Deux ans pile après la carton (mérité) de Battlefield 3, Dice revient avec un quatrième opus, qui se veut la suite direct de son aîné, au niveau du scénario comme dans la prise en main du multijoueurs.  Pas de révolution, mais une (L)évolution, qui sera pour moi l'occasion parfaite pour voir ce qu'apporte la PS4 par rapport à la PS3, la plateforme sur laquelle j'avais l'habitude de jouer à Battlefield 3. En piste ! 

 

Mise en avant avec panache lors de la présentation publique du jeu, la mission Fishing in Baku ouvre la campagne de façon magistrale, provoquant ce « wow effect » qu'on attend tous en achetant une nouvelle console. En intérieur dans cette école délabrée, dans le petit bosquet attenant ou dans le site en construction plus loin, tout est pensé pour nous décrocher la mâchoire. C'est beau, détaillé, fluide... un vrai régal pour les yeux et les oreilles ! L'immersion est totale, l'action criante de réalisme. 

 

La douche froide arrive dès le niveau suivant, un bon cran en dessous au niveau de la mise en scène, et graphiquement déjà beaucoup plus quelconque. Parallèlement, l'histoire s'embourbe rapidement dans une banalité ennuyeuse, et le manque de charisme des PNJ n'aide pas le joueur à vouloir s'investir dans cette énième croisade contre les méchants, des dissidents chinois cette fois ci. La mise en scène s'offre deux ou trois petits éclairs de génie, mais qui ne suffiront pas à sauver une campagne définitivement ennuyeuse et convenue. Manette en main on reste en terrain connu avec une jouabilité toute droit venue du précédent opus, du solide donc. Mais comme dans Battlefield 3, les ennemis sont parfois anormalement coriaces, même en mode normal, et ne s'acharneront que sur vous. Dans ces moments là, ne comptez pas sur votre escouade, qui videra des dizaines de chargeurs sans que cela n'affecte les lignes ennemies. Au combat le joueur est seul, mais tant qu'à faire on aurait préféré que ce soit aussi le cas entre deux échanges de coups de feu, tellement ces compagnons d'infortune sont insupportables. Pour enfoncer le clou sur le cercueil de la campagne, les (trop nombreux) dialogues entre les membres du commando sont pitoyables et stéréotypées au possible, ces idiots étant constamment prêts à se prendre le bec pour des considérations dignes du premier bar d'ivrognes venu. Il m'est arrivé plus d'une fois de marteler rageusement la gâchette de tir lors des cutscenes pour espérer, en vain, les faire taire à jamais, à l'image de notre propre avatar qui ne pipera pas un mot de tout le jeu. Cerise sur le tas de merde, les doublages français sont ignobles, parmi les pires que j'ai eu à subir ces dernières années. Et non, pas de VO au menu, faut pas rêver non plus ! 

  

La campagne est donc une déception, alors qu'EA et Dice avaient promis une histoire intense, profonde et didactique. Ce n'est absolument pas le cas, la progression étant vaguement divertissante tout au plus. Mais tout ceci n'est au fond pas si grave puisqu'il faudrait être sacrément maso pour n'acheter Battlefield que pour son mode solo. Direction donc le muli, véritable coeur du jeu. Aux côtés des classiques Conquête et Ruée se trouvent les plus "call offiens"  Match à mort par équipe et Domination, parfaits pour débuter quand on vient de la franchise d'en face, sans oublier la Capture de drapeau ou encore le Supériorité Aérienne. 10 maps sont disponibles d'entrée de jeu, un chiffre qui sera gonflé par les 4 ou 5 packs de maps à acheter en DLC. Si leur déploiement a déjà commencé pour les membres Premium, Dice vient d'annoncer qu'ils ne travailleraient plus sur les extensions tant que les nombreux problèmes rencontrés par les joueurs ne seraient pas réglés. Et les Suédois ont raison de s'inquiéter, car la colère gronde chez les acheteurs, victimes de bugs très gênants qui vont d'une coupure totale du son pendant les parties au crash pur et simple du jeu. Pour ma pomme, j'ai le droit à un retour au menu de la PS4 (minimum) par session de jeu. Inadmissible.

