Comme chaque année, l’E3 est le rendez-vous incontournable des passionnés du jeu vidéo. Cette fois encore, les éditeurs et constructeurs ont employé les grands moyens pour en mettre plein les yeux à leur public. En cette période charnière où les frontières entre PC et consoles sont aussi floues que les frontières entre générations de consoles, que promet cet E3 ? Analyse.

Nous étions plusieurs centaines de milliers de passionnés à sacrifier notre cycle du sommeil pour profiter du plaisir inégalable des conférences de l’E3 en direct, sur les plateformes de streaming de votre choix ou sur place pour les plus chanceux. Pendant plusieurs nuits et journées, nous étions tous réunis dans un seul but : en prendre plein les yeux et découvrir les promesses de demain. Nos appétits de gamers ont-ils été satisfaits ? C’est la question inévitable que tout le monde est en droit de se poser au terme de ce cycle de conférence.

EA : Ennui Avéré

Cette année, Electronic Arts ouvrait le bal des conférences. Après une entrée en matière de qualité, EA n’a pas pu s’empêcher de sombrer dans son habituel rituel d’interviews ennuyeuses à vous en décrocher la mâchoire avec une brochettes d’intervenants qui n’en finissait pas de parler de choses dont personne n’avait rien à faire. Le tout agrémenté du florilège de jeux sportifs annuels destiné à une niche particulière de joueurs – étrangement prêts à débourser chaque année le prix fort pour le même jeu simplement mis à jour. (**cache sa collection d’Assassin’s Creed**)

Outre le magnifique et tant attendu Battelfront II qui n’a surpris personne, ni par sa présence, ni par sa qualité, la véritable bonne cartouche d’EA a donc été l’inattendu A Way Out. Nouveau bébé du créateur du magnifique Brothers, A Tale of Two Sons, ce jeu de coopération vous plonge dans la peau de deux frères qui doivent s’échapper ensemble de prison. Permettant aux deux jours de jouer de manière totalement asymétrique (l’un pouvant être en pleine cinématique pendant que l’autre prépare votre évasion), A Way Out a l’air prometteur, développant le concept pour lequel Brothers semblait être un précurseur.

À retenir/surveiller :

  • A Way Out
  • Battlefront II (obviously...)

 

Microsoft : le festival de la 4K

Attendue au tournant, cette conférence représentait un enjeu majeur pour la firme américaine qui se devait de montrer à ses joueurs – et à la concurrence – qu’elle n’était pas hors-jeu en dévoilant, entre autres, sa nouvelle console. Résultat ? Mouais…

La Xbox One X s’installe donc maintenant dans le paysage comme la plus puissante console jamais créée… mais aussi la console qui aurait dû coûter 100€ moins cher pour marquer cet E3 d’un coup de maître. Avec ses 499€ (compréhensibles aux vues de la puissance de la bête), la Xbox One X reste cependant, comme c’était annoncé, un produit premium pour les grosses bourses. Dommage, il y avait un coup de poker à jouer.

Au-delà du hardware, il était grand temps pour Microsoft de se montrer présent sur la scène des jeux. La conférence fut effectivement un véritable festival, avec plus de 42 jeux présentés, dont 20 exclusivités… pour la plupart temporaires. Et je me suis surpris à grimacer bien trop souvent en voyant le terme « Console Launch Exclusive ». La Xbox pèche pour la faiblesse de son catalogue de vraie exclus définitives, là où la Playstation a le vent en poupe avec ses titres identitaires comme Horizon : Zero Dawn, The Last of Us, God of War, Days Gone, The Last Guardian, Uncharted, ou encore Bloodborne. Hélas, le trio Halo-Forza-Gears (au deux tiers absents de la conférence, d’ailleurs) est loin de suffire à les concurrencer. Les petites exceptions que sont le nouveau (mais magnifique) Ori, Sea of Thieves ou encore Cuphead ne sont pas des system seller qui s’inscrivent dans le temps comme des exclusivités qui définissent l’identité de la marque Xbox. Dommage pour Microsoft, qui avait là une belle occasion de reprendre du poil de la bête.

La Xbox One X aura tout de même eu l’occasion de montrer ce qu’elle a dans le ventre avec la sublime démo d’Anthem, développé par BioWare… qui n’est pas une exclu… Espérons que la firme de Redmond dévoilera dans les mois à venir de nouveaux jeux pour la X et, avec un peu de chance, de nouvelles IP exclusives, ce dont la One manque sévèrement.

 À retenir/surveiller :

  • Cuphead (enfin une date de sortie : 29 septembre !)
  • Ori and the Will of Wisps
  • The Last Night (au design magnifique)
  • Life is Strange : Before the Storm
  • Metro Exodus
  • Crackd... nan en fait tout le monde s'en fout :)
  • Super Lucky's Tale, un jeu de plateforme à l'ancienne tout mimi
  • Dragon Ball Figther Z, qui a l'air mortel
  • Anthem (prions de pas nous faire Watch Doguer)
  • Rétrocompatibilité poussée jusqu'à la première Xbox !

