Qui n'a jamais rêvé
d'escalader des immeubles, de sauter d'un toit à l'autre, avant de se
laisser tomber dans le vide pour se rattraper au dernier moment à un
rebord? Pas moi en tout cas, car j'ai un peu le vertige! Mais cela ne
m'a pas empêché de jouer à Mirror's Edge, une nouvelle licence lancée
par Electronic Arts en 2009. Mais Mirror's Edge est bien plus qu'une
nouvelle licence, c'est aussi un nouveau genre de jeu, ou plutôt un
mélange inattendu entre deux genres: le jeu à la première personne et
le jeu de plate forme. Le résultat est il à la hauteur des tours que
l'on escalade ou a t on un jeu aussi plat que la poitrine de l'héroine?
Réponse tout de suite!

 

 

La première chose que l'on
peut se demander sur ce jeu, c'est évidemment ce que cela donne manette
en main. Inutile de vous cacher que durant les premières minutes, on
est un peu déboussolé. A moins d'avoir déjà joué à la démo, qui
représente d'ailleurs le tutoriel du jeu. Les vieilles habitudes ont la
peau dure, et la touche de saut placée sur une gachette au lieu de
l'habituel bouton croix, ca fait bizarre. Mais il le fallait bien. Pour
nous permettre de nous déplacer efficacement mais aussi de réaliser les
plus belles acrobaties, les développeurs de Dice ont opté pour une
configuration simple mais efficace. La touche L1 est ainsi attribuée
aux sauts, la touche L2 permet de s'accroupir ou de faire une roulade
pour bien retomber quand on saute de haut, la touche R1 de se retourner
rapidement, et les deux joysticks conservent leur rôle habituel: se
déplacer pour le gauche, regarder autour de soi pour le droit. C'est
autour de ces commandes que tourne tout le jeu. Il faut savoir que la
touche pour s'accroupir sert aussi à glisser lorsque l'on court, pour
par exemple passer sous un objet que l'on ne peut escalader. On peut
également courrir sur les murs, s'accrocher à des tuyaux ou des
rebords, se balancer, glisser le long d'un fil, etc... Bien sur si le
saut restera l'action la plus courante, le level design réussi du jeu
vous poussera à effectué des actions de plus en plus compliquées au fur
et à mesure de la progression. Si on pouvait avoir quelques craintes
sur la difficulté à savoir à quel objet on peut s'accrocher ou pas, les
développeurs ont eu la bonne idée de nous donner des indices via un
code de couleur. Ainsi dans la ville les couleurs dominantes sont
claires. Les objets qui apparaissent en rouge vif sont ceux qui vous
permettent de progresser, que vous pouvez utiliser pour sauter, vous
accrochez, etc... Ce système baptisé sens urbain, vous permettra
facilement d'identifier vos prises et le chemin à emprunter, et est
plutôt bien pensé car on pourrait mettre pas mal de temps avant de
trouver la solution sans cette aide. Toutefois il est important de
préciser qu'on peut le désactiver et qu'il n'est pas disponible dans le
mode de difficulté le plus élevé. D'ailleurs en parlant de difficulté,
Mirror's Edge n'est pas un jeu simple. Le jeu demande en effet quelques
bons réflexes et une certaine précision, sous peine de mourir très
rapidement, car un saut raté à 100 mètres du sol, ca ne pardonne pas.
Cependant si certains passages compliqués vous rendront parfois dingue,
il n'y a rien d'impossible, enfin, en ce qui concerne le coté plate
forme. Mais assez parler du gameplay, parlons un peu des sensations,
car c'est important quand même. Si on aurait pu craindre que le mélange
FPS/plate forme soit injouable ou rende certaines personnes malades, il
n'en est rien. Au début ca fait un peu bizarre, car tous ceux qui
jouent aux FPS savent que les sauts dans ce genre de jeu sont
généralement très peu précis, mais tout est fait dans ME pour que l'on
ressente le corps du personnage que l'on incarne. Quand Faith court, on
a une bonne impression de vitesse avec un champ de vision qui se
floutte un peu et les bruits de sa respiration, qui s'accélère Quand
elle tombe, elle a un petit cri de douleur. Il arrive qu'on s'accroche
à moitié à un rebord, et qu'on parte en arrière avant de se raccrocher,
pour de bon cette fois, de justesse. A certains moments même, alors
qu'on veut en faire de trop, on tombe, sur le dos. On peut aussi voir
tout son corps,  souvent ses mains et avant bras, et même ses pieds!
Cela contribue donc à renforcer l'immersion, et quand on court, on se
sent presque "vraiment" courir. On fini même pas connaitre les limites
de notre personnage, et par exemple se dire "ca va être tendu là niveau
distance" ou se féliciter d'avoir réussi un enchainement de mouvements
compliqués. Les sensations sont donc très bonnes.

