Je viens tout juste de finir Uncharted 3 et c'est ce titre que j'ai choisi de juger afin de m'initier à l'écriture d'un test. Je n'aborderai que le solo n'ayant pas essayé le multi.

J'essaierai au maximum d'éviter de dévoiler des éléments de l'intrigue mais comme je souhaite axer certaines parties de mon argumentation sur la mise en scène et le scénario je préviens d'avance à toute personne n'y ayant pas jouer ou ne l'ayant pas fini de quitter ce test.

On s'y colle

 J'avais en mémoire tous les agréables baffes qui m'avait octroyé le second opus et c'est avec beaucoup d'espoirs que j'ai enfourné la galette contenant Uncharted 3 dans ma PS3.

C'est engoncé dans mon lit face à mon mètre de diagonale signé Sony que j'ai entamé le premier chapitre, dynamique, efficace et qui m'a étrangement donné l'envie d'une pinte de Guinness.

 Au bout d'une dizaine d'heure de jeu et après avoir clos le dernier chapitre je n'avais qu'une seule envie, faire un bond dans le temps, me procurer le quatrième volet et me replonger dans l'univers de Drake tout en espérant que seraient gommés les imperfections de ce troisième opus.

 Sous ses plus beaux apparats

 Comme la grande majorité des joueurs et des testeurs je ne peux qu'encenser la qualité graphique globale du titre. Quelques bémols cependant essentiellement sur la première moitié du jeu. Il m'a paru évident que le travail minutieux qui avait été entreprit sur le second opus avait par endroit été oublié dans ce troisième, vraiment rien de méchant juste trop de répétitions sur un escalier, des zones singulièrement vides. Mais également une cinématique qui m'a paru faire tâche lorsque notre cher Drake sort d'un aéroport. J'en reste là car le reste est vraiment trop irréprochable pour continuer à souligner ces quelques défauts très TRES mineurs. On le répète, Uncharted 3 est l'un des jeux, si ce n'est le jeu qui maîtrise le mieux la palette de couleur et les effets de lumière sur les consoles de salon actuelles. Et que dire de la finesse des textures qu'il arbore et des matériaux que le moteur de Naughty dog est capable d'afficher. C'est techniquement incroyable sur un hardware qui vient de fêter ses cinq ans.

 Les cinématiques jouissent d'un rendu qui n'a pas à rougir face à certains films d'animations. L'aliasing est tout simplement absent de celles-ci et cela reste l'élément qui transige le plus avec le rendu des phases de gameplay. C'est une constatation qui tend à prouver qu'une certaine limite technique est atteinte bien qu'il soit toujours possible d'optimiser encore un peu.

 Fais ce que je te demande b***** !

 En ce qui concerne le gameplay je dois avouer avoir toujours eu un peu de mal avec la saga Uncharted pour une raison simple : Pourquoi diable ont-il paramétré le même bouton pour les roulades et la couverture ? Je cours vers un mur je veux me mettre à couvert et irrémédiablement ce bougre me fait une roulade et j'ai toujours trouvé qu'au delà du manque de maniabilité ça cassait le rythme. Globalement le système de couverture mériterait un ajustement. Le renvoi des grenades m'a semblé également très approximatif.

 Concernant l'animation, même si des améliorations se font sentir, les contacts et les interpolations entre elles ne sont pas sans défauts. Le rajustement de sa position lors des sauts est parfois troublante et certaines animations lors de la montée et la descente d'échelles entre autre sont perfectibles.

 Cela ne freine en aucun cas l'immersion. L'action reste fluide et les cinématiques s'intègrent toujours avec une perfection insolente.

 Dieu est la machine

 J'en viens à un des points primordiaux de ma légère (Drake) déception.

 J'ai beau savoir que Uncharted est une expérience vidéoludique je ne peux m'empêcher de juger ses qualités narratives de la même façon que je le ferai avec un film. Et là je lance un appel à Naughty dog et aux créateurs de jeux en général pour qu'ils s'associent à de vrais scénaristes. Des gens capables de vous faire des retournements de situation dont la crédibilité ne ferait que renforcer l'immersion et le plaisir de jeu.

 Pour le coup dans Uncharted 3 c'est un peu du grand n'importe quoi. Entre le méchant qui pointe son nez systématiquement à la fin d'une séquence d'exploration ou d'un puzzle et les personnages secondaires qui reviennent comme par enchantement d'on ne sait d'où pour vous sauver d'une mort certaine, le constat est clair, ça ne brille pas du côté de l'écriture.

 Le concept de préparation paiement si cher à tout scénariste consiste à inclure un élément qui prépare à la résolution ou à la perturbation d'une situation future.

