Avec Blinx, Microsoft jouait sur deux tableaux. Casser l’image de “PC déguisé” que trainait comme un boulet sa Xbox première du nom et justifier la présence dispendieuse d’un disque dur aux yeux des joueurs dubitatifs. Peine perdue, le faible succès des aventures de ce chat équipé d’un aspirateur peu ordinaire a contrecarré les ambitions du géant américain. Les moyens ont pourtant été mis sur la table. Microsoft a débauché le studio Artoon, connu pour abriter d'anciens développeurs de Sega ayant travaillé sur Sonic et Panzer Dragoon.
 
Humaniser l’imposante console à l’aide d’une icône fédératrice était donc à leur portée. Mais une autre obligation faisait partie du cahier des charges : associer le disque dur au gameplay plutôt qu’être comme trop souvent vue, l’antichambre technique et ergonomique du jeu (accès disque accéléré, intégration des musiques de son choix...). L’expérience professionnelle pointue du studio japonais donna naissance à un concept rarement vu sur une console de salon : maîtriser la 4D. La promesse est ambitieuse, mais proposer au joueur de contrôler le temps renouvelle le jeu de plate-forme à la troisième personne. À la manière d’un magnétoscope, le joueur peut ralentir, accélérer, revenir en arrière ou figer le temps. L’idée intriguait par son principe, séduisait par son audace mais manette en mains, l’action s’était inutilement complexifiée avec cette option.
 
Vantée en novembre 2003 comme une option exclusive à la Xbox grâce à la présence d’un disque dur, un critère de différenciation stratégique contre sa concurrente la PlayStation 2, cet avantage vola en éclat quelques mois plus tard. Ubisoft lançait comme exclusivité temporaire sur PS2 dépourvue de DD, Prince of Persia les sables du temps dont la particularité est de bénéficier de cette option temporelle célébrée un peu trop vite par Microsoft. Un second épisode de Blinx ne sauvera pas cette mascotte en devenir du placard.
 
Les quelques milliers de fans attendaient fiévreusement un saut générationnel pour espérer une relance de cette série au potentiel certain. Elle snobera royalement la x360. Il est inutile d’attendre un salut providentiel sur Xbox One, Microsoft vient d’arrêter de payer sa redevance annuelle nécessaire à la protection des droits d’exploitation commerciaux de la marque Blinx...
 
Par Retromag