Ce test ne concernera que l'extension Lost and the Damned. Si on compare l'extension Lost and The Damned à The Saboteur, ou plus récemment Mafia 2, Rockstar nous vend pour moins cher un jeu plus complet. J'ai donc pris la liberté, au vu du contenu et de la durée de vie, de noter cette extension comme un vrai jeu plutôt que comme un DLC.

Les corrections par rapport à Grand Theft Auto 4

Au lieu de commencer par des missions anecdotiques de type conduire une personne d'un point A à un point B, LATD rentre directement dans le vif du sujet. Je considère que c'est une très bonne chose, n'aimant pas me coltiner des missions insignifiantes pour le seul intérêt d'être soi-disant immergé dans l'univers.

Pour l'achat des armes, le revendeur viendra nous rencontrer à trois rues de là où nous avons passé l'appel, ce qui est très confortable. En comparaison, Jacob, dans GTA 4, nous retrouvez toujours sur une même petite île, ce qui devenait gavant à la longue.

Contrairement à GTA 4 ou encore Red Dead Redemption, où Rockstar cherchait à nous faire vivre le plus de choses possibles quitte à perdre toute vraisemblance, LATD ne se disperse pas. Aucune mission en hélicoptère, ou de course-poursuite en bateau. Contrairement à Nico Bellic, notre héros n'est pas un G.I. Joe. Cela permet au jeu d'offrir une aventure plus cohérente et vraisemblable.

Les courses-poursuite ne sont plus scriptées. Là où dans GTA 4, il fallait souvent suivre les ennemis durant de longues minutes avant que nos tirs fassent des dégâts, ce n'est plus le cas ici.

Il y a désormais des checkpoints, mais le système n'est pas terrible. Si on meurt, on revient au milieu d'une fusillade sans gilet par balles. Si nous sommes arrêté par la police, là c'est carrément sans aucune arme qu'on doit faire face à nos ennemis. La plupart du temps, ce système de checkpoints nous encouragera plutôt à refaire la mission du début.

Scénario et univers

Nous avons malheureusement affaire à du pur Rockstar. Si les personnages sont bien campés, très bien doublés, avec de très bonnes gueules, le reste ne suit pas.

Alors qu'ils brassent de grosses affaires de drogue, de vente d'armes et de vol de motos, nos motards vivent dans un squat pourri. Notre héros, vice-président du gang (donc second dans la hiérarchie), dort sur un matelas miteux au milieu d'étagères remplies de boîtes en cartons. Pas vraiment crédible tout ça.

De même pour le scénario. Johnny s'inquiète lorsque son gang vole de la drogue à un gang contre lequel ils sont en guerre. Par contre, en avoir tué une quarantaine lors des deux missions précédentes ne l'affole pas plus que ça.

À partir de là, il est difficile de croire autant à l'univers des motards fantasmé par Rockstar, qu'au personnage principal. C'est d'autant plus agaçant que rockstar semble vouloir créer un jeu réaliste sur le plan narratif.

Les liens avec GTA 4 sont sympathiques, sauf en ce qui concerne Nico Bellic. Dans ce cas-là, le lien scénaristique tient surtout du clin d'oeil inutile, et nous gratifie aussi d'une mission sans intérêt. Les autres missions où apparaît Nico Bellic sont un copier/coller (pas désagréable cela dit) de GTA 4. 

Rajoutons que les petites piques puériles concernant l'Amérique commencent à être fatiguantes. Le scénario et l'univers sont donc les gros points faibles du DLC de Rockstar, comme c'est d'ailleurs le cas dans GTA 4 et Red Dead Redemption.

Le gameplay

De loin, les gunfights manquent réellement de punch. On est loin des sensations d'un Uncharted 2. De près, ils gagnent en intensité, grâce aux ennemis qui réagissent à chaque impact de balles. Le réticule de visée (j'ai joué sans assistance) fait souvent des siennes lorsqu'on est en couverture, ou dans un couloir étriqué.

Cela reste tout de même le meilleur système de gunfights qu'on peut trouver dans un open-world.

Les missions principales et secondaires sont très orientées vers le gunfight et la course-poursuite. Il y en a dans le lot de sacrément fun et spectaculaires. Pour autant, Rockstar parvient parfois ici et là à varier les plaisirs sans se disperser.

Les missions annexes (donc sans scénarisation) sont de trois types ; Baston, où nous devons poursuivre un gang adverse et l'éliminer. Répétitives mais sympatjiques, ces missions permettent de se faire rapidement de l'argent lorsqu'on en manque.

Le vol de moto ; très sympathique car chaque cas est unique, mais si ces vols ne rapportent pas gros.

Les courses de motos ; j'ai essayé d'en faire une plusieurs fois, mais, même si la conduite en moto est plus aisée que dans GTA 4, les courses peuvent devenir facilement frustrantes. Il n'est pas rare qu'on soit dévié de la trajectoire par un élément du décor, par un freinage un peu trop brutal, et alors tous nos adversaires nous dépassent.

Durée de vie

En faisant un tiers des missions annexes, il m'a fallu une quinzaine d'heures pour finir TLAD. J'en conclus donc qu'il monte à la vingtaine.

C'est un sacré contenu, d'autant plus que les missions sont en majorité conséquentes et pleinement satisfaisantes, surtout comparées à Red Dead Redemption, ou encore The Saboteur.

Le manque de réalisme influe sur le gameplay

Si Rockstar avait pondu un univers de motards plus réaliste, il y a un genre de mission qui aurait pu être très sympa ; le vol de planque. Les planques des motards sont de véritables forteresses, et c'est une réelle humiliation lorsqu'ils se la font voler par des ennemis.

Un nouveau type de mission donc, qui aurait également permis de disséminer des points de sauvegarde sur toute la carte. Ici, nous n'avons que deux endroits où sauvegarder, assez rapprochés en plus. Cela permet de nous attacher en quelque sorte à notre quartier, mais d'un autre côté, la vie des motards criminalisés reposant en partie sur la conquête de territoire, nous perdons encore à la fois en réalisme, mais également en fun.

The Lost and The Damned, à l'époque des DLCs de la honte contenant la vraie fin d'un jeu et des packs de skin vendus une fortune, est une extension tout ce qu'il y a de plus respectable. Beaucoup de contenu, véritable jeu complet vendu moins cher. Si Rockstar pouvait se pencher un peu plus sur les scénarios et les univers, nous aurions véritablement un grand jeu. Malheureusement, si la réalité dépasse parfois la fiction, Rockstar a, une fois de plus, préféré la fiction.