 Je suis pourtant très bon public, les situations abracadabrantesques ne me dérangent pas le moins du monde dans un jeu. Si Drake avait du survivre à une explosion nucléaire flanqué dans un frigo je n'aurai absolument pas bronché, c'est un jeu... Par contre il existe des façons d'amener un twist. Il en va d'un film comme d'un jeu. Pour exemple je prendrai la séquence de la montée dans l'avion qui fait exception. Le regard d'Eléna qui repère la jeep et la facilité avec laquelle elle accepte de partir laissant Drake un peu désabusé, tout concorde avec son retour pour l'aider.

 Il faut bien évidemment faire des choix dans la réalisation d'un jeu, je le conçoit, cependant le monde vidéo ludique est arrivé à une maturité où il serait temps de proposer aux joueurs autre chose qu'une pléthore de Deus ex machina à répétition surtout dans le genre dans lequel s'inscrit Uncharted.

 On aurait pu penser que Naughty dog allait faire un peu plus d'efforts en ce qui concerne les phases de gameplay. Mais force est de constater que nous avons également à faire à une redite de la précédente copie. Que ce soit les phases de grimpettes et leur inévitables éboulements et les séquences de poursuites sur les toits ou à cheval derrière une file de camions, une grande partie de ce qui nous est proposé à un arrière goût de déjà vu. Je me suis même dit à un moment, « Mais il manque la séquence du train ? ». Et c'est vrai qu'une jolie séquence de plateforme sur l'orient-express aurait pu y avoir sa place.

 Je tempère mes propos en soulignant que j'ai trouvé la seconde partie du jeu plus inventive à partir du chapitre se déroulant dans le cimetière de bateaux que je trouve être l'un des meilleurs passage du jeu. J'aurai cependant aimé plus de phases cognitives et d'exploration. Les rares présentes sont globalement trop faciles et dirigées à mon goût.

 Il me reste à déplorer un « level design » trop proche du second volet qui aurait mérité plus d'audace mais la nécessité de produire une suite sans trop tarder à probablement contraint les game designers à ne pas trop s'éloigner du précédent épisode pour des raisons pratiques autant que techniques sans doute.

 En ce qui concerne les relations entre les personnages, les concepteurs auraient tout simplement pu évacuer Chloé car à aucun moment sa présence au début du jeu n'est réellement justifiée. Le personnage de Cutter, une sorte de Jason Statham claustrophobe, est plutôt sympa malheureusement  les créateurs s'en sont débarrassé de façon un peu expéditive également.

 Le tandem Drake/Sully constitue le pivot de l'intrigue et nous éclaire sur leur passé tandis que le couple Drake/Elena nous en apprend un peu plus sur les suites de leur relation après le second opus. Leur attirance instinctive et les caractères qui les opposent sont assez justement retranscrits par quelques cinématiques intimistes. C'est le genre de chose dont les créateurs ne devraient pas trop se priver à l'avenir.

 Du reste, j'ai personnellement trouvé que l'humour et les petites réactions de Drake face à son environnement étaient globalement moins présentes ou trop diluées. Peut-être un effet de la non surprise que provoque le titre.

 Il est également à noter le grand nombre de références à Indiana Jones dans cet opus qui si on ne les prend pas comme un hommage pourraient passer pour du léger pompage.

 Pour conclure sur la partie narrative, je pense avoir été très dur précédemment. A aucun moment je ne me suis ennuyé ni me suis senti frustré et cela vient en grande partie d'une mise en scène des plus efficace. Je suis intimement persuadé que les défauts qui caractérisent la scénarisation seront une part importante des modifications qu'apporterons les concepteurs à un hypothétique quatrième opus, en tout cas je le souhaite.

 Ardu ?

 Je n'ai pas éprouvé de difficulté particulière à finir le jeu. Certains passages donnent quelques sueurs froides et même si l'ia est perfectible j'ai trouvé qu'elle arrivait à surprendre assez fréquemment en agissant de façon plus offensive que dans le second.

 L'absence de boss caractérisé ne m'a pas déplu, ce n'est pas le genre de jeu ou j'aime me retrouver face à un body-builder à demi invincible comme ça pouvait être le cas dans le deuxième volet.

 Verdict

choisir entre lui adjuger quatre ou cinq étoiles n'a pas été facile...Mais au vu des nombreuses critiques que j'émets au sujet de ses qualités narratives j'ai opté pour quatre.

 Uncharted 3 se repose sur des acquis très maîtrisés qui le place loin de sa concurrence, si concurrence il y a et c'est pour cette raison que j'ai souhaité souligner les points qui lui font défaut et caractérisent la majeur partie des blockbusters vidéoludiques. Pour paraphraser Rahan, Uncharted est bien au sommet de sa dune et je doute qu'il en tombe.

 Les qualités de mise en scène et esthétiques et le soin apporté aux environnements sont ses plus grandes forces. Faut-il finalement essayer de les pousser plus loin ?

 Les éléments scénaristiques et l'influence des relations entre les personnages sont à mon sens à améliorer afin que les aventures de Drake, Sully et Elena se rapprochent encore un peu plus de la perfection vidéoludique.