Fiche technique
Réalisateur : James Cameron
Avec : Sigourney Weaver, Sam Worthington, Zoe Saldana, Stephen Lang, Michelle Rodriguez
Avatar
Science Fiction, U.S.A. (2009), 161 minutes
Sortie le 16/12/2009

Synopsis

Malgré sa paralysie, Jake Sully, un ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant, est resté un combattant au plus
profond de son être. Il est recruté pour se rendre à des années-lumière
de la Terre, sur Pandora, où de puissants groupes industriels exploitent un minerai rarissime destiné à résoudre la crise énergétique sur Terre. Parce que l'atmosphère de Pandora est toxique pour les humains, ceux-ci ont créé le Programme Avatar, qui permet à des " pilotes " humains de
lier leur esprit à un avatar, un corps biologique commandé à distance,
capable de survivre dans cette atmosphère létale. Ces avatars sont des
hybrides créés génétiquement en croisant l'ADN humain avec celui des
Na'vi, les autochtones de Pandora.
Sous sa forme d'avatar, Jake peut de nouveau marcher. On lui confie
une mission d'infiltration auprès des Na'vi, devenus un obstacle trop
conséquent à l'exploitation du précieux minerai. Mais tout va changer
lorsque Neytiri, une très belle Na'vi, sauve la vie de Jake...

Introduction :
Afin de nous faire pardonner notre absence, quoi de mieux que de
commencer cette nouvelle année 2010 avec le nouveau film de James
Cameron. Douze ans après Titanic voilà que notre metteur en scène de
folie à qui l'on doit les indéniables Aliens, Terminators, True lies,
Abyss...se décide enfin à revenir derrière la caméra pour nous présenter un projet du nom de Avatar. Projet qui durera en tout et pour tout 3
ans et qui pèse pas moins de 330 millions de dollars !

L'univers et l'immersion visuelle :
On connait tous James Cameron pour ce qui est des grands rendez-vous en matière de films à grand spectacle. Il est étonnant ici de voir à
quel point Cameron n'a pas changé en douze ans d'absence tant au niveau
de la création et de l'inauguration des derniers SFX du moment que de
son amour pour le cinéma des années 90. Avatar, en dehors de ses effets
spéciaux est tout ce qu'il y a de plus banal ce qui est un comble pour
un projet d'une telle envergure que l'on comparait déjà à l'univers de
George Lucas pour sa richesse mais nous y reviendrons.

Annoncé depuis sa mise en chantier comme étant la prochaine étape
vers le cinéma de demain, Avatar parvient à tenir ses promesses tant
l'impression d'inédit en matière d'effets spéciaux est présente tout aux long du film. Peut on parler pour autant de Révolution ? (terme ô
combien galvaudé par les distributeurs depuis plus d'une décennie).
Disons plutôt que Cameron est parvenu à perfectionner le travail
entreprit par Zemeckis ces dernières années. Il choisit intelligemment
de ne pas livrer un film entièrement en images de synthèses mais de
garder les performances d'acteurs lorsque le rôle le permet. Il évite
ainsi la froideur et le côté factice des marionnettes numérique (voir
Beowulf). La performance capture y est ici remarquable, ne trahissant
pas le jeu des acteurs et laissant transparaître ce petit surplus
d'humanité qui faisait défaut jusqu'alors à la discipline. Il est
désormais possible depuis Avatar de souligner la juste interprétation
d'un comédien alors même qu'il n'apparaît dans le film que sous la forme de son double numérique. Comme Zoe Saldana (Neytiri) inscrivant sont
personnage dans la continuité des Sarah Connor ou Ripley si chère a
Cameron, Sigourney Weaver (qui devient définitivement un mythe pour tous les amoureux de SF) y apparaît elle sous ces deux formes (humaine et
son avatar) sans que jamais son jeu ne soit trahi et enfin Sam
Worthington qui confirme après Terminator Renaissance qu'il faudra
compter sur lui à l'avenir.

Même si de légers défauts viennent ici et la nous rappeler que
Pandora n'existe pas (problèmes d'incrustes, des Na'Vi parfois un peu
raide dans leurs déplacements...), il n'est pas rare de se prendre à
espérer un jour pouvoir poser le pied sur cette planète. Cameron réussi à nous faire croire à l'incroyable univers d'Avatar (les montagnes
flottantes, la végétation luxuriante, l'interaction entre les êtres...)
Ajoutez à cela un bestiaire impressionnant et vous obtenez LA claque
technique de cette fin de décennie. Si Avatar possède effectivement une
qualité visuelle hors du commun, il n'en est pas de même pour son
scénario.

Un air de « déjà vu »
L'un des soucis majeur de James Cameron dans Avatar réside dans le
fait qu'il peine à donner une réelle dimension psychologique à ses
personnages. Beaucoup trop enfermé dans une sorte de carcan
cinématographique que l'on ne connaît décidément que trop par coeur dans le cinéma, Cameron nous « inflige » malheureusement pendant près de 2h
une histoire et une thématique qui auraient méritées d'avoir plus de
relief et d'ambigüité compte tenu des événements qu'elles racontent et
surtout du contexte dans lequel il les met en scène. Dans Avatar la race humaine est purement et simplement irrécupérable, les Marines sont tous des salauds de première catégorie qui ne pensent qu'à buter ces pauvres Na'Vi qui sont en fin de compte beaucoup plus humains que nos crânes
rasés sans cervelle comme les surnomme le héros. Démonter les arbres de
Pandora c'est mal et pas très écolo parce-que la planète abrite les
anciens esprits...bref, Cameron ne nous épargne absolument rien, prenant le choix de tout nous expédier en pleine figure sans aucune retenue et
encore moins de finesse. La preuve que le cinéaste malgré les années
conserve encore cette candeur qu'il a toujours plus ou moins laissé
transparaitre à travers ses films mais pour un tel projet, le
réalisateur de Terminator aurait pu et aurait du prendre un minimum de
risque et allez plus loin !

