Exercice difficile que je m’apprête à entamer : Vous parler de Ginga Eiyu Densetsu aka Les Héros de la Galaxie en français. Tellement de choses à dire sur cette saga qu’il est difficile de choisir un angle d’attaque pour commencer mais en tant que grand fan d’animation jap (surtout old school) cela serait criminel de ma part de ne pas aborder cette série totalement méconnue du grand public français. Ce qui s’explique simplement par le fait qu’elle n’est jamais sortie chez nous malgré la traduction spontanée de deux one shots la concernant. Oui parce que Les Héros de la Galaxie – communément abrégé en GineiDen - est une énorme série aussi bien en terme de qualité qu’en terme de contenu. Je vous le donne en mille, si après cette lecture vous avez l’intention de vous taper l’intégrale (ce billet est là pour vous y inciter) il faudra vous accrocher car ce n’est pas moins de 110 OAV qui vous attendent seulement pour la série principale.

Et pour avoir une vision exhaustive de l’oeuvre il est possible en suite d'enchainer avec les épisodes Gaiden (une préquelle au tronc principal qui revient sur le passé des héros) composés de deux séries d’OAV de 28 et 24 épisodes chacune. A cela s’ajoute trois films dont les deux premiers reprennent le début de la saga (avec une réalisation boostée) et sont très pratiques pour entrer sur la pointe des pieds dans cette gigantesque aventure en résumant le contexte de départ de manière concise. C’est par exemple par ces deux premiers films que j’ai moi-même débuté mon entrée dans la série. Pour le troisième film il est recommandé de le visionner une fois la série principale bouclée mais son intérêt scénaristique n’étant pas des plus indispensable je ne l’ai toujours pas vu a l’heure actuelle. Pour faire simple c’est un ensemble compact de 162 OAV qu’il faudra voir pour aller au bout du bout la licence, bien que les 110 OAV de bases se suffisent à eux même avec un vrai épilogue pour conclure. On comprend maintenant facilement pourquoi malgré un gros succès sur ses propres terres la série ne s’est pas exportée plus que ça. A plus forte raison quand les thèmes abordés ne visent absolument pas le grand public.

En effet je ne l’ai pas encore dit mais GineiDen est une fresque historique qui malgré ses allures de space-opera comme il commençait à en pleuvoir à cette époque, focalise sont sujet sur la Politique et l’Histoire au sens large au travers d’une analyse des deux formes de gouvernement les plus antinomiques qui soit à savoir la Monarchie et la Démocratie. Quand le Japon ainsi que l’Europe (Italie, France et Espagne en tête) commençaient à se familiariser avec le shonen classique type Dragon Ball Z ou mecha-anime à la Gundam dans lesquels l’action et les combats restent l’intérêts principale, GineiDen lui, malgré le fait qu’il propose aussi moult scènes de batailles spatiales (j’y reviendrais plus bas) se concentre principalement sur sa thèse scénaristique et quasi philosophique - La guerre comme moteur de l’Histoire – ce qui peut facilement être bloquant si on veut viser l’ado lambda que nous avons tous étés. Assurément GineiDen n’est pas un shonen et ne vise pas les amateurs de shonen (en tout cas pas uniquement). C’est un seinen tiré d’un ensemble de nouvelles de science-fiction dont l’auteur Yoshiki Tanaka - docteur en littérature de son état - est notamment connu dans son pays pour ses romans d’héroïque fantaisie tout aussi épiques : Les Chroniques d’Arslan inspirés de l’Histoire des trois royaumes dont il est aussi l’exégète attitré. Ici ce n’est pas des aventures de Liu Bei et de Cao Cao dont il va s’inspirer pour construire son récit et penser son analyse politique mais tenez-vous bien… de la France! Et de l’Allemagne aussi, un peu… enfin je veux dire beaucoup… Chose assez rare qui mérite qu’on s’y attarde d’autant plus que pour une fois la forme y est mais surtout le fond.

                                                                     

 

Après cette introduction fastidieuse mais nécessaire voyons concrètement ce qu’est GineiDen et tentons de voir pourquoi cette géniale série vaut le détour. LA DEMESURE! S’il y a bien un qualificatif qui décrit parfaitement GineiDen ca serait celui-ci car sous ce titre pompeux et grotesque se cache malgré tout une représentation théâtrale d’un combat politique mené au-delà même des limites de la planète puisqu’il prend place comme son nom l’indique dans la galaxie. Ceci étant l’histoire reste très réaliste et ne fait pas intervenir de martiens ou autre forme extraterrestre n’ayez crainte, bien que je n’ai rien contre les extraterrestre. Elle prend comme base notre monde bien réel et le prolonge sur plusieurs millénaires en prenant bien le temps d’expliquer au cours de la série (d’une manière tout à fait remarquable et singulière avec intervention d’universitaires et d’experts en histoire) ce qui a pu se passer entre notre univers contemporain et l’époque à laquelle la série démarre.