 

Bethesda ou "comment se la péter de n'avoir rien à montrer"

Avec un mystérieux Starfield, prétendu RPG science-fiction de style Skyrim-Fallout qui intriguait depuis que les rumeurs avaient émergé sur la toile et avec l’espoir – jamais vain – de voir poindre un Elder Scrolls VI, la conférence Bethesda semblait prometteuse. Elle ne s’est avérée être qu’une longue heure de vantardise sur des jeux déjà sortis avec seulement de brefs aperçus de quelques nouveaux jeux. Deux, au sens strict de la nouveauté.

À l’image de Fallout VR et Doom VFR (Virtual fucking Reality ?), Bethesda nous a servi de la nouveauté au goût de réchauffé. Le DLC-standalone de Dishonored II, maladroitement intitulé « la mort de l’outsider » (ce titre est vraiment peu inspiré) s’est avéré être, à mon sens, l’élément le plus intéressant de la conférence. The Evil Within 2 et Wolfenstein 2 étaient pressentis et n’ont pas montré de véritable gameplay, pas de quoi s’enthousiasmer. Quant à Elder Scrolls, prions pour que Bethesda permette à Skyrim, cette pauvre vache à lait, de se reposer enfin.

À retenir/surveiller :

  • Dishonored II : Death of the Outsider (pitié, changez moi ce titre !)
  • Wolfenstein 2 : A New Colossus

 

Devolver Digital : la parodie délicieuse

Si certains ne connaissaient pas Devolver Digital (Serious Sam, Absolver, …), c’est désormais révolu. L’éditeur a marqué les esprits par sa conférence trollesque de quinze minutes qui parodiait avec un humour noir et décalé tout ce qui cloche dans le monde du jeu vidéo et par extension, à l’E3. Son humour grinçant et ses non-annonces ont fait de cette conférence, à mon sens, le moment le plus marquant de cet E3. La conférence était suivie d’un PrePreShow qui était plutôt un PostPostShow d’une durée de… 10 heures où des individus farfelus (dirons-nous) ont enchaîné farce et nonsense sur un plateau déjanté où régnait le chaos, les silences gênants et la cringeness la plus délicieuse. Le tout ponctué de court-métrages, de pseudo-reportages à l’humour douteux, de faux match de catch entre des kaiju et des mascottes (victoire écrasante du American Beetle sur l’homme-pizza), de dessins-animés d’une qualité surprenante et d’interludes musicaux.

À retenir/surveiller :

  • Ce pauvre téléphone rouge qui a pris ultra cher sur le plateau et qui a servi de running gag alors que les 22 000 spectateurs – qui ont suivi le live pendant les 10 heures et dont je fais honteusement partie – savaient très bien qu’il n’était pas branché
  • Le présentateur du show qui était complètement déglingué
  • Ce moment gênant où un homme nu a débarqué sur le plateau
  • La victoire d'American Beetle
  • Un court métrage d'animation étonnamment touchant sur l'amour virtuel
  • L'essence même du cringe
  • Bordel, mais c'était quoi cette histoire de détective à tête de loup ?
  • Pourquoi j'ai suivi ce stream pendant 10 heures ?

 

PC Gaming Show

 

À retenir/surveiller :

  • Le présentateur
  • Ne faîtes plus cette conférence, s'il vous plait.

 

PS : En vérité, plusieurs jeux intéressants ont été montrés (Tunic, Y-Lands), et la discussion avec les développeurs est intéressante pour approfondir le sujet. Mais le format de présentation est hypnotique pour une conférence… rendez ça plus dynamique !

 

Ubisoft : l'amour et la passion

Ubisoft a souvent joué sur le « One more thing » - ce fameux dernier jeu présenté en fin de conférence pour époustoufler les spectateurs – et les grands effets. Cette année, ils ont probablement tenu la conférence la plus chaleureuse, solide et variée. Entre un Yves Guillemot (qu’on sait épuisé d’un lourd combat contre Bolloré) au sourire jovial sur scène avec Shigeru Miyamoto et un Michel Ancel ému aux larmes après l’annonce du tant attendu Beyond Good and Evil 2, cette conférence a ramené sur le devant de la scène ce qu’on peut avoir tendance à oublier : le côté humain et passionné du jeu vidéo. Et c’était beau.

Par ailleurs, la conférence en elle-même était sacrément bien calibrée. Dense, elle ne s’est attardée sur aucun de ses jeux, préférant le rythme au détail – le gameplay pouvant toujours être aperçu après lors des post-show et autres lives. Sans surprises, Mario + Lapins Crétins Kingdom Battle s’est enfin officialisé et ce jeu d’aventure tactique bien sympathique et tout mignon semble bien fun à jouer, avec un système de combat original qui n’est pas sans rappeler XCOM. Il y a également eu quelques bonnes surprises comme ce Starlink : Battle for Atlas, sorte de jeu space opéra exploitant une technologie NFC pour personnaliser les vaisseaux du jeu tout en les collectionnant IRL. D’autres jeux, plus ou moins attrayants, comme Skulls and Bones (Assassin’s Creed IV : Black Flag, sans Assassin’s Creed), The Crew 2, ou encore Far Cry 5, ont aussi montré le bout de leur nez.

