Il y a dix ans de cela Capcom faisait souffler sur le genre érodé du beat'em all un vent nouveau et donnait à la Playstation 2 sa première véritable killer aps. Le titre dont on parle là, c'est Devil May Cry. A la baguette, deux créateurs de génie, Shinji Mikami et Hideki Kamiya qui créent un jeu de baston libre, fun, vif, violent mais aussi relevé et proposant un vrai challenge.


Aujourd'hui, ces deux membres influents du monde du Jeu Vidéo japonais ont quitté l'éditeur qui leur a donné leurs lettres de noblesse, pour rejoindre un nouveau studio, Platinum Games. Développeur jeune mais bourré de talent, la firme a la ferme intention de proposer des oeuvres destinées aux core gamers, riches et profonds.


C'est ainsi que naît Bayonetta, la soeur spirituelle du célèbre Dante, héroïne d'une aventure qui récupère les codes de son prédécesseur tout en y apportant beaucoup de nouveauté et fraîcheur. On se retrouve donc face à un jeu surboosté et passionnant, capable de tenir le joueur en haleine. Et rares sont les productions de l'archipel nippon à atteindre ce niveau de qualité de nos jours sur les consoles de la " nouvelle génération ".

Un Sacré Brin de Femme

Ce qui faisait la force de Devil May Cry, c'est tout d'abord un personnage charismatique, surprenant et unique. Si Dante avait réussi à incarner la virilité et la classe à lui tout seul, Bayonneta, quant à elle, parvient à cristalliser les qualités propres de la femme tout en conservant cette puissance qui la rend si particulière.

Mais qui est cette Bayonnetta dont on parle tant et qui plaît autant aux hommes qu'aux femmes ? Et bien il s'agit d'une sorcière, une sorcière amnésique qui sort de sa torpeur après de longues années d'inactivité. Accueillie par des anges aux intentions étrangement maléfiques, elle comprend que quelque chose de grave se trame en ce monde et part donc à la recherche de ses souvenirs.

Alors certes, si le scénario n'est pas vraiment alléchant de prime abord, cet élément ne constitue cependant pas un point important du jeu. Non, ce qui passionne vraiment ici le joueur c'est tout d'abord cette sorcière pleine de charme. Primo, difficile de résister à sa plastique de rêve associant une grande taille à des formes généreuses, particulièrement bien mises en valeur par un accoutrement plus que seyant. On sent d'ailleurs que l'esprit dérangé de Japonais légèrement pervers sur les bords a facilité la naissance d'un tel personnage.

Toutefois, on ne peut pas s'arrêter à l'aspect purement esthétique de la charmante sorcière car on se rend vite compte qu'elle ne se distingue pas uniquement par sa nature de belle brune. Ici, on a à faire face à une femme dangereuse, fatale, pourrait on dire. Flingues aux mains mais aussi dans les talons de ses chaussures, Bayonetta exploite l'intégralité de ses pouvoirs de sorcière pour abattre tout ses adversaires et parfois de manière plus que sadique. En effet, ne me dites pas que vous n'aurez pas remarqué que la jeune demoiselle est avant tout une grande coquine. Sortir le fouet ou le matériel de torture pour achever les anges qui lui barrent le passage, avouez que cela n'est pas chose répandue. Et les combats seront aussi l'occasion pour elle d'adopter des postures toutes plus sexy les unes que les autres ce qui pourtant ne semble pas la gêner pour dégommer de l'émissaire céleste par dizaine.

Les nombreuses cinématiques du jeu, très bien réalisées et particulièrement sympathiques à regarder mettent d'ailleurs très bien en valeur le caractère l'héroïne ainsi que ses qualités humaines...allons nous dire. Loin d'être fade, la jeune damoiselle n'aime pas être dérangée et n'hésite pas à le faire comprendre. En revanche, elle peut aussi prendre un plaisir malsain à faire tourner en bourrique un jeune homme empli d'un sentiment de vengeance à son égard sans même se rendre compte qu'elle joue avec le feu.

