Fiche technique
Réalisateur : John Wells
Avec : Ben Affleck, Tommy Lee Jones, Chris Cooper, Kevin Costner
The Company Men
Drama, U.s.a (2010), 109 minutes
Sortie le 30/03/2011
Anecdotes
"John Wells a écrit le scénario après la récession économique du début des années 90. Il s'est librement inspiré de l'expérience de ses amis et membres de sa famille. Après quelques tentatives pour monter le film il y a dix-sept ans, il a fini par y renoncer. Il est devenu depuis scénariste et producteur pour la télévision. Malgré le succès, c'est son expérience de jeune homme qui a inspiré à John Wells ce film, qui marque ses débuts de réalisateur. "
"Sur Company Men travaille Roger Deakins, un directeur de la photographie de prestige. Il a été nommé à huit reprises à l'Oscar, parfois même deux fois la même année comme en 2008, à la fois pour No Country For Old Men et L' Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Sa dernière nomination a été pour The Reader de Stephen Daldry. Il est un des fidèles des frères Joel et Ethan Coen, et a collaboré avec eux sur dix films à ce jour."
(sources allociné).
Introduction :
D'abord acteur puis producteur, scénariste et enfin réalisateur, John Wells à pour ainsi dire porté toutes les casquettes possibles ou presque. Producteur et scénariste sur la série URGENCE, New York 911 ou encore A la maison blanche, Wells a aussi œuvré pour le cinéma en tant que producteur exécutif pour Photo Obsession, Lois du paradis ainsi que diverses œuvres comme Doom ou Le Pacificateur. The Company Men signe sa première réalisation sur une histoire qu'il a lui-même écrite en 1990. En homme engagé, Wells choisit de raconter une histoire en s'inspirant librement d'un drame social qu'un de ses amis d'enfance à vécu à travers la fameuse crise économique de 2008.
La chute des hommes « d'en haut » :
Qu'il est difficile d'éprouver de l'empathie pour des individus qui font du golf, qui roulent en Aston Martin ou en Porsche, quand on les compare à nos petits trains de vie. Et pourtant, à travers la crise financière de 2008, c'est en mettant ces hommes au plus bas de l'échelle que John Wells choisit de commencer son récit. Un point de vue original donc, puisqu'il ne s'agira pas ici de s'intéresser aux effets que subissent la classe moyenne ou ouvrière, mais bien à « ces hommes d'en haut », qui du jour au lendemain peuvent, eux aussi, perdre tout ce qu'ils ont durement gagné. De ce postulat de départ née la vraie force de The Company Men, car sur un rythme lent et très posé, John Wells prend le temps de développer ses trois personnages principaux. Bobby Walker, brillamment interprété par Ben Affleck, essaie tant bien que mal de joindre les deux bouts pour que sa situation et celle de sa famille s'améliore, en cherchant un nouveau travail. Gene McClary, joué par Tommy lee jones, subit la perte de ses amis et employés de bureau, tout en restant totalement impuissant ; et enfin, Phil Woodward, incarné par un Chris Cooper littéralement à bout de force. Au départ, il est effectivement « amusant » de voir ses hommes qui pensaient être à l'abri derrière leurs bagnoles de luxe, leurs maisons au moins trois fois plus grandes que la vôtre, se prendre une bonne claque. D'ailleurs, le public épousera volontiers les attaques gratuites de Jack Dolan campé par le trop rare Kevin Costner envers le personnage de Ben Affleck. Beau-frère de Bobby et patron d'une modeste petite entreprise de bâtiment, Dolan caractérise la classe sociale des petites gens de Boston, et est pour ainsi dire le point de vue du public.
Petit à petit, grâce à un rythme savamment bien dosé, John Wells réussit ce qui semblait être le plus difficile : faire réellement exister ses personnages, pour les rendre ainsi véritablement humain. S'il n'évite pas certaines ficelles connues du cinéma hollywoodien traditionnel, Wells réussit à ne pas faire de The Company Men un mélo caricatural en évitant de sombrer dans la complaisance, tout ça grâce à sa simplicité.
Réalisation :
« SOBRE », c'est le maitre mot qui caractérise si bien la première réalisation de John Wells. Grandement servi par l'ambiance de Boston, le cadre principal où se situe l'histoire de The Company Men est une fois de plus assez cinématographique. On peut ressentir la ville, les passants, la vie qui passe comme un courant d'air que Bobby Walker prend enfin le temps de contempler de jour en jour, sans son insouciance habituelle qui le caractérisait depuis qu'il s'est (trop) rempli les poches. Les personnages font preuve d'une véracité sans faille, évoluant pour certains, errant pour d'autres, dans des décors naturels une grande partie du temps. La musique signée Aaron Zigman (gros yes man des OST) porte très bien l'histoire, car discrète, jouant sur de fines partitions. Mention spéciale pour la dernière instru du film, joliment composée.
Conclusion :
Là où le cinéma Français n'arrive que trop peu souvent à mettre en avant des histoires traitant du drame social, c'est encore une fois nos voisins d'outre-Atlantique qui s'y collent. Une question fondamentale se pose donc ici : pourquoi les Américains ont-ils une certaine « aisance » pour réussir à raconter leurs drames sociaux ? Quand le cinéma Français s'acharne (la majeure partie du temps) à nous pondre des histoires d'adultère, de culs, de problèmes sentimentaux à outrance, des vrais drames sociaux réussis comme « À l'origine » de Xavier Giannoli, peinent à vraiment exister ! Bref, le cinéma français ferait mieux de s'ouvrir un peu plus et de se concentrer sur les vrais soucis que peut rencontrer « Monsieur tout le monde » à l'heure actuelle.
Ne versant jamais dans l'excès, John Wells maitrise parfaitement bien son récit en utilisant pourtant les codes traditionnels du cinéma américain. L'interprétation des acteurs y est forcément pour quelque chose, et si une fois de plus Ben Affleck montre qu'il peut vraiment bien jouer, les figures emblématiques d'Hollywood telles que Tommy Lee Jones et Kevin Costner sont simplement parfaits ; sans oublier Chris Cooper, qui livre l'une de ses plus belles performances. On croit à leur dur parcours de vie, simplement parce que l'œuvre fait preuve de sobriété et que Wells maîtrise son scénario et sa mise en scène à la virgule près. Au finale, The Company Men s'avère être une œuvre simple, sincère et juste, et pour une première réalisation sur un sujet d'actualité aussi délicat, c'est franchement pas mal !
Par Vincent N.Van