 

Mais si l'aspect plate forme
est plutôt réussi, ce n'est pas le cas pour tout... Bien que la
majorité du temps on cherche à fuir les ennemis, il est aussi possible
de se battre, on a parfois pas trop le choix d'ailleurs. Le système de
combat à mains nue n'est pas si mal. La touche R2 sert à donner un
coup, et peu se combiner avec une glissade, un saut ou même après un
mouvement acrobatique pour encore plus d'effet. La touche triangle sert
quant à elle à contre attaquer lorsqu'un ennemi tente de vous attaquer
au corps à corps, et a pour effet de le désarmer et de le mettre KO.
Cela demande de bons réflexes, sauf si vous stoppez le temps avec la
touche carré. Ce "pouvoir" se recharge automatiquement lorsque vous
faites quelques acrobaties. Faire une prise à un ennemi signifie aussi
s'emparer de son arme. On ne garde jamais longtemps une arme car on ne
peut plus s'accrocher à tout lorsqu'on l'a en main, logique. Mais de
toute facon le mieux est encore de ne pas les utiliser, car cette
partie du jeu est clairement mal faite. Que ce soit les armes, qui ont
un design simpliste, ou les sensations que l'on ressent en tirant, on
voit bien que cela n'a pas du être très travaillé. Mais après tout
c'est un jeu de plate forme avant d'être un FPS. En ce qui concerne les
ennemis, qui ne sont pas très variés (deux types  d'ennemis...), ils ne
sont pas à sous estimer. Trois balles peuvent avoir raison de vous, et
un coups encaissé au corps à corps sera généralement synonyme de mort.
En plus de cela ils sont résistants. Tout semble clairement fait pour
qu'on évite le combat au maximum, et que l'on cherche plutôt à
s'enfuir.

 

