Quand les réalisateurs me prennent pour une bille.

 

Avant même de commencer cet article, je vais installer un peu le comment et le pourquoi. J'ai décidé de faire ce petit article tout simplement suite au visionnage de deux films d'affilé dans l'aprem là. Il m'arrive souvent d'avoir une envie d'un jeu et d'une ambiance précise, comme ça sans raison. Bon en l'occurrence la raison c'est qu'en faisant mon jogging ce matin (on bascule en mode 3615 MyLife) mon iPhone m'a passer en mode shuffle le Theme of Laura de Silent Hill 2. Il m'en a pas fallut plus pour avoir envie de jouer à ce titre que je n'ai jamais pue faire mais dont la magnifique bande-son suffit à donner envie de plonger en enfer...seul problème, je n'ai aucun titre de la saga dans ma ludothèque actuellement. Seule solution, se mater le film.

 

Il y a du monde et de la lumière ici...on est bien à Silent Hill là c'est sûr?

Car oui j'ai apprécié le film lorsque je l'ai loué il y a de ça un moment. Malgré le côté un peu peuplé de cette version cinématographique, la qualité de la réalisation et le déroulement m'ont suffisamment tenu en haleine pour que je pardonne la quasi absence d'angoisse si mortifiante dans les jeux de Konami. Mais je ne sais même pas pourquoi je vous parle de ça...ah si! Je dois le reconnaître je n'ai pas le film en DVD, par conséquent je m'étais rabattu sur une voie un peu plus illégale pour en profiter. Grand mal m'a pris, c'est le premier coup que je tombe sur un film dont la bande-son est aussi...étrange. Quoiqu'il en soit, le film n'était pas regardable, alors j'ai décidé de me rabattre sur le film qui a inspiré en partie le jeu, Jacob's Ladder (L'échelle de Jacob en français). Dans la foulée j'en ai également profité pour rattraper une erreur en regardant Shutter Island, que j'avais manqué au cinéma. Vous vous doutez sûrement que les deux films n'étaient pas non plus en version DVD...piratage, piratage. D'ailleurs avant que vous focalisiez là dessus, je tiens à dire pour ma défense que ma DVDthèque contient quelque chose comme 150 films, que prochainement elle va s'enrichir de quelques bluray et encore un paquet de DVD et que je ne suis jamais le dernier pour payer ma place de cinéma. Enfin Bref...

Après cette longue et inutile digression dont moi seul ai le secret, voici donc la raison de cet article. Les deux films que j'ai regardé cet après-midi sont dans un genre que j'appelles Twister. A savoir que la fin me provoque un profond sentiment d'idiotie. Et pour cause, je me suis fais roulé pendant plus 1h30, jusqu'au twist final.

Je vais donc vous parler d'une série de films et de jeux, ou systématiquement le réalisateur, le scénariste, le game designer, bref le créateur de l'œuvre et son équipe, m'ont dupé mais en beauté. Je ne vais pas parler de banaux thrillers que j'aime au demeurant regarder où jouer. Non je vais vous parler de films que j'ai retenu, d'abord parce qu'ils sont bons, que je les aime particulièrement (je suis cinéphile pas expert en cinéma) ou qu'ils m'ont marqué par leur scénario toujours surprenant...parfois décevant. Je vais exposer aussi les thèses que je fomentais dans ma tête avant de me prendre une claque, et pour quelques uns, ce que j'aurais préféré avoir comme dénouement.

Les deux types de Twist:

En fait dans ce type de film, j'ai discerné deux catégories. Il y a ceux qui pendant la quasi totalité du déroulement ne laisse aucun doute, nous font adhérer à une thèse précise tout en maintenant un suspens lié à la résolution de cette thèse, pour finalement complètement renverser la vapeur dans la dernière partie du film. La deuxième catégorie est plus énigmatique, on se demande franchement ce qui se passe, on spécule énormément et au final, la solution n'est jamais celle qu'on croit. Dans un cas on connaît la solution, mais en fait pas du tout, et dans l'autre on ne la connaît pas et la fin n'est absolument pas la où l'avait imaginé.

Attention je divise pour chaque film et jeu le récapitulatif en deux parties. L'une est un court résumé de l'intrigue sans spoiler, l'autre contient la fin et mes spéculations...garde à vos yeux, vous êtes prévenu.

 


 

The Others:
Le film de Alejandro Amenàbar (réalisateur d'Ouvre les Yeux et scénariste de son remake Vanilla Sky) met en scène Nicole Kidman en mère de famille protectrice habitant dans une vieille bâtisse avec ses deux enfants. Ceux ci ont une grave maladie malheureusement incurable, qui les empêche de rester au soleil. Dans le cadre sombre de la maison, tous rideaux tirés, la petite famille va assister à d'étranges phénomènes qui coïncident avec l'arrivé de nouveaux domestiques.

