisser un coup pendant une partie de jeu de rôle papier avec des potes. Tout un programme !
petit clin d'oeil à Castlevania dont le jeu s'est clairement inspiré
Don Juan et draguons les joueurs
Planté au sein d’un décor fantastique, UnEpic ratisse large pour nous séduire, ne serait-ce que par ses nombreuses références cinématographiques (dont l’inévitable saga Star Wars), vidéoludiques et autres allusions à divers produits prohibés dont raffole notre jeunesse décadente. Le jeu vous prend par la main durant un prologue qui vous plonge dans l’univers du château d’Harnakon. Cette phase de tutoriel peut être zappée en cas de nouvelle partie, chose assez rare pour être précisée ici. L’exploration se fait à la manière d’un plateformer classique (les portes, les sauts et les échelles seront de la partie) mais à la lueur de votre seul briquet. A vous, donc, d’allumer les torches que vous croiserez sur votre chemin afin d’y voir un peu plus clair dans les sombres couloirs s’ouvrant à vous (cela fait partie des exploits à réaliser, un genre de succès/trophées du jeu). Les (nombreux) passages secrets étaient bien sûr l’apanage de tout bon château qui se respecte, on ne sera pas surpris d’y trouver des coffres, des portes dérobées ou même des défis à relever (permettant d’obtenir des points « UN » sur lesquels je reviendrai plus loin).
Pour vous défendre contre la faune hostile barrant votre progression, vous aurez un choix d’armes nombreuses et variées, chacune ayant des propriétés potentiellement adaptées en fonction de l’adversaire. Par exemple, face à un ennemi en armure, la massue fera plus de dégâts qu’une épée (même de niveau supérieur), mais il faudra faire un choix : Vitesse d’exécution contre portée des coups, puissance contre magie élémentaire. Si la spécialisation dans un type de combat est un grand classique des RPG, elle va de paire avec un système de levelling et de distribution de points d’aptitude servant à personnaliser votre héros à vos convenances (dague, épée, massue, hâche et lance pour les armes de corps à corps ; arc, bâton et baguette magique pour les armes de jets dont un système de lock facilite l’utilisation ; feu, glace et guérison pour la magie ; santé, potion, armure et robe pour la partie défense).
Évidemment, les dépouilles des belligérants sont généreuses en « loot » : or, armes, éléments nécessaires à la magie ou à l’élaboration de potions. Un vaste inventaire vous permettant de stocker de nombreuses choses. Attention toutefois à ne rien laisser trainer derrière vous… Qui sait, des voleurs rodent sûrement pour s’en accaparer...
une référence au film Kill Bill, parmi d'autres
Le n3rd de la guerre
Afin de mieux gérer vos stocks, des boutiques sont disséminées partout dans le château et signalées de manière assez anachronique ! On peut y acheter, vendre ou même réparer son équipement endommagé. Un PNJ spécialisé dans la magie vous permet aussi d’utiliser son chaudron pour la préparation de potions dont il vend aussi les recettes. Un autre PNJ vend des objets atypiques et particulièrement puissants. Votre or ne l’intéresse pas… Il veut être réglé en « UN » points ! Ces points ne s’acquièrent qu’en réalisant des défis plus ou moins ardus (GRRR ! Les rochers de la mine !).
Au nombre de quinze, ces défis sont bien cachés dans le château. Une fois le défi réalisé, les points « UN » obtenus sont aussi disponibles pour toutes les autres parties déjà sauvegardées avec le même ID Wii U, ainsi que pour vos futures parties. Au hasard de vos pérégrinations, vous croiserez des personnages avec un air de « déjà vu », certains vous proposeront des quêtes annexes dont toutes les récompenses ne sont pas forcément à la hauteur de la mission. Si certaines vous rapportent un peu d’or, d’autres sont plus généreuses… Ne pas les faire pourrait vous priver d’une arme ou bague unique et puissante, voire même d’un familier bien utile pour vous seconder !
Incontournable du RPG, les familiers d’UnEpic ont la particularité de pouvoir être sortis ou rengainés comme une arme, ceci afin de recharger instantanément leur barre de vie. Si cette dernière se vide entièrement, il faudra le ressusciter à l’aide d’un item coûteux pour en profiter à nouveau. En contrepartie de ce va-et-vient destiné à le maintenir en vie, sa barre de mana sera de nouveau vide à chaque réaparition et doit se remplir tout doucement pour que le familier soit de nouveau actif à vos côtés. Son aide ne sera pas superflue quand vous serez harcelé par des nuées d’ennemis en tout genre. Attention toutefois, le château cache moult pièges et votre familier ne pourra pas forcement vous protéger de tout le bestiaire d’UnEpic, certains dangers ne sont pas toujours visibles dans les nombreux environnements et lutter contre eux demande un peu de réflexion…
gérer votre inventaire n'est pas une mince affaire
Une épopée héro-geek
On ne visite pas la demeure d’Harnakon comme une maison témoin chez Domexpo un dimanche après-midi ensoleillé (sauf peut-être dans la confrontation avec certaines créatures…) ! Celle-ci est divisée en secteur. Tout n’est pas accessible de suite et il vous faudra récupérer une clé pour passer dans une partie différente du château. Bien entendu, chacune des clés est âprement gardée par un boss colossal.
