Au commencement :

Argento se casse la gueule avec un giallo sans intérêt et fait peur avec son annonce d'un Dracula 3D, Carpenter devient paresseux et nous offre un The Ward sans âme et Romero ne semble pas vouloir se relancer dans un film. Cronenberg se lance dans un trip sur la violence, délaissant le fantastique et l'horreur (même si Cosmopolis s'annonce énorme) et enfin Lynch se lance dans la musique. Que reste t-il de ces grands de la grande époque ? 

Burton se parodie dans chacun de ses films depuis 2000, cherchant vainement à revenir sur ses succés, sa soi-disante marque de fabrique. Même De Palma ne semble plus capable de grand chose. 

Et voilà que Coppola revient sur le devant de la scène, l'homme à qui l'on doit notamment Dementia 13, sympathiquement  bancal mais surtout  Dracula, l'oeuvre d'une génération, marquant à tout jamais visuellement et musicalement le cinéma. Que vaut donc ce twixt, est-ce le retour réussi d'un grand réalisateur ou bien l'erreur de parcours que semble rencontrer tant d'anciens bons réalisateurs ? 

Synopsis : 

Hall Baltimore est écrivain, un peu raté sur les bords, il doit se rendre dans une petite bourgade des états-unis pour y faire une séance de dédicace. Avec un marriage qui bat de l'aile et des problèmes d'argents, la vie de Hall n'est pas ce que l'on peut considérer comme idéale. C'est en se rendant à cette séance de dédicace qu'Hall fera la rencontre du Sheriff du coin, fan de l'écrivain, qui lui proposera d'écrire un nouvel ouvrage sur les étranges meurtres de la ville et notamment sur celui du jeune fille fraichement morte. 

Cast et Réal' : 

Au casting, on retrouve un bon Val Kilmer, qui même s'il n'a jamais été un excellent acteur, a toujours su jouer correctement. On passera sur le côté bouffi du personna qui à défaut d'être volontaire renforce l'image de l'écrivain en fin de carrière. Bruce Dern joue le rôle du Sheriff, acteur que l'on retrouvera dans le prochain Rob Zombie et que les connaisseurs doivent connaitre, le monsieur ayant joué un bon paquet de films depuis les années 60. La jolie jeune femme de l'affiche n'est autre que Elle Fanning, déjà vue dans Super 8. Et enfin c'est Ben Chaplin qui se glisse dans la peau d'Edgar Allan Poe dans le film. 

Niveau réalisation. Il faut tout d'abord savoir que le film a été tourné sur la propriété de Coppola et cela pendant 7 petites semaines. C'est donc un tournage court demandant peu de moyen. L'envie du réalisateur étant de limiter le droit de regard de la production pour donner le plus de personnalité et d'affects à son film. Un choix qui se respecte. Tout du moins sur le papier. Je ne serai pas aussi indulgent un fois la pellicule digéré. 

La photo est tout simplement dégueulasse, les effets semblent provenir de mauvais inserts de l'époque Phantasmagoria sur Pc et la réalisation est d'une paresse affligeante, aveu même du réalisateur, celui-ci jugeant que le spectateur se branle de la mise en scène et donc si on nous sert du plan fixe mou comme un Maigret, ça ne choquera personne. Mixons le tout et l'on obtient un film qui ressemble à s'y méprendre à un bon DTV de soldes. Quelques plans sauvent toutefois la mise si l'on racle un peu et nous proposent de belles images macabres. 

La musique loge apparemment à la même enseigne que le visuel, d'un anonymat total, elle ne fera titiller l'oreille de personne. 

Mais bon, on peut toujours se dire qu'il ne faut pas juger un livre à sa couverture, que le fond du film prime sur sa forme aussi nauséabonde soit-elle. On se prend à se demander d'ailleurs si le tout n'est pas conscient et assumé de la part du réalisateur. Celui-ci cherchant définitivement à briser ses propres codes pour nous livrer l'oeuvre la plus personnelle qui soit. On se prend même à fantasmer cette ignominie visuelle pour tenter d'y trouver la puissance narrative de Coppola. 

 

Une oeuvre trop personnelle pour être intéressante :

Mais l'on se trompe. Le fim n'étant pas plus intéressant sur son propos. Pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé. Le film se présentant tout d'abord comme une enquête fantastico-policière, notre héros semblant être connecté en rêve avec la jeune fille morte. On suit le début de l'histoire avec beaucoup d'interêt, le film pose ses personnages et ses sous intrigues. Le film commence à poser ses thèmes, on assimile très vite l'auteur comme le reflet de Coppola, celui*ci renvoyant ses peurs et ses echecs à travers le personnage de Hall. Tout le film se déroule plutôt bien jusquà la prise de connaissance du destin de la jeune fille du héros par le spectateur. Et là...

Petite parenthèse avant de continuer, le film est, de l'aveu encore une fois du réalisateur, l'exutoire à sa culpabilité sur la mort de son fils. C'est par ce film qu'il tentera de se pardonner et d'accepter ses errerurs. 

Le film se perd dans ses sous intrigues. Coppola délaisse complétement l'histoire principal pour ne se concentrer que sur le travail et le chemin du héros pour accepter ses erreurs et arriver à accepter la mort de son enfant et en faire le deuil. Alors que dans tout film, la sous intrigue est avant tout un moyen de renforcer la dramatique d'un film, d'accentuer les failles ou bien de donner de la profondeur. 

Et de la profondeur on ne peut pas dire qu'il y en a beaucoup de prime abord. Traitant du deuil, de notre désir d'avancer, notre culpabilité mais aussi de cette auto punition que l'on s'inflige pour garder cette douleur en soi, Twixt peut sembler riche, il ne l'est pourtant pas. Effleurant chacun des sujets, ne faisant ainsi que présenter un mal ou un problème pour le délaisser le plan d'après. On ne ressentira aucune empathie pour le héros ni pour ses problèmes, tout semble trop lointain pour le spectateur. 

C'est à ce moment que l'on prend conscience de la trop grande personnalité du film, de son côté beaucoup trop intimiste de celui-ci. En cherchant à sortir ce mal en lui, Coppola ne fait que livrer un film accessible à sa personne et uniquement sa personne. Le film se veut alors comme le mirroire des peurs et hontes de Coppola sans le recul et la réfléxion necessaire pour que le spectateur s'immerge aussi dans cet univers. 

Conclusion : 

Ce n'est pas faute d'avoir essayé, j'ai voulu croire en ce film, croire en sa portée et en son message trop bien camouflé pour être perçu facilement. Ce n'est pas le cas. Twixt est mauvais. Aussi mauvais q'un Giallo d'Argento mais pas aussi propre qu'un The Ward de Carpenter. On peut se rassurer en se disant ceci, Coppola a déjà tout fait, il a bien le droit de réaliser un DTV dégueu pour voir ce que ça fait non ? Il n'en reste pas moins que Twixt apparait comme une énorme et regrettable erreur de la part de Coppola.