Haute en couleur, le personnage de Bayonetta est ce qui donne au jeu son caractère si particulier. Car côté esthétique, même si le jeu est plutôt joli, les décors ne font pas toujours preuve d'une très grande originalité et hormis quelques effets pyrotechniques ou de lumières qui vivifient l'expérience visuelle notamment dans les différents lieux du Paradis, l'aspect parfois un peu terne de l'univers refroidit le joueur. On peut aussi ne pas apprécier le traitement de l'apparence des anges et si l'on accepte de comprendre l'envie des développeurs de les rendre laids, on a tout de même du mal à supporter leur style tant leur aspect de chérubin torturé est repoussant, mais aussi assez désagréable. Même si tout est affaire de goût, on ne peut passer outre l'inégalité des traitements des designs, les sorcières et leurs compagnons bénéficiant d'un travail bien plus intéressant que celui des Anges.

La mise en scène, quant à elle, est l'un des points mémorables de l'expérience. Ici, c'est contre des boss gigantesques que vous mettrez en place votre stratégie et votre talent et dans des situations parfois très étonnantes. Ne vous inquiétez pas si vous voyez les étoiles, c'est que vous en êtes tout proche. Les différentes confrontations seront en effet l'occasion d'en mettre plein la vue et il sera normal de voir Bayonetta bondir de rochers en rochers, détruire des bâtiments imposants, ou se faire projeter dans l'atmosphère toujours poursuivie par un Ange mal intentionné.

Cette réalisation amène en tout cas un véritable punch à l'aventure et c'est toujours un plaisir de découvrir ces situations incroyables dont Bayonetta finit par se sortir, à condition que vous taquiniez tout de même un peu de la manette.

Hocus Pocus

Il est évident de rappeler que Bayonetta est avant tout un jeu d'action semblable en de nombreux points à d'autres titres du même genre tels que God of War ou Dante's Inferno.

Le déroulement est donc assez simple. Vous avancez de niveau en niveau enchaînant les combats les uns après les autres, combats entrecoupés de scènes cinématiques qui mettent en place l'histoire du titre. Ces niveaux sont assez longs et à la manière de ces anciens jeux old school, dont les développeurs se sont beaucoup inspirés, il vous faudra atteindre la fin de ce monde pour pouvoir sauvegarder et passer à l'étape suivante. On ne peut faire plus classique, mais tout cela n'est pas pour déplaire aux nostalgiques que nous sommes qui avons été bercés par les Final Fight et autres Street of Rage.

Mais là où le jeu se démarque vraiment, c'est dans son système de combat. Dans God of War, l'une des références du beat'em all à l'heure actuelle, le personnage de Kratos avance et de toute sa puissance, abat ses lames sur ses adversaires de manière à infliger le plus de dégâts possibles. Ici, le gameplay est légèrement différent et beaucoup plus subtil. En effet, le personnage de Bayonetta s'attaque essentiellement à un seul ennemi, que l'on peut d'ailleurs cibler pour plus de confort. On peut dès lors enchaîner les combos sur l'ange qui vous sert de punching ball, jusqu'à ce qu'il rende l'âme...si cela est possible. En revanche, il vous faudra faire attention au comportement des adversaires vous entourant et qui n'hésiteront pas à vous attaquer pendant vos prouesses martiales.

C'est là qu'intervient l'esquive. Avec une simple pression de la gâchette avant de recevoir le coup supposé vous blesser, si votre timing est bon, le temps se figera, ce qui vous permettra de poursuivre vos enchaînements sans craindre les contre-attaques Ce sera aussi à certains moments le seul moyen de trouver le point faible de certains ennemis. Attention, car cette manoeuvre est assez difficile à maîtriser, surtout lors des premières heures de jeu et comme le plus petit accrochage avec un adversaire peut très vite réduire votre barre de vie à peau de chagrin, il vous faudra faire preuve de prudence et de dextérité pour éviter le game over.

Bayonetta est donc un jeu qui exigera de la part du joueur un petit temps de prise en main notamment afin de maîtriser cette esquive qui va très vite devenir indispensable lorsque vous parviendrez dans les dernières zones du jeu.

En revanche, il est agréable de voir que la sorcière dispose d'un arsenal très conséquent de combos. Le mélange des poings et des pieds, ou plutôt des coups faibles et forts, donne naissance à une liste extrêmement longue de coups disponibles. Sans être tous indispensables, on prend plaisir tout de même à exécuter les plus techniques d'entre eux car leur animation séduit la rétine.