Manquant de profondeur pour un projet d'une tel envergure est juste
frustrant, et ce même pour une oeuvre qui s'inscrit dans la plus pure
tradition des films classiques du cinéma des années 90. A l'image du
général incarné par Stephen Lang, grand guignolesque au possible, jouant dans la caricature la plus extrême du méchant, Cameron ne prend
absolument aucun risque. Il aurait été préférable qu'il confie la base
de son bébé directement à d'autres scénaristes. Imaginez ce qu'aurait
apporté Alex Garland (Sunshine) ou même les Nolan brothers (The Dark
knight, Memento) à Avatar en plus de la démonstration technique,
organique et visuel du film qui sont ici quasi-irréprochables.

La bande son, la composition :
Il est clair qu'au niveau de l'aspect sonore du film, Avatar met
vraiment nos sens en éveil. De la plante la plus insignifiante jusqu'à
la grosse bébête qu'abrite la forêt de Pandora, tout parait authentique
et vraiment proche de « l'organique ». De notre siège on arriverait
presque à respirer l'air de Pandora, à sentir la terre sous nos pieds
tant le travail s'avère être colossal mais il n'en est pas de même pour
la bande originale.

On sait pertinemment que dans chaque nouveau projet de James Cameron la composition du film est importante et joue vraiment un rôle
primordial. Or, il se trouve que le talent de James Horner a du être aux abonnés absents durant le projet. Aliens, Braveheart, Titanic...chaque
notes de Horner seront à jamais imprégnées dans les mémoires des
cinéphiles mais bizarrement sur Avatar nous ne retiendrons aucun thème
bien précis tant l'instru « générique » ne fait seulement qu'accompagner les séquences. Pourtant, Horner avait trouvé une voie différente et
très agréable dans « Le Nouveau monde » de Terrence Malick et «
Apocalypto » de Mel gibson mais ici aucune originalité. Pas une once de
raffinement ni même de charme, aucun thème qui ne ressorte vraiment des
autres, on croirait parfois réentendre la bande originale du Roi lion !
Manquant cruellement d'inspiration et apparemment de temps (il est
resté sans un montage de travail pendant près de 18 mois), Horner
n'hésite pas à réutiliser ses thèmes déjà composé dans l'urgence pour «
Troie » de Wolfgang Petersen. Voyez les similitudes flagrantes de « The
destruction of hometree. » d'Avatar et « Achilles Leads The Myrmidons »
de la bande originale de Troie pour les plus aguerris !

Conclusion :
Il est certain qu'Avatar marque clairement de son empreinte une
évolution technique évidente en matière de réalisation et que
(peut-être) le cinéma de demain se retrouvera derrière James Cameron et
le désignera comme étant le précurseur de cette technologie. Le plus
dommageable en réalité c'est que cette prouesse technique ainsi que
l'univers du film soient utilisés sur une base scénaristique limitée,
pompée sur différents films comme « Pocahontas » ou « Danse avec les
loups » et on ne parle même plus d'inspiration mais carrément de copie
conforme. Nous en voulons tellement à Cameron d'avoir été aussi « soft » avec Avatar car il avait tellement matière à aller encore plus loin
dans la psychologie de ses personnages, à rendre son film encore plus
fort, plus mature et moins lisse à l'image de la séquence où Jack maigri à vu d'oeil ! Mal rasé, crasseux oubliant de nourrir et de prendre soin de son véritable corps, il y avait ici matière à donner au film une
vraie dimension dramatique et une répercussion psychologique sur le
personnage. Toutes les parties ou Jack sort de son caisson, subissant
ses allées et venues perpétuelles sont beaucoup plus intéressantes
hélas, ce genre de point parmi tant d'autres ne sont qu'esquissés ou
masqués par la beauté de Pandora et la candeur du cinéaste.

Obligé d'amputer son film pour répondre aux attentes du studio, une
version longue non-censurée de l'oeuvre est prévu pour la sortie du
Bluray/DVD. Et il est vrai que le début d'Avatar ressemble à une espèce
de grosse bande-annonce tant les coupes s'avère flagrantes. On sent le
cinéaste partagé préférant vite aller à l'essentiel n'hésitant pas à
sacrifier quelques personnages en cours de route comme la pauvre
Michelle Rodriguez.
Pour finir, sachez enfin que les auteurs de ces lignes ne sont pas
juste « blasés » voulant absolument échapper à la conscience collective
ultra positive qui règne autour d'Avatar. C'est juste ce sentiment de
déception qui vient du fait que l'on aurait tout simplement aimé vivre
et assister à un vrai film de SF « réellement » innovant. Derrière
Avatar et ses effets spéciaux ce cache un film au scénario (trop) banal
qui pourrait sans problèmes s'inscrire dans la droite ligné des oeuvres
de « Walt Disney ».
Après douze ans d'absence, le dernier film de James Cameron n'est
certainement pas son chef d'oeuvre et encore moins LE film de la fin de
l'année 2009. A titre de comparaison nous lui préférons le « District 9 » de Neil Blomkamp (véritable prouesse technique et cinématographique
pour 300 millions de dollars en moins). Mais Avatar reste néanmoins une
oeuvre sympathique dûe (seulement ?) en grande partie à ses SFX de
hautes volées et l'univers unique et sensoriel créer par James Cameron.

Par N.Van / Olivereau