L‘aventure vous amène aussi à rencontrer, dans chaque zone importante, des « esprits » enfermés dans leur prison dorée. La quête qui vous y sera confiée vous apportera des bonus non négligeables et un peu d’éclaircissement sur les mystères entourant Harnakon et votre hôte. Le premier « esprit » rencontré vous servira de point de sauvegarde et nécessitera des allers-retours réguliers et fréquents. Afin d’éviter la répétition de certains trajets et pour aller (et venir) très rapidement dans les différentes zones déjà explorées, des grilles sont disséminées un peu partout, pensez à les déverrouiller pour pouvoir les emprunter à nouveau depuis le centre du château et vous faire gagner un temps fou (à l’instar des girouettes du dernier ZALBW sur 3DS).
qui osera encore dire que le gamepad est un gadget ?
Comme Zombi U, UnEpic ne permet pas de mettre la partie sur pause. Pour gérer son inventaire ou consulter la carte, un endroit calme est vivement recommandé. Le changement d’armes ou la prise de potions sont d’autant plus délicats dans les situations de conflit. Heureusement, l’écran tactile du Gamepad est judicieusement utilisé et propose pas moins de 30 raccourcis librement configurables, dont 12 peuvent même être associés à des combinaisons de touches, l’origine PC du jeu n’y est pas étrangère ! Une fonction très appréciable pendant les combats, parfois un peu longs, contre les boss.
ce type de passage va vous faire gagner beaucoup de temps
Une fois n’est pas coutume, je ne vais pas détailler l’ensemble du menu du jeu mais juste m’attarder sur les 4 niveaux de difficulté proposés. Bien sûr, la majorité des jeux adopte déjà ce principe, les variables sont souvent liées aux nombres d’ennemis, aux dégâts reçus ou à la santé des adversaires mais les développeurs ne sont pas très explicites là-dessus. Ici c’est tout le contraire ! Si le niveau « moyen » n’a comme avantage que la sauvegarde automatique sur des checkpoint aléatoires, le niveau « facile » possède en plus une barre de santé qui se régénère automatiquement (comme dans tout bon FPS HD qui se respecte) et des ennemis faisant moins de dégâts (- 25%), mais l’expérience acquise en est diminuée de moitié ! Le niveau « difficile » permet aux ennemis de vous apercevoir de plus loin et vous obligera à sauvegarder manuellement, mais portera à 6 (au lieu de 5), les points de compétences à distribuer. Par rapport au niveau précédent, le « difficile ++ » double vos points d’expérience et vous permet de distribuer encore 1 point de plus par niveau acquis par rapport au mode précédent. Là où dans les jeux traditionnels, la difficulté amène surtout du challenge supplémentaire, celle d’UnEpic apporte de vrais avantages utiles directement dans le jeu… À vous de voir si le jeu en vaut la chandelle !
voici un des défis disséminés dans le château
Mon avis à moi
Sachant que le jeu n’a été développé que par une seule personne, je ne peux que m’incliner devant la qualité des graphismes, des animations et de la musique. Sous l’apparence d’un jeu 2D sobrement rétro, on notera les effets d’ombres dynamiques lorsqu’on se déplace, un briquet à la main… C’est juste magnifique.
Francisco Téllez de Meneses (le créateur d’UnEpic) a tout simplement pris le meilleur des jeux qu’il apprécie et s’en est inspiré ouvertement. Si on aime les jeux orientés « metroidvania » et l’exhaustivité des RPG « à l’ancienne », il y a de quoi être enthousiaste à propos de la venue d’un jeu comme UnEpic sur l’eShop de la Wii U. Je suis forcement du même avis que les nombreux commentaires que l’on peut voir sur le Miiverse… Cependant je mettrais un petit bémol à l’hystérie que suscite ce jeu sur le topic de la Wii U.
Au-delà de son humour particulier, UnEpic est construit autour d’idées qui ont fait leurs preuves, à partir de jeux qui ont gagné le statut d’incontournable depuis leur sortie. Si le cuisinier a du talent et la bonne recette, impossible pour lui de rater le plat avec de tels ingrédients, le mets sera exceptionnel. Et c’est ce qui s’est passé avec UnEpic, le jeu possède les défauts de ses qualités. Tout est cousu de fil blanc, les mécaniques sont bien huilées et en vieux briscard, j’ai du mal à m’enthousiasmer autour du gameplay trop conventionnel à mon goût. Bien que l’aventure me plaise, la progression dans ma partie me laisse une impression de déjà vu et ne sera pas si inoubliable que ça. À prendre le meilleur des grands classiques et bien que récent, j’ai l’impression que le jeu est déjà devenu lui-même classique. C’est tant mieux pour la jeune génération de joueurs qui découvre ce jeu, mais j’aurais aimé cependant que l’on me surprenne plus fréquemment avec plus d’innovations et d’audaces (comme ce que l’on croise au fond des catacombes…).
Très agréable à jouer sur un téléviseur, le jeu bénéficie d’un mode Off-TV. Hélas ce dernier dégrade fortement le gameplay : il faut fréquemment appuyer sur la touche (-) pour afficher les touches de raccourcis tactiles… Pas facile dans un jeu où il n’y a pas de pause !
Bon, Je ne vais pas cracher dans la soupe et j’apprécie qu’un jeu comme celui-ci arrive enfin sur Wii U dans un genre devenu trop rare sur console de nos jours…
En conclusion, j’achète UnEpic!
À qui s’adresse UnEpic ?
- À ceux qui sont inconditionnels des « metroidvania » !
- À ceux qui veulent enfin découvrir ce genre de jeu !
- À ceux qui soutiennent les petits développeurs indépendants !
À qui ne s’adresse pas UnEpic ?
- À ceux qui éprouvent des difficultés, seul face aux boss (vu sur des forums) !
- À ceux qui auraient voulu un mode coop (comme sur la version PC) !
- À ceux qui font du jeu de rôle papier et qui ont peur aux toilettes !