Quand on est un peu geek sur les bords, qu'on a lu quelques comics, on arrive régulièrement à se voir dans des collants colorés, volé entre deux immeubles de New York sur fond de Hero de Chad Kroeger...ou c'est juste moi ? Quoi qu'il en soit, quand j'ai commencé à entendre parlé de Prototype, j'ai été d'abord enthousiasmé, puis vaguement intéressé, puis le temps faisant son office j'ai complètement oublié ce projet. Alors comment me suis-je retrouvé avec le jeu dans ma console à peine 3 jours après sa sortie. Et bien période de vache maigre obligeant, il n'y avait rien à se mettre sous la dent. Et c'est ainsi que, me rappelant aux bons souvenirs des premières images, je me suis enflé moi même de 70€. La vie de gamer est parfois rude...

 

Un super héros, super vilain (comment ça on attaque pas le physique?)

 

Le jeu démarre pourtant avec l'une des cinématiques les plus classes que j'ai pue voir; sincèrement jetez-y un coup d'œil en HD si possible. On y découvre le héros Alex Mercer. Celui-ci nous fait une petite démonstration de son potentiel destructeur avec griffes, lame et autres poings surdimensionnés. Car en fait Alex n'est pas vraiment un Superman, ni un Spiderman. Il se placerait plutôt comme un croisement entre Hulk et Mr Fantastique. Comment a-t-il obtenu ses pouvoirs? un bon p'tit virus des familles qui lui l'a propulsé au rang de semi-dieu quand il a transformé le reste de la population new-yorkaise en zombies décérébrés ou en monstres énorme et increvable (je reviendrais sur ce point plus tard). Alors non la trame n'est pas un modèle du genre. Le virus est mis en place par des militaires pas gentils, ou peut-être est-ce plus compliqué que ça (teasing teasing)? Finalement on s'en moque un peu d'autant que le tout n'est pas très bien raconté. Les cut-scenes balancent les infos au compte goûtes et on a des complément d'information via l'absorption de personnages important...peu éclairant.

 

La plupart des hommes au(x) pouvoir(s) deviennent des méchants

 

Car oui Alex, héros à capuche, blanc, à priori brun (pas de prise de risque sur le design) se détache de la masse par ses différentes aptitudes. Outre ses bras qui peuvent prendre les formes précédemment citées (griffes et cie) celui-ci possède l'étrange capacité d'absorber les gens (zombifiés ou non). Lorsque la personne n'est pas touchée par le virus, on peut l'attraper par le collet et au choix l'envoyer paître ou prendre son apparence. Ceci permettant d'échapper à la surveillance maladive des militaires. C'est plutôt drôle et efficace, et cela marche sur les membres des forces de l'ordre si bien que l'on s'imagine déjà les possibilités d'infiltration. Mais attention, Prototype est un jeu de brute! Cette option ne sera d'ailleurs pas vraiment exploité, et tant mieux à la rigueur. Mieux vaut pas d'infiltration que de l'infiltration raté.

En effet, ici on nous a donné clairement la possibilité de se livrer à un massacre en règle. Rapidement la sauce prend bien. Le héros se déplace de façon très agile et rapide, rappelant le Vamp de Kojima et frappe avec puissance. Chaque agression donne lieu à un effet gore, tranchage de corps en deux, explosion de la boîte crânienne et j'en passe. On sent que la possibilité d'être un gros vilain est très tentante. A l'instar de beaucoup de jeux, on commence avec la totalité des pouvoirs que l'on nous reprends au bout de 5 minutes sous prétexte d'un flash-back. On retrouvera ceux-ci petit à petit et la progression est plutôt agréable. On ressent vraiment des choses géniale dans un premier temps, d'autant que si l'île de Manhattan n'est pas aussi grande qu'un Liberty City elle permet un certain sentiment de liberté dans les déplacements. Mais c'est bien là que commence à apparaître les limites du jeu.

 

Pourquoi tant de violence ?

