Elle s'appelait Sarah affiche

S'il
reste difficile de parler de certains sujets de l'Histoire (comme le
passé colonial de la France), la Seconde Guerre Mondiale et toutes ses
atrocités bénéficie d'une couverture cinématographique assez
exceptionnelle. Toutefois, même si certains commencent à se lasser de
ce cadre, il faut bien avouer qu'un film de plus qui traite de ces
événements sous l'angle de la France de Vichy n'est jamais un film de
trop. Elle s'appelait Sarah est de ces films là, dont le sujet est encore douloureux mais dont le travail de mémoire reste indispensable.

Dans les années 2000, Julia est une journaliste qui enquête sur la
rafle du Vel' d'Hiv'. Son investigation la mènera à découvrir
l'existence d'une petite Sarah dont la famille a été déportée en 1942
lors de la rafle. La journaliste découvre aussi que l'appartement dans
lequel elle s'apprête à emménager appartenait à la famille de Sarah.
C'est donc poussée par un besoin de savoir dévorant que Julia tentera
de se renseigner tant bien que mal à propos de la petite, persuadée
qu'elle a réussi à survivre à la déportation.
Elle s'appelait Sarah est
donc l'histoire de cette petite fille de dix ans vue à travers les
bribes d'informations que Julia réussit à obtenir. On se rendra vite
compte que certains n'apprécient pas que la journaliste fouille dans
les affaires de famille alors que d'autres ne veulent tout simplement
pas savoir, ou oublier. Alors que Julia enquête sur la possible survie
de Sarah, c'est sa propre vie personnelle qui est remise en cause.

Le film est construit sur deux grands axes narratifs, l'un se déroule
en 1942 et suit Sarah (Mélusine Mayance, exceptionnelle) dans l'enfer
de la déportation, l'autre suit l'enquête de Julia (Kristin Scott
Thomas, toujours au top) dans les années 2000. Ces deux pistes
s'entre-mêlent du fait de la progression des connaissances de Julia,
donnant lieu à des contrastes saisissants entre le calme propret du
vingt-et-unième siècle et le drame de 1942.
Elle s'appelait Sarah,
c'est surtout un film sur le devoir de mémoire, ou comment entretenir
le savoir du passé pour garder en tête ses horreurs et ne jamais oublié
ce qui s'est passé, un devoir qui est mis en compétition avec le
confort de certains personnages qui, pour le garder, sont prêts à se
mentir à eux-mêmes, voire à rejeter tout bonnement ceux qui veulent
savoir.
Mais c'est aussi un film où la famille est au centre de tout. C'est
dans des situations difficiles que se révèlent tout le pouvoir des
liens familiaux, ce qui donne lieu à des scènes particulièrement
émouvantes que ce soit en 1942 ou en 2000, étant donné la lutte de
Julia pour sauver sa famille de l'autodestruction.

Elle-s-appelait-Sarah-image-1.jpgElle-s-appelait-Sarah-image-2.jpg

La plus grande qualité de Elle s'appelait Sarah c'est
sa capacité à faire naître de puissantes émotions auprès de son public.
Il est difficile de rester insensible aux mésaventures de Sarah, dans
une période faite d'horreurs et d'atrocités mais aussi de bonnes âmes
qui se transforment en anges salvateurs. De même, la quête de Julia
pour la vérité et pour l'équilibre familial fait des remous et l'on
comprend vite que, pour cette femme, faire son devoir de mémoire est un
acte aussi crucial que celui de respirer.

Elle s'appelait Sarah est
un très beau film qui réussit à faire naître de vives émotions chez les
spectateurs au rythme de l'histoire qui se déroule sous nos yeux. Sarah
et Julia, les deux héroïnes du film, vivent toutes les deux dans une
époque difficile où il faudra s'en sortir, seule ou non. Gilles
Paquet-Brenner signe ici un bon film qui donne non seulement envie de
lire le livre de Tatiana de Rosnay dont il est l'adaptation mais aussi
de se plonger plus avant dans son propre devoir de mémoire.

Réactions
en salle : Pour une séance tardive, peu de gens s'étaient déplacés.
Toutefois, on voit bien que le film a réussi à toucher son public. Les
spectateurs repartent assez contents d'avoir vu le film. Et, pendant le
film, quelques passages ont tiré des larmes à certains.

Source vidéo et photos : Allociné

Mordraen