On se lance pour un deuxième numéro de Deux Films, Deux périodes ! Au programme du slasher précurseur et du film fantastique français. Du lourd en perspective pour tous les amateurs de film de genre (si tant est que le film de genre existe !). Attendez vous à voir cette rubrique revenir plus souvent ou alors avec quelques variations (une série de film similaire ou une saga complè)te, elle me permet d'aborder plus de films et de m'émanciper un peu de la formule classique. 

Black Christmas :

On commence par le moins contemporain des deux, Black Christmas de 1974 réalisé par le pas assez considéré mais pourtant assez talentueux quand même, Bob Clark. De prime abord, l'on pourrait penser à un énième slasher, une énième déclinaison du genre. Ce serait oublier que Black Christmas se place comme precurseur du genre, il pose en effet les bases de ce que deviendra ce style. 

De quoi ça parle ? Le film parle d'une pension pour fille. Une grande pension pour fille. Une énorme même. Avec beaucoup de jeunes femmes à l'intérieur. Forcemment, pleins de jeunes femmes dans une sororité ça attire les personnes louches. C'est en pleine période de Noël que le film se déroule. Alors que seulement quelques jeunes restent dans la maison, elles se mettent à recevoir d'étranges coups de fils, tous plus malsains et dérangeants que les autres. Assez vite, d'étranges disparitions vont avoir lieu au premier étage de la maison. 

Et visuellement ? Visuellement c'est bon. Très bon même. Le film se déroulant en grande partie dans la maison, la caméra épousera avec brio l'espace de cette grande sororité. Jouant sur les lieux exigus, le hors champ et l'ambiance, Black Christmas est un petit bijou avant gardiste dans le Slasher. Le parti pris de représenter le tueur de manière subjective, à savoir, à travers son regard, renforce encore plus cette douce ambiance inquiétante tout au long du film. Tous les codes à venir sont présents. Une ambiance sombre, une menace invisible, des personnes isolées et une musique inquiétante. Le film dispose aussi d'un cast en béton, chaque actrice remplissant à merveille son rôle.

Et sur le fond ? Sur le fond aussi ça reste vraiment bon. Le film utilisant à merveille ce que doit être le film d'horreur, un moyen de dénociation sociale, d'exutoire au malaise. Il ne faut ainsi pas oublier la date du film et donc son contexte historique. En fin de guerre du Vietnam et donc de la défaite américaine, le film nous dépeint une société où la menace est invisible, sans nom et sans visage. Le malaise est vraiment présent et ce ressent tout au long du métrage. Ajoutons à cela l'éternelle peur de l'inconnu et vous obtenez un excellent film. Il en va de même pour les personnages, tous plus profonds que l'on peut le croire. Chacune possédant son petit secret, sa part d'ombre qu'elle ne souhaite pas mettre en avant. Représentant ainsi cette amérique plus sombre que jamais. 

Black Christmas est donc un film à voir, plus profond que ce que le titre ne peut le laisser penser. Oubliez tout de suite le remake, celui-ci donnant un visage et une identité au tueur du film alors que l'original laisse planer le doute et renforce cette image de menance présente en chacun de nous. Foncez le voir, il est dispo à pas trop cher dans les grands magasins. Foncez vous dis-je ! 

Livide :

Ahhh Livide, tu m'as bien fait chier quand même. Une galère pas possible pour te voir, les salles que je fréquente d'habitude ne souhaitant pas t'afficher. J'ai pesté contre cette France ne souhaitant pas prendre de risque, refusant de diffuser des films français dans le plus de salle possible. Et pendant ce temps là, les salles étaient combles de blockbusters et autres films sans grand interêt. Mais j'ai pu te voir, te haîr pour mieux t'apprécier. Livide est donc le dernier film du duo de choc Alexandre Bustillo et Julien Maury, les deux excellents réals' d'à l'intérieur. Deux réalisateurs que j'apprécis tout particuliérement au passage. 

De quoi ça parle ? De la Bretagne. Oui c'est assez rare pour que je commence par ce point là. Soirée d'Halloween même. Lucie et deux de ses potes décident de cambrioler la barraque que la jeune femme a pu voir lors de sa tournée d'aide soignante. Cette maison cacherait en ses murs, d'anciens trésors, trésors que notre trio souhaite voler pour pouvoir s'offrir une vie moins merdique et surtout loin des bigoudaines. Ce qu'ils ne savent pas c'est que d'étranges légendes régnent sur cette maison et qu'elle n'est peut être pas aussi vide qu'elle peut le laisser penser. 

Et visuellement ? Visuellement c'est bon. Pas excellent non plus, on sent les deux hommes beaucoup plus à l'aise pour tourner en intérieur, les plans d'extérieurs étant assez pauvres quand même. Heureusement que la plus grande partie du film se déroule au sein de la maison. Pour le reste c'est du classique, on joue sur le sombre, le hors champ et le jump-scare de base. Les deux hommes ne bénéficiant pas pour le coup de l'effet de surprise du premier film. On s'eloigne aussi du genre de leur premier métrage pour se tourner vers le fantastique et non l'horreur survival comme à l'intérieur. Mention spéciale pour la musique, agréable surprise du film, elle joue la carte du fantastique et le fait bien.

Et sur le fond ? Sur le fond c'est assez classique. Le film raconte une histoire et c'est à peu prés tout. Ce qui ne l'empêche pas pour autant de développer quelques sous intrigues intéressantes. Comme le deuil d'une mère. Notre jeune (et accessoirement vraiment belle)  héroïne ayant perdu sa mère il y a peu de temps, sa présence résonne encore en elle comme si elle n'était pas encore partie. C'est surtout le traitement du sujet qui surprend. Le film traitant des vampires mais de manière un peu différente que ce que l'on peut voir en temps normal. Je ne dévoile pas plus pour ne pas gacher les tenants et aboutissants de l'intrigue. Sachez tout de même que le final surprend tant il semble en décalage (ce qui n'est pas une critique) avec le reste du film. Et il ne faut pas croire que le changement de style empêche nos deux larrons de faire du gore, il y en aura et du bon même. 

Au final, Livide peut surprendre. Changeant radicalement avec leur premier long métrage, abordant le vampirisme sous un autre jour tout en distillant quelques sous thèmes vraiment sympas. Notre duo de choc prouve leur talent et pousse le spectateur à attendre avec beaucoup d'impatience leurs prochains projets. 

Fin de notre deuxième épisode. On se retrouve pour un prochain numéro avec quelques petites pépites méconnus ne demandant qu'à étre apprécié à leurs justes valeurs.