Pour rapidement résumer le postulat de départ sans trop en dire nous sommes désormais en 3596 après J-C, la conquête de l’espace s’est enfin achevée après moult évènements de diverses natures (détaillés dans la série vous ne serez donc pas perdu) la population humaine qui dépasse désormais les 50 milliards d’êtres humains a définitivement établi ses quartiers dans l’espace en peuplant planètes sur planètes constituant ainsi un immense réseau de planètes habitées au travers de la galaxie. Réseau divisé en trois camps, avec à droite l’Empire Galactique : une espèce de nouvelle nation germanique fondée quelques siècles avant le début de l’histoire par un ex militaire arrivé au pouvoir par le vote puis usurpant celui-ci pour établir une monarchie en son nom. En somme il s'agit d'un nouveau Saint-Empire Romain Germanique à la fois mi-napoléonien mi-facho (dit comme ca oui ca fait peur mais dans GineiDen les apparences sont souvent trompeuses). Et de l’autre côté à gauche l’Alliance des Planètes libres dans laquelle une planète équivaut à une république... quand je parlais de démesure vous commencez à comprendre. C’est-à-dire une fédération de plusieurs planètes qui refusent l’autorité de l’Empire en proposant à ses citoyens un mode de gouvernement démocratique. Notons que le drapeau de l’Alliance reprend le même que celui de la France (en y ajoutant un chrysanthème doré au milieu) comme pour faire échos aux combats démocratiques issu de la Révolution Française dont il est d’ailleurs plusieurs fois fait référence dans l’Alliance. Ces deux nations sont en guerre depuis 150 ans sans que l’une n’arrive à prendre le dessus sur l’autre avec entre les deux La République de Fezzan. Une guilde de marchants ultra capitalistes qui commerce tour à tour avec les deux belligérants en restant neutre, Fezzan joue donc le rôle du super petit suisse de l’espace en apparence mais qui en réalité garde une politique secrète bien mystique liée à la désormais lointaine planète Terre… Tout ce beau monde se fait face dans un grand échiquier politique sur lequel vont naitre les deux personnages principaux de cette fresque épique.

 

                                                                    

 

Deux brillants stratèges militaires dotés d’une redoutable intelligence et d’une perspicacité tactique à faire trembler les plus grands chefs de guerres. Il s’agit du vigoureux et bouillant Reinhard Von Musel, un aristocrate de seconde zone vivant dans l’Empire Galactique. Accompagné de son fidèle lieutenant et amis Siegfried Kircheis, il va peu à peu gravir les échelons de l’armée impériale a coup de victoires sensationnelles mais aussi d’intrigues politiques (le succès militaire ne suffit pas toujours pour monter les marche de la gloire, demandez donc à ce cher Bonaparte) dans une ascension aussi fulgurante que passionnante à suivre. Il sera confronté lors de batailles mémorables à son meilleur ennemi le champion du camp d’en face, le nonchalant et désinvolte amiral Yang Wen Li. Un prosaïque prof d’histoire entré dans l’armée de l’Alliance uniquement parce que les études supérieures y sont gratuites pour les volontaires… Malgré ses airs de fonctionnaire blasé et obsédé par la retraite, il se révèlera être un stratège hors pair, lui dont l’étude de l’histoire et des grandes batailles passées lui ouvre tous les secrets de l’art de la guerre. Ce sont ces héros au profil totalement opposé qui a coups de victoires éclatantes et de défaites humiliantes vont faire évoluer l’histoire de leur monde en confrontant deux systèmes politiques dans lesquels ils croient et qu’ils incarnent en les portant sur leurs épaules par amour idéologique et conviction mystiques.