 

Mais quand tout fonctionne, le multi procure un plaisir unique, et qui prend enfin toute son ampleur sur consoles (next-gen) avec l'ouverture des serveurs à 64 joueurs en simultané. Les affrontements sont épiques,  et l'impression de participer à une guerre totale est absolument grisante. Certains champs de bataille déchainent littéralement les enfers, lorsque chars, hélicoptères de combat et avions de chasse viennent se appuyer les escarmouches d'infanterie. Une vraie boucherie, qui paraitra parfois un peu bordélique  pour le néophyte, mais qui prend tout son sens une fois le rythme du jeu appréhendé. Et pour aider les nouveaux venus, Dice a enfin mis en place une section d'essais qui permet de tester armes, accessoires et véhicules avant de se lancer dans le grand bain. Est-ce enfin la fin des crashs d'hélicoptère au bout de quelques secondes de vol, la faute à un pilote inexpérimenté un peu trop téméraire? Pas encore, mais on y vient ! 

 

La taille des cartes varie en fonction du mode de jeu choisi, pratique pour les apprivoiser petit à petit. Dans leur configuration maximale, en conquête grande donc, elles proposent toutes des environnements gigantesques, mais chacune propose une approche tactique différente. Outre des environnements bien distincts (villes, montagne, intérieurs, archipels....), la luminosité, la topographie et, par conséquent, les véhicules disponibles sont propres à chacune d'elle. La nouvelle version du Frosbite, le moteur maison, offre plus d'options de destruction que jamais, un réel progrès ayant été fait de ce côté là. Mieux,  tous les environnements pourront être transfigurés par un évènement propre à chaque map, à déclencher au cours de la partie par une action spécifique. Ainsi, l'immense gratte-ciel au centre de la très urbaine Shangaï peut entièrement s'écrouler en cours de jeu si ses fondations sont détruites. Le terrain de jeu, accidenté, empêche certaines manœuvres de chars, toute l'action est chamboulée et la visibilité devient très réduite à cause d'un immense et épais nuage de poussières. Ce que Dice appelle  « Levolution »  fonctionne très bien sur certaines maps, assumant pleinement son rôle Game Changer, mais tient du gimmick anecdotique sur d'autres. Ce qui a été marketé comme la principale nouveauté du mulitjoueurs n'est donc pas partout au point,  mais a le mérite de dynamiser sensiblement les parties sur les cartes où son impact est réellement visible. Alors que les 4 maps de Battlefield 3 reprises dans la DLC Second Assault en bénéficient, pour le meilleur et pour le pire, aucune trace de Levolution sur les 4 maps de l'extension China Rising, pourtant très sympathiques...Peut mieux faire, donc. 

 

Cela n'empêchera pas chaque partie de proposer des moments épiques, pour peu que son escouade joue un minimum le jeu. Et c'est un peu là où la bas blesse car à moins de jouer avec des amis, entre parfaits inconnus il arrivera fréquemment que chacun finisse par mener sa petite vie de son côté, ce qui est pénalisant dans le sens où Battlefield récompense implicitement le travail en équipe.  Le jeu en lui même reste très similaire à son ainé, in-game seul le feeling des armes a été remanié, pour un rendu plus nerveux, que je préfère personnellement. Les menus s'offrent un lifting bienvenu, avec une lisibilité améliorée notamment dans la personnalisation des classes. Ces dernières sont strictement les mêmes que dans Battlefield 3, mais chose appréciable elles commencent toutes avec un arsenal de qualité, inutile donc de suer pendant dans heures pour débloquer une arme potable, d'entrée de jeu il est possible de s'en sortir convenablement. 

 

Si Dice parvient à réparer les nombreux bugs du jeu, on tiendra certainement le nouvel étalon mètre en matière de FPS. Beau, varié et bien équilibré, Battlefield 4 fait entrer le multijoueurs dans une nouvelle dimension, sur consoles de nouvelle génération tout du moins. Les affrontements à 64 en 60 frame per second  sont grandioses, à la hauteur de ce dont profitent les joueurs PC depuis longtemps. Dommage que le mode solo soit encore une fois totalement loupé, en dépit de ce qu'avait promis EA à l'E3, et que le jeu soit encore trop instable pour en profiter pleinement. C'est tout de même un must-have sur lequel on va fragger encore de nombreux mois.