Tous les mois sortent sur les étals de nos libraires préférés des flopées de nouvelles séries, toutes (ou presque) aussi appétissantes les unes que les autres. Pour s'y retrouver, on jette un œil sur les différentes critiques qui pullulent sur le net (on se compte dedans, évidemment^^), on fait son choix en laissant de côté d'autres titres moins aguicheurs ou jugés trop longs, en se disant "on verra ce que ça donne dans quelques tomes...", pour finalement oublier ces "seconds couteaux" qu ne demandent qu'à être de fines lames, aiguisées par l'appétit de voraces lecteurs ou lectrices. C'est donc pour rendre justice ou enterrer définitivement ces titres que cette rubrique est née! Cette fois-ci,c'est au tour de Gamaran, le shonen tranchant de chez Kana!
Le pitch de poche: Gama est un gamin un peu bêta mais pas manchot avec un sabre entre les mains.Heureusement, car dans le fief d'Unabara, ça tranche plus vite que son ombre. Alors, quand s'organise un tournoi avec en toile de fond l'avenir de l'archipel, ça donne une bonne raison à Gama de regler ses comptes avec un paternel un brin sanguin....
Pourquoi vous l'avez pas pris:
- shonen, japon médieval, sabres...vous avez dit Kenshin?
- les noms de techniques à rallonge, ça m'épuise...
- un tournoi? c'est teeeeeeeellement original...
- 22 tomes,ça commence à faire long...
Pourquoi vous auriez dû:
- Le tournoi n'est qu'une étape...Ouf!
- Des personnages secondaires à la hauteur
- Un trait simple mais hyper vif
- un mec, quand il est mort, il est....mort! Incroyable, non?
Alors, ça donne quoi?
Dans un genre où les classiques surabondent (Kenshin le vagabond et Samurai Deeper Kyo, ça vous dit rien?), il est bien difficile de se faire une place au soleil. Malgré l’écueil, Gamaran possède des qualités indéniables: une trame qui, sans réinventer la roue, prend une belle ampleur avec de nombreux coups de théâtre: elle insiste sur la complexité à cette époque de faire la bascule entre une certaine modernité un peu cynique et une ère du sabre archaïque, symbolisé par certains combats mémorables, on aurait aimé que ce soit traité moins superficiellement, mais pour le genre, c'est déjà pas si mal. Pour ce qui est de la baston, on est servis, et l'auteur sait mettre en valeur ses combattants et varier suffisamment ses effets pour éviter la redondance dans les combats (un peu moins vrai sur la fin, mais rien de bien méchant). Autre chose appréciable, c'est l'absence de retours "miraculeux", reproche habituel pour ce type de titre, dont l'absence ici renforce le réalisme (relatif, bien sûr, ça reste un shonen) des affrontements. Bon, tout n'est pas parfait non plus: on n’échappe pas à certains passages obligés (l'entrainement de la mort qui tue, par exemple) et l’intérêt pour certains combats est plus que limité. Mais, dans l'ensemble, ça passe, car les personnages secondaires, bien qu'archétypaux (le petit sérieux, la grande tige sans cervelle mais au cœur d'or, le "grand frère" un peu dark...) sont bien exploités et défendent chacun leur vision du sabre de manière honorable, bien loins de ne servir que de faire-valoir à Gama, qui gagne indéniablement en charisme au fil de l'aventure. Dans le casting, il manque juste un "bad guy" véritablement imposant, mais ça correspond finalement bien à la philosophie du titre, où ces hommes ne cherchent finalement qu'à défendre les principes qu'on leur a enseignés, voyant la modernité d'un oeil méfiant. Une vision que l'on pourrait transposer à notre époque actuelle et qui rend Gamaran si...moderne, au final! Un bon titre, pas indispensable, mais qu'il serait dommage de ne pas découvrir si vous appréciez le genre!