Si seulement il n'y avait
que la partie armes à feu du jeu qui était ratée... Honnêtement, j'ai
voulu croire en ce jeu, jusqu'au bout, car j'apprécie le fait qu'EA ai
voulu nous proposer quelque chose de neuf et original. Mais,
malheureusement, il y a de nombreux défauts dont je ne peux faire
abstraction. Le scénario par exemple. Autant vous dire tout de suite
qu'il est raté. Dans une ville où les gens ont renoncé petit à petit à
leur liberté au profit d'une meilleure sécurité et donc d'une vie
paisible et banale, les messagers se déplacent sur les toits pour
délivrer des informations ou faire des courses. Ils sont employés par
les personnes qui ne souhaitent pas vraiment se soumettre aux
autorités. C'est pratiquement tout ce que je trouve à dire en fait. Car
il n'est jamais vraiment dit le role précis des messagers, ni qui sont
les clients. Même les ennemis ne sont pas travaillés, le maire de la
ville, que l'on peut supposé être un dictateur en puissance,
n'apparaissant même pas. Et autant vous dire tout de suite que le
scénario est très quelconque, avec un coup monté classique au possible
et des retournements de situation que l'on sent venir à dix kilomètres
(pas dur de devenir en même temps, vu qu'il n'y a que 10
personnages...). Tout cela semble juste être un prétexte pour expliquer
notre aisance à se déplacer si agilement. Faith dit que la ville est
devenue sans ame. Malheureusement elle a raison. On ne croisera jamais
aucun civil, même sur une rame de metro, tout semble désespérément
vide, en dehors de nos ennemis et des quelques messagers qui nous
servent d'amis. D'ailleurs c'est le jeu en général qui est sans âme. On
apprendra jamais rien de plus sur nos compagnons, tout juste aura t on
quelques phrases pour en apprendre plus sur Faith. Rien n'est
développé, aucune information sur la ville, de documents à récupérer.
Mais la partie histoire semble clairement avoir été baclée, et c'est
dommage car le design de personnages était réussi. Mais non seulement
il y en a très peu (certains sont même juste cités sans jamais
apparaitre), mais en plus ils ne sont absolument pas travaillés. Du
gachis si vous voulez mon avis. Autre déception, mais plus personnelle
cette fois, car on ne peut pas vraiment faire cette critique au jeu.
C'est dommage que le jeu soit découpé en missions. Je trouve qu'il
aurait gagné à nous proposer un peu plus de liberté, nous laisser nous
promener entre deux missions, défier d'autres messagers dans des
courses, ce genre de choses. Ca aurait empecher le jeu d'être aussi
linéaire. Si on peut aller de plusieurs manières à un endroit lorsqu'on
se déplace en ville, on ne peut pas  vraiment se déplacer librement. De
plus, il y a une très grande répétitivité dans les objectifs de
mission, car une mission consiste en général à aller d'un point A à un
point B, puis de s'enfuir du point B en question. Et malheureusement,
cela pour toute les missions. A aucun moment on nous demande une chose
en particulier, on doit juste bouger. C'est certes l'essence même d'un
jeu de plate forme, à condition cependant qu'il soit en 2D. Ici, ca ne
le fait clairement pas, et un peu de diversité n'aurait pas fait de
mal, je pense à des enigmes ou des pièges, typique de ce genre de jeu.
Mais ici, rien que de la "course". Surtout que le jeu à un autre gros
défaut. Sa durée de vie est vraiment risible. Il y a neuf missions, que
l'on bouclera facilement en 6 heures... Linéarité, durée de vie très
courte... Malheureusement, Mirror's Edge semble n'avoir hérité que des
défauts des FPS. Certes il y aura une trentaine de parcours qui vous
proposeront de mettre vos capacités et vos réflexes à l'épreuve et les
niveaux rejouables en contre la montre, ainsi que quelques malettes
cachées dans les niveaux qui débloqueront des illustations, mais c'est
une facon déguisée de rallonger la durée de vie artificiellement...
Impossible donc de ne pas être décu, tant on a l'impression que le jeu
a été fait sur une bonne idée mais qu'au final il n'y a rien autour.
C'est vraiment dommage.

 

 

Bien qu'il soit original et
offre de très bonnes sensations lors de ses phases de plate forme,
Mirror's Edge est une réelle déception pour moi. Car un concept, aussi
bon soit il, ne suffit pas pour faire un jeu. Le scénario
inintéressant, certains aspects peu travaillés comme l'univers, les
personnages ou les phases de tir, la répétitivité des missions et la
durée de vie misérable sont de trop nombreux défauts qui finissent par
gacher l'expérience de jeu. Alors certes, Mirror's Edge est unique et
propose de nouvelles sensations, mais le problème c'est qu'il ne
propose que ca, au détriment de tout le reste. Finalement le succès
mitigé du jeu est peut être plus lié à sa qualité qu'à son statut de
nouvelle licence. Prévu pour être une trilogie, il ne reste plus qu'à
espérer que Dice redresse la barre et nous propose une suite plus
réussie, et surtout plus enrichie.