Voilà un titre qui a fait rêver les afficionados en manque de RPG sur PS3. Personnellement, il m'a surtout assez déçu.

Techniquement, le titre est plutôt faiblard. Comme de nombreux jeux japonais sur next-gen, Valkyria Chronicles n'exploite pas les capacités de la machine sur laquelle il tourne. Cela dit, le jeu est très joli si on ne s'arrête pas à ces considérations. Lisible, clair, le charmant style de cel-shading crayonné, même s'il sert en partie à masquer la faiblesse technique du titre, est agréable et sympathique.

Les champs de bataille sont bien pensés et variés, avec un beau rendu. Bien que l'objectif soit souvent le même (occuper le camp adverse), la façon de procéder pour y arriver diffère à chaque fois grâce à un level-design souvent astucieux. Le jeu se prend facilement en main, et le mélange de tour par tour et de temps réél est assez original pour plaire.

On regrettera par contre assez vite que la plupart du temps, le jeu ne permet pas véritablement de créer sa propre stratégie ; il s'agit plutôt de découvrir par l'erreur comment on va procéder. Lorsqu'on découvre une nouvelle campagne, une première partie, où généralement on perd, nous permet de repérer les forces ennemies. La seconde permet la victoire sans grande difficulté, car on sait quelles types de troupes utiliser et où frapper l'ennemi. Cela est en tout cas vrai au début.

Vers la fin, on a tendance à parfois gagner du premier coup. Pourquoi ? Car la moitié de notre infanterie ne sert quasiment à rien, on s'en passe facilement la plupart du temps, pour l'utiliser de manière anecdotique sur de rares batailles spécifiques. Les scouts, soldats de base méchamment cheatés, permettent des raids éclairs car ils se déplacent très loin, notamment vers la moitié du jeu où ils deviennent redoutables. Même pas besoin de faire appel au système d'ordre spécial pour vaincre. Il reste bien entendu la possibilité de créer sa propre difficulté. Mais faire, dès une première partie, le boulot à la place des développeurs a de quoi être décourageant.

Il faut entre 25 et 30 heures pour boucler tous les chapitres du jeu (je n'ai pas fait les dernières campagnes annexes pour éviter de trop leveller, le jeu étant déjà de base trop facile), en sachant qu'une partie de ce temps est englouti dans les nombreuses cinématiques. Pour la rejouabilité, il reste à obtenir les Rangs A dans les batailles, bien que personnellement, je n'y vois pas vraiment d'intérêt.

Côté background, Valkyria Chronicles est un véritable pot-pourri pro-européen. Il y a un peu de 1ère Guerre Mondiale, une pincée de la Seconde. On y trouve la mode vestimentaire de la période napoléonienne couplée aux perruques de l'Ancien Régime, une journaliste genre bobo parisienne, tout cela baignant dans les clichés du manga japonais type avec personnages à superpouvoirs et de beaux gros sentiments bien baveux. Il suffit de voir la valkyrie, une sylphide à cheveux bleus et seins ÉNORMES, ou d'assister à la scène du cochon ailé qui chante (désolé de ce spoiler d'une importance capitale pour l'intrigue) pour savoir qu'on navigue dans le royaume de la niaiserie et du mauvais goût made in Japan.

Il ne vaut mieux donc pas trop s'attarder sur le scénario, servi par des personnages méchamment niais et une histoire où la gentilesse vaincra toujours (Bisounours a été plagié), surtout que la plupart des cut-scenes sont de simples vignettes à dialogues où apparaît le visage d'un des protagonistes. Les personnages manquent cruellement de charisme, notamment parce qu'ils correspondent tous à des stéréotypes que l'on se tape ad nauseam dans les mangas et animes.

Valkyria Chronicles est un jeu sympathique, mais sans plus. C'est un jeu japonais à l'ancienne, à la fois dans ce que cela peut avoir de charmant, mais aussi de péjoratif. Reposant sur des mécanismes et un univers old-school (pour ne pas dire d'une autre époque), on sent que le jeu aurait fait sensation sur PS2 (du moins techniquement) alors que sur PS3, il ne convainc qu'à moitié. Si l'on parvient à passer outre ses défauts, on passe un bon moment au départ.