Nouvelle IP de la part d'EA, Mirror's Edge
change les habitudes de tous en proposant un jeu de plateforme en vue à
la première personne. Pari risqué de la part du développeur de
Battlefield, à vouloir sauter trop loin, risquent ils de se casser une
jambe?

Il y a quelques années, Electronic Arts était le grand méchant du jeu
vidéo, l'immonde entreprise qui mise sur la rentabilité, les suites à
la pelle sans saveur, au dépend de l'innovation et de l'originalité.
Aujourd'hui EA n'est plus le leader de l'industrie, et le rôle du grand
méchant loup revient à Activision-Blizzard, dont le PDG Bobby Kotickaime à nous rappeler qu'il est la plus Biiip que l'industrie ait
jamais portée. Chemin faisant, Electronic Arts se refait une santé
auprès des joueurs, en fournissant des jeux originaux, en misant sur
l'innovation, la différence, comme le fait plus ou moins bien Ubisoft.
Donc de cette volonté d'originalité, sort Mirror's Edge. Ce jeu
d'action s'inspire de la pratique du Parkour, « l'art du déplacement »
en milieu urbain : il est basé sur des phases de plates-formes
intégralement représentées en vue subjective dans des environnements
urbains vertigineux. Un jeu de Yamakasi donc, pourquoi pas.
Ce qui saute aux yeux la première fois qu'on voit le jeu tourner, hors la qualité irréprochable de ses graphismes (Et le réalisme des textures), c'est surtout la présence du corps de votre personnage (Faith).
En effet, lorsqu'on baisse la tête, qu'on court, qu'on saute, qu'on
fait une roulade, qu'on glisse... On a toujours la conscience d'être un
corps entier et pas simplement une caméra qui flotte avec un flingue
sur la droite. Comment les suédois de Dice ont rendu capable cette Body
Awareness? En montrant les mains se balancer lors d'une course, en
faisant tourner la caméra lors d'une roulage avec la vision du buste et
des jambes... En nous faisant entendre la respiration de Faith... bref
sur ce point, l'immersion est totale, et il était temps que ça arrive !

L'histoire se déroule dans une ville d'un futur proche, où la
criminalité est presque annihilée,où la sécurité prime au dépend des
libertés individuelles. Cependant, quelques résistants s'opposent à ce
régime et sont obligés de recourir à des Messagers pour transporter
l'information, car les moyens « normaux » de communication sont
étroitement surveillés. Le joueur incarne Faith, une des meilleures
Messagères de la ville. Sa routine déjà bien mouvementée, se retrouve
suspendue lorsque sa sœur se voit accusée d'un meurtre. Faith décidera
de retrouver le véritable assassin, et comprendre pourquoi on fait
porter le chapeau à sa sœur.
Ce n'est donc pas pour transmettre des messages que l'on va crapahuter
sur les sommets de la ville, mais bel et bien pour enquêter sur ce
fameux meurtre. Enrobée d'un soupçon de conspiration, le background de
M.E n'est malheureusement pas assez mis en avant, et les ficelles
scénaristiques sont bien trop grosses pour provoquer un quelconque
intérêt vis à vis d'une histoire sans saveur.

Puisqu'il ne faut pas chercher l'originalité dans l'histoire, tournons
nous vers le gameplay. Faith étant une Messagère, elle possède des
capacités physiques assez incroyables : elle peut courir sur les murs,
s'y accrocher, si propulser pour sauter plus haut... Elle peut rouler
sous les obstacles ou bien sauter par dessus... Toute une panoplie de
mouvements, avec seulement deux touches! Indéniablement, la plus grande
force du jeu se trouve dans cette simplicité à pouvoir enchainer les
acrobaties, sans pester sur un nombre de boutons compliqué à retenir.
Cette difficulté occultée, c'est donc sur le parcours lui-même que le
joueur va se concentrer, cherchant le bon chemin, la bonne action à
faire au moment le plus opportun. Ce chemin vous sera visible plus
facilement grâce à une aptitude de Faith nommée "Sens Urbain" (désactivable pour augmenter la difficulté) qui colorise en rouge tout élément du décors vous permettant d'accéder à votre objectif.

Variant entre les phases extérieures et intérieures, entre les moments
calmes et les courses poursuites, Mirror's Edge tente d'offrir à cette
palette de mouvements, les bonnes clefs pour apporter plaisir et
challenge aux joueurs. Malgré un level design recherché, complexe par
moment, et se voulant toujours intuitif, on peut regretter le manque de
variété dans les niveaux. Il en va de même pour les situations, où les
confrontations avec la police finissent par saouler, et les différents
objectifs devenir plus des obstacles abstraits qu'une véritable mission.
Lorsque vous vous retrouvez nez à nez avec un policier, vous pouvez
éviter la confrontation, ou lui en mettre plein la gueule. Dans ce cas,
vous avez la possibilité de ralentir le temps afin d'éviter ses tirs,
et d'augmenter vos chances de lui piquer son arme au corps à corps.
Ensuite à vous de choisir si vous voulez lui vider son propre chargeur
dessus, ou bien y aller de quelques coups de savates bien placés.
Entrecoupée par des cutscenes en flash, l'aventure se boucle assez
rapidement, même si vous pourrez bloquer sur certains passages (Grand niveau de frustration par moment).
Pour rallonger la durée de vie, un mode "contre la montre" vous est
proposé, se concentrant sur le gameplay de Parkour. Vous permettant de
comparer vos scores avec le monde entier, ce mode s'avère assez
addictif, et me fait penser aux challenges de scoring de l'époque
16bits.

Techniquement irréprochable, offrant une immersion rare, Mirror's
Edge peut décevoir par son mode histoire trop fade, et des passages
trop frustrants. Malgré des ventes très moyennes, EA a annoncé qu'un
deuxième volet est en route, et qu'il devrait utiliser une vue à la
troisième personne. Il n'y a plus qu'à espérer que Dice diversifie son
gameplay, nous permette de rencontrer des protagonistes autrement que
par cinématiques interposées. Mais à 11€, difficile de passer à côté!

 

Anfalmyr