SPOILER ZONE:
The Others (Les autres en français) fait plutôt partie de la catégorie une. Tout le déroulement du film suggère que la maison est hanté. Amenàbar se sert d'ailleurs admirablement bien de sa maison, à tel point qu'aucun effet spécial n'est nécessaire pour faire monter la sauce. Tout se joue sur les plans de caméra et la suggestion. En parlant de suggestion, il m'est venu rapidement à l'idée que les nouveaux venus n'étaient pas étranger à toutes les bizarreries qui se trame dans ce cadre assez oppressant. Il y a la découverte de tombes à leurs noms, d'un album de morts où leur photo apparaît et puis il y a ces quelques bribes de conversations entre les domestiques en question que l'on veut bien nous glisser histoire de nous encourager dans cette voix. Les fantômes se sont eux et ils veulent emporter ma belle Nicole dans la folie. Seulement voilà, quelques petites choses me taraudent durant tout le film. Les réflexions des enfants qui parlent d'un changement brusque de la part de leur mère quelque jours auparavant. Le retour pas vraiment en grâce du mari partie à la guerre qui par sa fuite de la maison prouve que le brouillard empêche Nicole de partir...mais bon j'ai pensé ne pas avoir complètement faux, et que la fin m'expliquerait ces légers faux plis dans mon résonnement.
Au final je me suis fait avoir en beauté! La maison est bien hantée...seulement les fantôme ce sont eux, Nicole et ses deux enfants, révélés au court d'une incroyable séance de spiritisme. Les domestiques sont également décédés, et ne cherchaient qu'à faire entendre la vérité à la mère de famille. Sous le poids de la disparition de son mari à la guerre, elle a craqué et décidé de tuer ses propres enfants avant de se donner la mort. C'est ce qu'on appelle se fourvoyer. Je tire mon chapeau à Amenàbar qui vraiment pour le coup sort un twist assez bluffant pour un film très maîtrisé. On a la bonne hypothèse mais pas les bons protagonistes.

 

Shutter Island:
Adaptation d'un roman de Denis Lehane par Martin Scorsese, le film marque la quatrième collaboration du réalisateur avec l'excellent Leonardo DiCaprio. Ce dernier campe Tobby Daniels, un US Marshals qui part enquêter sur la disparition d'une patiente de Shutter Island, hôpital psychiatrique de haute sécurité. Accompagné de son collègue Chuck Aule, Tobby commence l'enquête, mais tout le monde ne semble pas coopératif.

SPOILER ZONE:
Encore plus que The Others, le film de Scorsese est dans la catégorie numéro une. Quand dans le premier il n'est jamais vraiment dit texto que ce que l'on voit, ou que l'on croit est vrai, dans Shutter Island, pendant deux bonnes heures on est persuadé de suivre l'enquête infructueuse de DiCaprio qui met peu à peu à jour un potentiel complot. On s'interroge certes, mais jamais sur le bon sujet en fait. Je me suis tellement attaché au héros que je pense avoir manqué de jugeote. Jusqu'à ce que le film balance une fin que j'aurais due voir venir. DiCaprio est un patient de l'île qui refuse de voir la vérité en face. Pire toute l'enquête n'est pas une illusion de son cerveau malade de culpabilité, mais carrément un jeu de rôle que son psychothérapeute a organisé dans le but de le mettre face à son démon, le meurtre de sa femme elle même infanticide. Le twist fait tomber de haut, mais par pallier. Si je n'étais à aucun moment persuadé de la fin, j'ai sentie que l'on allait sévèrement entubé le héros de l'histoire. Malheureusement si l'ensemble est pour moi très réussi dans la mise en scène et bien amené pour cette fin, j'ai trouvé le tout un peu facile. Faire du héros un fou parmi les fous, je ne sais pas il y a un goût de peut mieux faire.
Et c'est là que la machine à spéculation se met en marche. La toute fin pose l'idée qu'Andrew (DiCaprio qui se prend pour Tobby, un marshal) replonge dans son hallucination, car il entend bien sortir de l'île. Se confiant à son coéquipier imaginaire Chuck (en réalité son psy) il signe ainsi sa lobotomie, car il n'a pas accepté la réalité. Ca c'est pour la lecture directe. On peut aussi prendre ça pour un vœu de suicide. Volontairement Andrew se fait passer pour un fou en pleine rechute, il pourra ainsi se libérer du poids de la mort de sa femme, une fois son cerveau réduit à néant. Ou alors...on peut émettre l'hypothèse qu'au final il est bel et bien Tobby Daniels et qu'il est victime d'un complot vraiment malsain. Là par contre un deuxième visionnage s'impose parce qu'à chaud il ne me semble pas voir d'éléments qui au final étayent cette hypothèse. Je pense que je spécule surtout parce que je me suis bien fais avoir et que j'ai cru en ce héros.