À retenir/surveiller :

  • Mario + Lapins Crétin Kingdom Battle : pourquoi pas, ça a l’air pétillant, fun et original
  • Starlink : Battle for Atlas, même si on attendra d’en voir plus en termes de gameplay
  • Transferance, l’intriguant projet VR du studio SpectreVision de Elijah Wood (Oui oui) qui promet d’explorer les émotions et obsessions d’une famille.
  • BEYOND GOOD AND EVIL 2 !

 

Sony : l'excès de confiance

Un boulevard s’étendait aux pieds de Sony. Un boulevard que la firme japonaise n’a pas choisi d’emprunter. Si toutes les exclues déjà connues de la Playstation étaient bel et bien présentes et toujours de qualité, aucune surprise à l’horizon. Pas de grande fanfare, ni de nouveauté.

Le tunnel de jeu VR était décevant. Nous ne mentionnerons pas Bravo Team ou StarChild qui étaient exagérément oubliables mais la petite souris de Moss aura marqué les esprits. De toute évidence, le jeu de cette conférence restera, quoi qu’on en dise, le jeu de pêche en réalité virtuelle Final Fantasy (#tropdrôle).

À mon sens, God of War était le jeu le plus intéressant, avec son gameplay revisité et ses visuels saisissants. La neige du DLC de Horizon et le stand alone d’Uuncharted 4 ne rassasient pas. Spiderman, quant à lui, semble extrêmement bien ficelé bien que la démo présentée sente à plein le nez le script tout fait pour l’E3. A suivre. Enfin, Monster Hunter World promet, mais il ne s’agit pas ici d’une exclue.

La fin mot de la cette conférence ? La perplexité. Quid du gameplay solo de Battlefront II qu’EA avait promis pour la conférence Sony ? Qui d’un éventuel Bloodborne 2 ? Knack 2 ? The Last of Us II ?

À retenir/surveiller :

  • God of War (gameplay revu, visuels sublimes)
  • Final Pêche Simulator :)
  • Moss
  • Spiderman
  • Monster Hunter World

 

Nintendo is back !

Court, dense, efficace. Le spotlight de Nintendo a été l’occasion de montrer que la firme japonaise était de retour, et pour vous jouer de meilleurs tours. Avec de nombreux jeux en production et des sorties solides prévues jusqu’à la fin de l’année, Nintendo reprend sa place sur la scène et enchante ses joueurs.

Malgré l’absence de la moindre image, les annonces tonitruantes de Metroid Prime 4 et d’un RPG Pokémon pour la Switch ont fait leur effet (ils existent, et rien que pour ça, ils sont les meilleurs jeux de cet E3). Bien évidemment, Mario Odyssey s’est montré plus en détail avec du gameplay et une cinématique dévoilant les pouvoirs du chapeau. Grâce à ce dernier, le plombier moustachu pourra contrôler le moindre mob qu’il rencontre : du simple goomba à un tyrannosaure, les possibilités semblent nombreuses !

Autre point marquant : l’arrivée de Rocket League sur Switch et ce avec le cross-network (possibilité de jouer en ligne avec les joueurs PC et Xbox), le premier pour un jeu sur Nintendo et qui ne laisse augurer que du bon pour l’avenir de la console. Puis, dans la tranquillité la plus désinvolte, voilà qu’est annoncé un délicieux Metroid : Samus Returns, un remake « réimaginé » de Metroid 2, accompagné d’un amiibo Samus du plus bel effet.

À retenir/surveiller :

  • Metroid Pime 4
  • Le RPG Pokémon
  • Super Mario Odyssey
  • Metroid : Samus Returns
  • Les DLC Zelda, dont le deuxième trouve un titre : « Ode aux Prodiges » et se concentrera vraisemblablement sur les prodiges Revali, Mipha, Daruk et Urbosa
  • Xenoblade Chronicles 2
  • Des amiibooooooooos ! DES AMIIBOOOOOOOOOOOOOS !

 

Conclusion !

Le cycle des conférences est terminé et, comme chaque année, le moment (futile et absolument subjectif) de définir un vainqueur est arrivé. Cette année, l’E3 s’est montré relativement paisible, avec des éditeurs et constructeurs timides qui n’ont pas joué la carte du spectacle excessif ou du jeu mystère renversant.

À mon sens, Ubisoft et Nintendo remportent cet E3 main dans la main, avec des jeux, de la variété et de la qualité. Suivis de Microsoft qui s’est également concentré sur les jeux bien qu’on regrette l’absence de nouvelles exclues. Sony le talonne de près avec ses jeux de qualité – mais qu’on connait pour la plupart depuis plus d’un an. Enfin, Bethesda et EA, les deux grosses déceptions, terminent en dernière place.

Je plaisante : Devolver Digital, winner, sans avoir présenté de jeux.

 

W.R.P.