Le "vieux" soft (1999) traité aujourd'hui me tient tout particulièrement à coeur car il représente pour moi ce que le jeu vidéo a créé de meilleur, avec son scénario ultra-immersif, son ambiance (surtout musicalement) et ses persos attachants. Adoré par certains, mal aimé par les autres, je vous présente donc le titre le plus critiqué de la franchise (avec le treizième): Final Fantasy 8.

Commençons par l'histoire de cet épisode qui met en scène les étudiants d'une académie militaire dont le but initial est d'intervenir dans des conflits en tant que mercenaires; toujours pour protéger, jamais pour attaquer (et ceci moyennant finances). Bien évidemment, les petites batailles territoriales du début cachent un conflit bien plus vaste, et il faudra à notre équipe sauver le monde de son plus grand mal comme c'est le cas dans chaque Final Fantasy. Et le grand méchant de cette histoire ne se dévoilera réellement qu'à proximité de son terme, le joueur étant manipulé et convaincu que ce redoutable adversaire lui a été présenté assez tôt dans une cinématique d'anthologie; de quoi déchanter quand arrive l'heure de vérité. Les révélations sont nombreuses dans le jeu, concernant les héros et leurs passés, un continent soi-disant sauvage ou encore des rêves relatant les exploits d'anciens héros de guerre...

Notre équipe est donc composée d'élèves fraîchement diplômés - et donc aptes à se battre - aux caractères bien différents: Squall le renfermé, Zell la tête brûlée, Selphie la comique, Quistis la prof, Irvine le charmeur. La dernière personne à composer notre team ne fait elle pas partie de la fac et est chef d'un mouvement de résistance: Linoa, fille d'un haut dignitaire du monde, et personnage central de l'intrigue. Sa relation avec Squall donne quant à elle lieu aux plus émouvantes scènes vidéoludiques qu'il m'ait été donné de vivre (le pont d'Horizon, l'espace), tandis que les séquences de bravoure sont aussi légion (le débarquement à Dollet, le lancement des missiles), et je pense que la haute qualité des cinématiques y est également pour beaucoup, à commencer par une introduction toujours aussi sublime de nos jours.

Visuellement, le jeu se présente avec des décors en 2D précalculés où se mouvent nos héros en 3D, comme dans le précédent FF7 mais en encore plus beau et détaillé et avec désormais des personnages à échelle réelle (contre du Super Deformed pour FF7). La carte du monde est tout en 3D, comme dans l'épisode précédent également. Et il est vaste ce monde, que l'on peut parcourir à pied, en voiture, train, bateau ou encore avion, avec ses différentes villes à explorer. Beaucoup de quêtes annexes y sont cachées et il faut au joueur s'aventurer en des endroits éloignés de son itinéraire pour les rencontrer. Je me souviens bien avoir consulté une soluce après avoir terminé le jeu et constaté que le nombre de missions et séquences auxquelles j'étais passé à côté était véritablement monstrueux. C'est clair, rusher le jeu en ligne droite nous prive de quantité de quêtes supplémentaires.

Le système de combat est quant à lui le point qui aura subit le plus les foudres des fans, et moi-même ne le considère pas vraiment comme réussi avec en particulier une idée saugrenue qui fut de supprimer les points de magie au profit d'un stockage bien déroutant. Les magies ne s'achètent pas, elles se volent; et quand y'en a plus, ben y'en a plus. Mais le pire est qu'elles sont rattachées aux statistiques de nos persos (un bon point au premier abord) et que leur utilisation les fragilise fatalement. Résultat: on accumule de la magie pour upgrader nos héros, mais on ne s'en sert jamais! Sinon, les invocations sont bien évidemment présentes (belles mais quelquefois longues), les attaques spéciales (ici appelées Limit Break) aussi et, ah oui, l'armement... L'autre originalité du soft vient de l'équipement qui lui aussi ne s'achète pas. Pour améliorer ses stats (en plus des slots de magie), il faut construire son armement après avoir trouvé des magazines dispersés dans le jeu et récolté les éléments nécessaires à sa confection. Et obtenir les armes ultimes est l'un des plus grands chalenges proposés ici... Il est à noter enfin que les niveaux ont eux aussi disparu, ou plus précisément que les ennemis montent en niveau en même temps que le joueur, ce qui a pour conséquence que des combats niveau 30 sont bien plus simples qu'à 90 - je l'ai constaté par moi-même contre le boss final (1h45 de combat contre 15mn). Un système de combat très différent donc, avec de bonnes intentions mais finalement brouillon, qui ne sera alors jamais reconduit.

Le jeu de carte Triple Triad est au contraire une incroyable réussite qui nous occupe des heures durant avec cette quête volontaire de récupérer toutes les cartes rares du jeu. Les chiffres notés aux différents bords doivent être scrupuleusement étudiés et utilisés intelligemment afin de remporter les parties (et cartes des adversaires par la même occasion). La particularité des cartes est de pouvoir être transformées en objets, et cela peut être utile contre le boss de fin - et le Minotaure pour ceux qui comme moi ont vaincu cette terrible bête - d'user de la capacité invincible de celle de Laguna.

La musique enfin est absolument magique, le travail de Uematsu m'a tellement emballé que j'ai acheté par la suite l'album japonais et ses quatre CD. Et c'est tellement bon d'écouter de temps à autre des mélodies telles Liberi Fatali, Fithos Lusec Wecos Vinosec, Succession of witches et autre Eyes on me.

Pour résumer, Final Fantasy 8 est un hymne à l'aventure et aux sentiments, une histoire impliquant fortement le joueur doté de beaux graphismes, de cinématiques superbes et d'une bande-son envoûtante. Assez difficile et tenant sur quatre CD, voilà un jeu que j'ai terminé à trois reprises - pour une centaine d'heures à chaque fois - et dans lequel je me replongerai forcément un jour ou l'autre. Egalement mon premier RPG (hors Pokémon), mais surtout mon jeu favori tous genres et périodes confondus.