 

Jacob's Ladder:
Le film d'Adrian Lyne (réalisateur entre autres de Flashdance ou Proposition indécente) met en scène Tim Robbins dans le rôle de Jacob Singer, employé de la poste new-yorkaise qui est en proie à d'étrange vision, une sorte de cauchemar éveillé qui peu à peu lui remet en tête son passé lors de la guerre du Viêt-Nam. Devient-il fou?

SPOILER ZONE:
C'est le cas le plus intéressant. Jacob's Ladder est un peu particulier dans le genre twister. Il mélange habilement les deux styles. On a un twist final qui répond aux interrogations, mais en même temps on était pas mal dirigé dans une certaine direction. Je m'explique.
Il y a une alternance entre flash-back et présent. Le seul soucis c'est que pendant tout le film, on se fait parfaitement mené à la baguette. En effet on a toujours l'impression que le présent c'est New York et que le Viêt-Nam est dans les souvenirs de Jacob. Au début du film on le voit se faire poignarder au combat, et hop! Il se réveil dans le métro en touchant sa cicatrice à l'endroit du coup. Ce simple élément m'a amené sur une fausse piste dès le début et c'est là que le film de Lyne est admirable. En effet quand Jacob voit des monstruosité, on a l'impression qu'il hallucine dans la réalité et voit des choses qui n'existe pas. Des visages difformes, des scènes surréalistes et rapidement on se demande si ce n'est pas quelque chose de magique ou d'aberrant qui se passe dans sa réalité, alors qu'en fait il n'hallucine pas dans la réalité, il hallucine la réalité. Encore une fois je ne me pose pas les bonne questions.
Quand je repense au film, je me rend compte que les pseudo flash-back sont dans un ordre chronologique. En fait il ne rêve pas du Viêt-Nam chaque fois qu'il hallucine dans New York, il hallucine New York chaque fois qu'il perd connaissance au Viêt-Nam suite à sa blessure. Il fantasme la continuité de sa vie. Mais au final il meurt. Après je ne me lancerais pas dans des explications sur les différents éléments donnés, je pense que le film mérite une thèse et certains l'ont sûrement déjà fait (mieux que je ne saurais le faire).
Le twist final est donc complètement dingue, mais surtout il est complètement voilé par des ficèles de réalisation que je connais et qui ont été utilisées à l'envers. On me fait passer la réalité pour un flash-back...incroyable. De plus le film peut être encore réinterprété de différentes manière si on le revoit et ça c'est rare.

 

 

The 6th Sense:
Sixième Sens (The 6th Sense dans sa version originale) est le film de M. Night Shyamalan. Il est à ne surtout pas confondre avec Le Sixième Sens (Manhunter dans sa version originale) de Michael Mann qui est l'adaptation de Dragon Rouge, premier opus de la trilogie littéraire (désormais tétralogie) Hannibal Lecter de Thomas Harris. Dragon Rouge qui d'ailleurs aura le droit a une deuxième adaptation avec Edward Norton beaucoup plus récente que les films précédemment cités!
Je disais donc Sixième Sens raconte l'histoire de Coal Sear (interprété pas Haley Joel Osment enfant prodige d'Hollywood) un garçon possédant le don très particulier de communiquer avec les morts (le fameux «I see dead people»). Malheureusement ces êtres ne sont pas toujours bienveillant et l'enfant s'enferme dans un peur constante, jusqu'à sa rencontre avec Malcolm Crowe (Bruce Willis) un pedopsychiatre qui va l'aider à a retrouver l'origine de cette faculté.