 

D'abord j'ai dis "dans un premier temps". Pourquoi? parce que s'il sera apparu à tous le monde qu'il est bien enthousiasmant au premier abord de se faire une varappe expresse sur l'Empire State Building, de sauter d'immeuble en immeuble et de faire des tranches avec des zombies par dizaines, il apparaîtra également qu'au bout de 3H de jeu on commence déjà légèrement à se lasser de répéter les mêmes actions. La ville de plus malgré sa grandeur n'offre pas grand chose à faire; un concours de saut en parachute sans parachute, une petite course et quelque objectif kill. Bref rien de bien enthousiasmant. On se tourne alors vers la mise en charpie des immondices de la ville et là le jeu se révèle être un calvaire pour les nerfs.

On progresse dans l'histoire en prenant des missions ayant peu ou prou le même objectif, désinfecter la ville. Cela passe par des interminables séances de ménage. Et si au début les zombies sont juste stupide et meurt en un coup, on nous oppose rapidement des monstres bien plus gros et plus résistant. L'ennui c'est que le jeu déjà ne maîtrise pas vraiment les combats. La plupart du temps on arrive pas vraiment à faire ce que l'on veut, et au bout d'un moment on finit par tuer tout le monde de la même façon avec une ou deux méthode cent fois plus efficace que toutes les autres. Le tout dans un fouillis incroyable, et avec un manque de précisions déconcertant. On s'arrache les cheveux quand on meurt (pratique quand on a pas les moyens d'aller chez le coiffeur).

Mais là où cela devient très grave c'est qu'en plus d'être brouillons, les combats sont d'une difficulté stupide! Pas le genre à vous donner les clé pour gagner, contre un ou deux individus balaises. Ici on affronte cinq ennemis du même type qui attaquent en même temps, et qui ont une barre de vie à pleurer. Rapidement la crise de nerf guette...et le drame c'est que cela concerne déjà le mode normal. Que faire quand on essaye de tenir à l'écart un ennemi à abattre, et que les cinq autres vous facilitent le transite intestinal par derrière. La puissance ne sert alors à rien. On peut bien utiliser un véhicule mais la maniabilité n'est décidément pas au top. Avec un peu de bol et en utilisant correctement les routine d'IA (pas bien développées) on finit par venir à bout de séquences aberrantes. Je pense notamment à deux boss, l'un se situant à time square et l'autre étant le boss final, qui ne nécessite aucune technique particulière (il n'y a pas de routine à déclencher) mais juste des nerfs d'acier pour résister à l'envie de jeter la manette sur l'écran devant des assauts insensés . Ou encore à un moment précis ou il faut protéger une machine pendant des plombes, alors que les agresseurs qui refusent de mourir, arrivent par lot de quatre et que les coup que l'on porte à ses abrutis agglutinés ne font que réduire la machine en morceaux. Et des situations comme celle là il y en à la pelle.

En bref l'action est l'une des plus frustrante que j'ai jamais connu dans un jeu. Et pourtant avec un peu de calibrage et de bon sens dans le ratio force donné/ force affronté on aurait franchement put prendre son pied.

 

Jean-Marie Pocrite: "C'est la beauté intérieur qui compte"

 

Pour finir d'achever le tableau, parlons un peu de la technique. Après une introduction en images de synthèse impeccable, on a un certain choc de voir la plastique du jeu. Pas complètement hideux (n'exagérons rien) au vu de ce qu'il y a à afficher comme monde et comme décors sans ralentissement, cela tient à peu près la route, si on est pas trop regardant. Cependant il faut tout de même admettre que les textures sont relativement simpliste et que si le héros n'est pas ultra détaillé, lui au moins à un skin différent des trois clones que l'on retrouve inlassablement dans le jeu. En clair la répétitivité ne tient pas qu'au gameplay; visuellement cela manque cruellement de personnalité et de diversité. Le tout n'est objectivement pas folichon.

 

 

Passer les trois premières heures de jeu aux sensations franchement palpitantes, Prototype va entamer vos ressources nerveuses. Au début sournoisement en vous endormant dans une routine des plus chiantes, puis violemment en vous proposant des affrontement sans queue ni tête et d'une difficulté privée du sens même de ludisme. Ne pouvant même pas compter sur une personnalité quelconque ou une technique forte, le jeu perd tout de son potentiel de manière désespérante et s'enfonce dans les tréfonds du jeu vidéo. Dommage tant la première perspective peut avoir bon goût. Comme quoi la première impression est souvent la mauvaise...