Deux Hommes pour deux conceptions de l’Etat qui à travers leurs yeux et leurs agissements en révèleront tour à tour les forces et faiblesses en évitant minutieusement de sombrer dans un manichéisme bas du front du type réaction contre progressisme. L’auteur propose comme toile de fond une confrontation d’idées qui vous l’aurez compris aujourd’hui plus que jamais fait encore l’objet de lourdes interrogations et débats brûlants car posant tout de même de vraies questions. De la monarchie a la démocratie, lequel de ces systèmes politiques est le plus viable? C’est-à-dire le plus favorable au peuple et à la masse? Dans quel contexte le serait-il? Et pour quels types de population? L’un peu favoriser la tyrannie et l’inégalité de classe quand l’autre est propice à la corruption et à la confiscation du pouvoir tombant toujours entre les même mains. Pourtant il est indéniable que nous pouvons aussi trouver du bon dans les deux, le tout est de savoir pour quel degré et à quel prix. En fouillant dans le passé des exemples positifs relatifs à chacune des solutions émergent et on s’aperçoit très vite que d’une république respectant ses valeurs et sa communauté citoyenne à un despotisme éclairé il n’y a qu’un pas. Bien qu’en France et en Europe en général nous sommes déjà passés d’un mode politique à l’autre depuis environs 2 siècles la question n’est pas si facile à trancher et beaucoup de voix s’élèvent aujourd’hui comme hier pour se demander si faire table rase de l’ancien régime sans rien y préserver était finalement le bon choix. N’y avait-il pas dès les lendemains de la Révolution Françaises des sceptiques s’élevant pour dénoncer qu’« on a guillotiné un tyran pour aussitôt le remplacer par 700 autres… » (en référence aux 700 députés de la nouvelle assemblée nationale de l’époque ayant voté la mort de Louis XVI) et vu la suite rapide des évènements la remarque était plutôt pertinente…

GineiDen est une série japonaise. C’est-à-dire une fiction provenant d’un pays qui aujourd’hui encore mélange les deux systèmes (au japon cohabite empereur et premier ministre) et qui semble établir sa critique en s’inspirant ouvertement de deux nations majeures de l’Europe. Deux nations restées pour la plus grande partie de leurs existences des ennemies déclarées. À savoir la France réputée pour son universalisme républicain et son histoire révolutionnaire. Et l’Allemagne dernier champion des héritiers de l’empire romain. Certes mais en filigrane c’est bien un regard sur le japon lui-même qui se reflète dans GineiDen car même si de nos jour ce pays tend moins vers un véritable empire autocratique qu’une démocratie moderne, souvenons-nous que cette dernière lui a été imposée à coup de bombes atomiques balancées sans vergogne sur des zone démilitarisées après un rasage complet du pays par l’aviation Alliées. Et qui-plus-est contre l’avis du peuple qui – contrairement à la croyance générale – portait un immense amour envers son monarque suprême ce qui est toujours le cas aujourd’hui! Que serait devenu le japon si les bombardements nucléaires ne l’avaient pas forcé à capituler? S’il avait gagné la guerre, que serait devenu aujourd’hui "l’Empire du Soleil levant" – comme on l’appelait à cette époque et dont le gouvernement était aussi expansionniste et suprématiste que son allié d’alors le troisième Reich? Un empire céleste calme et paisible comme on le voit dans les contes et les jeux vidéo? Ou bien le péril jaune? On en vient fatalement à s'interroger sur la place de la guerre dans tout ca. Quel rôle joue-t-elle? N'est-t-elle qu'un moyen pour les ambitieux et les fourbes de parvenir à leurs intérêts privés ou au contraire une chance pour le peuple de faire éclater un régime obsolète et inefficace si ce n'est de le priver de celui-ci? Ce sont ces questions essentielles et d'une vive actualité que se propose de traiter GineiDen à  l'aide d'un scénario travaillé et réaliste ainsi qu'une galerie de nombreux personnages tous aussi charismatiques et intéressants les uns que les autres.

                                  

Les personnages justement parlons-en un peu. Autre gros point fort de l’oeuvre il y en a pléthore, pas moins de cinq cents personnages nommés et chose assez troublante on se souvient de tous même des plus insignifiants! Enfin presque tous (notamment grâce à un cara-design bien distinct pour chacun et le rappel régulier des noms et fonctions). Mais on se rappelle surtout du noyau dur de personnages secondaires qui pourraient à eux seuls faire l’objet d’une série à part entière dont ils seraient les acteurs principaux tellement leur apport dans l’histoire est riche et étoffé. Ils ne sont pas du tout ombragés par les deux héros principaux et bien au contraire leurs donnent de l’épaisseur par leurs agissement et leurs motivations personnelles. A la louche et sans trop réfléchir j’en compte déjà une bonne vingtaine qui individuellement génèrent à eux seuls de bons noeuds scénaristiques en développant chacun au moins une intrigues avec de lourdes conséquences sur la suite des évènements. Bien évidemment c’est plus facile à faire lorsqu’on parle d’une série qui s’étale sur autant d’épisodes mais justement on pourrait craindre qu’ils ne se perdent dans un flot insensé d’évènements inutiles alors qu’il n’en est rien.