SPOILER ZONE:
Sixième Sens c'est un peu le cas d'école. Le premier film que j'ai vu avec un twist pareil! A cause de son déroulement, personnellement je le vois dans la catégorie deux. On se pose beaucoup de questions sur le pourquoi et le comment des visions du jeune Coal. Parallèlement il y a une enquête que l'on suit, le tout étant dès le début dans une ambiance fantastique. Rien ne laisse particulièrement présager de ce qui va clore l'enquête ou ce qui donne cette particularité à Haley Joel Osment. Le truc c'est que personnellement j'étais sûr que cela allait aboutir à une fin assez terre à terre, le gamin n'ayant que des intuitions très fortes et pas des contacts avec des réminiscences d'humains. Je pensais que Bruce Willis ramènerait ce qui cloche à la surface. Mais la fin met un uppercut! Non seulement Coal a vraiment des visions de morts mais en réalité son psy est déjà mort depuis le début...Le plus gros «What The Fuck?!» que j'ai ressentie dans un film. Alors pour mon hypothèse pour le coup supra foireuse, j'étais assez jeune quand j'ai vu le film.
En l'occurrence, Shyamalan mène très bien sa barque. Plusieurs scènes laisse entendre que Bruce Willis a toujours des contacts avec sa femme ou des personnes vivantes finalement, mais jamais ce n'est explicitement démontré. Seulement sans connaître la fin, impossible de se prendre ses scènes pour autre chose que le quotidien du psychiatre.

 

Les autres films de Shyamalan:
Suite au succès de Sixième Sens, qui pour ma part a éclairé ce pan du cinéma qu'est le film à twist final, Shyamalan a fait d'autres films suivant le même genre de schéma, avec une grosse révélation finale. The Village ou Signs, et récemment Phénomènes (à ne pas confondre avec Phénomène sans le «s», un bien bon film de John Turteltaub avec John Travolta).

SPOILER ZONE:
Je dirais que malgré un certains sens dans le placement de l'intrigue, ces trois films m'ont déçu, voir carrément dégoûté concernant Signs. Tout simplement parce que le choix de Shyamalan se place à mon sens à chaque fois dans la facilité ou parfois le ridicule. Chacun des twists est surprenant, mais au final la fin n'est jamais assez ouverte pour qu'on puisse spéculer sur autre chose, contrairement à Sixième Sens qui laisse tout de même planer la question du don de son personnage principal. Dans Signs, ce sont bien les extra terrestres...dans The Village, la découverte est plus impressionnante mais au final si le réalisateur avait laissé planer le doute sur le tueur (comme par exemple montrer parallèlement le tueur costumé mort et un possible VRAI monstre) le film aurait pris une autre dimension je pense. Phénomènes lui est carrément abusé, le cul entre deux chaises. On a l'impression que même Shyamalan trouve son scénario nase. Le traitement des personnages entre sérieux et scènes décalées, ainsi que l'explication de la fin (les plantes qui attaque la Terre) rendent le tout assez peu convainquant pour moi. Le genre de twist que j'aurais préféré ne pas voir.

 

 

 

Fight Club:
Le film au combien culte de David Fincher (Se7en, L'Etrange Histoire de Benjamin Button) parle du changement de vie d'un homme incarné par Edward Norton suite à sa rencontre avec Tyler Durden (Brad Pitt) sorte de prêcheur de l'anarchie. Lâchant sa vie monotone de consommateur de produits Ikéa, de faux malade, de faux vivant, il va se lancer dans la création du Fight Club avec son nouvel ami, un lieu où seul compte de ne pas être ce zombie du quotidien. Au fur et à mesure, Tyler donne de nouvelles ambitions à ce Fight Club...

SPOILER ZONE:
Au delà de dire que ce film est probablement mon deuxième film préféré (après Nightmare Before Christmas de Tim Burton) je vais vous parler du tournant bizarre que celui-ci prend vers sa bonne moitié. La vie dissolue de Edward Norton semble tournée vers son amitié avec Tyler, et son attachement au Fight Club où il sent enfin sa liberté. Cependant, comme le film se passe dans la tête du narrateur (il n'a pas de nom) on en vient rapidement à savoir où en est son état psychologique. Et quand on sent que cette création commune à lui et Tyler lui échappe, on commence un peu à se demander quel est ce plan secret, qu'est-ce que fait Tyler, pourquoi il abandonne son ami finalement. Je serais bien incapable de dire si je place Fight Club alors dans la case une ou deux de ma catégorisation. Tout ce que je sais c'est qu'au moment de la disparition de Tyler, j'ai pensé (suite à une suggestion faite dans le film) que celui ci avait changé de visage pour prendre l'apparence de Edward Norton. Ceci aurait expliqué que beaucoup de membres du club dont certains semblent connaître le plan, saluent avec respect Norton comme leur chef...et l'explication finale en est d'autant plus incroyable et sacrément bien vue. La double personnalité du protagoniste. Impossible à remarquer le premier coup.

 

Je termine donc sur la première partie de cet article spécial «quand les réalisateurs me prennent pour une bille» je reviens prochainement avec encore un film (The Prestige) et les jeux qui m'ont fait péter des câbles tellement je n'ai rien vu venir!