Vous aurez aussi la possibilité d'équiper de nouvelles armes à la belle que l'on débloque petit à petit durant l'aventure. Le katana permet d'enchaîner très rapidement les combos alors que les griffes, plus massives, sont parfaites pour conclure en puissance. Sans oublier que l'on peut associer les armes entre elles afin d'obtenir des combinaisons personnalisées de coups, ce système d'équipement se révèle donc assez intéressant, apportant une touche de subtilité supplémentaire, à un jeu exclusivement consacré à la baston.

Sans oublier les combos aériens, les techniques à débloquer, ainsi que l'utilisation des armes à feu qui permettent notamment de lier les combos entre eux, on se rend donc compte que ce système de combat est assez riche, très agréable à utiliser dès lors que vous aurez le skill nécessaire pour enchaîner des coups plus puissants les uns que les autres.

Dans Les Profondeurs Des Enfers

La crainte courante qui ressort de ce style de jeu, c'est tout d'abord la durée de vie et l'intérêt d'y rejouer après avoir réussi à conclure l'aventure. Bayonetta, à ce niveau là, s'en sort plutôt bien. Si vous commencez tout de suite en mode normal, c'est à dire sans assistance avec une difficulté présente et non négligeable, il vous faudra 8 à 10 heures pour atteindre l'épilogue.

Mais ce qui est stimulant dans Bayonetta, c'est cette constante notation de vos performances. En effet, à chaque bataille terminée, une note vous sera attribuée indiquant si vous relevez plus du manche à balai manette en main, que d'un Dieu vivant du pad. Toutefois, vu que la progression est assez rapide et que de belles prestations amènent un supplément d'auréoles, la monnaie du jeu, il devient vite passionnant de vouloir à tout prix décrocher le titre tant convoité de Platine Pur. Par conséquent, on prend plaisir à explorer de nouveau le jeu en quêtes de meilleures récompenses avec pour unique but d'embellir son tableau de chasse, ce qui apporte un réel supplément d'intérêt à Bayonetta.

Revenir dans les lieux déjà visités est d'autant plus captivant qu'ils sont en réalité assez variés. Que vous soyez suspendu à un missile, accompagné par la musique de Space Harrier, ou sur votre moto à poursuivre un Ange à l'autre bout d'une longue autoroute parsemée de pièges, l'intérêt de jouer à Bayonetta est régulièrement rafraîchi par ces petits changements qui encouragent le joueur à aller encore plus loin.

Quant aux auréoles, cette monnaie dont je vous parlais plus tôt, elles vous permettent de faire l'acquisition de consommables pour vous soigner, infliger de plus lourds dégâts, agrandir votre jauge de magie mais aussi d'acheter de nouvelles techniques pour le combat. Sont aussi disponibles pour les plus acharnés d'entre vous des costumes cachés que vous ne pourrez débloquer qu'une fois les récompenses les plus prestigieuses obtenues ainsi que pleins d'autres petits bonus venant flatter l'égo du joueur performant et volontaire.

Bayonetta est donc un jeu riche, profond, avec un véritable intérêt pour le core gamer toujours en recherche de challenge. Qui plus est, le titre peut se vanter de profiter de ses personnages hauts en couleurs vraiment attachants et charismatiques, mais aussi d'une mise en scène très efficace et stimulante.


Peu de temps morts, jamais lassant pour celui toujours en recherche de performance, l'oeuvre de Platinum Games va combler les plus exigeants d'entre vous. Avec sa difficulté relevée mais pas insurmontable, l'intérêt est constamment renouvelé par l'apport systématique de ces notes, prétextes à récompenses toujours sympathiques à décrocher.


Un véritable bonheur de gameplay, à la réalisation graphique convaincante et qui procure une chose que l'on a tendance à parfois oublier dans un jeu : le fun. Ici, il y en a beaucoup et sur la durée. Si vous avez aimé plus jeune les jeux de scoring, vous ne devriez pas passer à côté de Bayonetta qui entre parfaitement dans la ludothèque du joueur en quête de défi.