Globalement les épisodes se structurent en trois ou quatre parties. La phase d’intrigue ou les enjeux sont clairement posés, leurs répercussions sur les personnages dans chacun des trois camps, les plans de batailles si il y en a une avec conseils de guerre et ce qu’il faut de stratégie militaire entre les différents états-majors. Vient ensuite le dénouement politique ses répercussions économiques, sociales et historiques. C’est un schéma grossier pour vous donner une petite idée mais dans les faits tout ne se passe pas exactement comme ca (impossible de tout caser dans un seul épisode de 25 minutes) il est fréquent de suivre une poignée d’épisodes s’enchainer sans qu’il ne se passe un seul combat (histoire qu’on puisse souffler un peu, nous comme les protagonistes) et inversement une bataille décisive peut durer plusieurs épisodes. Et ca peut parfois être un peu barbant je dois bien le reconnaitre…

 

                                                    

 

Il s’agit pour la grande majorité de combats spatiaux entre d’immenses flottes composées de gros navires de guerres. Une armée peu comprendre jusqu’à 300 000 navires, un navire amiral peut contenir entre 1000 et 5 000 hommes et des centaines de chasseurs de combats (les Valkyrie pour l’Empire et les Spartarians pour l’Alliance) on en arrive très vite a des engagements de millions d’hommes! La démesure je disais… De temps à autres on assiste à des combats violents au corps à corps avec boyaux arrachés, tête décapitées et autres joyeusetés de la guerre. Souvent à la hache à l’épée ou à la mitraillette lors d’abordages de vaisseaux. Cela arrive aussi quand une armée prend pied sur la terre ferme après un combat spatial pour occuper le terrain (parce qu’il ne suffit pas de faire mumuse dans les étoiles pour imposer sa volonté aux pécores du coin) et là ça peut très vite dégénérer en bain de sang. Parce que vous comprenez quand les élections ne suffisent plus la meilleure solution reste encore ce bon vieux kalachnikov pour faire marcher la populace. C’est plus sûr, exit les sondages et y a pas de deuxième tour! Bien que GineiDen soit plus subtile que ca dans son ensemble ce sont des choses qui hélas ont traversé notre histoire continuellement et que par conséquent vous verrez dans la série. Pour en revenir aux combats spatiaux qui demeurent malgré tout assez fréquents, ils restent agréables à regarder lorsqu'ils ne sont pas trop longs parce qu'ils sont tactiquement crédibles. Effectivement l'auteur s'inspire de stratégies guerrières réellement employées tout au long de l'histoire à travers les époques (notons qu'il en est de même pour la politique politicienne), il va même jusqu'à inclure dans son récit des éléments de guerres psychologiques ce qui ajoute de la densité aux différents conflits armés ou politiques.

Les nombreux généraux et commandants qui s'y affrontent font tous preuve d'un sens aigu de la guerre chacun gardant son propre style de combat. De la bataille d'attrition à  l'instrumentalisation, tout y passe et on y croit. Le tout bercé dans une ambiance musicale des plus appropriée car il ne s'agit pas moins que des grands classiques de la musiques symphonique. Pour l'ost le studio MadHouse (fournisseur officiel de rêves en barres à cette époque et accessoirement producteur de la série) n'a vraiment pas fait les choses à moitié car en effet lors des batailles (mais pas seulement) vous entendrez du Dvorak, du Mozart, du Beethoven, du Brahms, du Bach, du Wagner et tout le reste de la bande... La fine fleur de la musique classique avec certains thèmes que vous reconnaîtrez surement et d'autres un peu moins mais qui tous collent parfaitement à l'ambiance en donnant un souffle héroïque aux combat déjà dantesques.

Ce qui va me permettre de transiter sur l’aspect technique. Je l’ai dit la première série d’OAV démarre en 1988 pour finir en … 1997! Près de dix ans pour produire les 110 épisodes de la saga principale. Beaucoup de grands noms de l’animation japonaise vont se relayer pour y mettre la main à la pâte mais ça ne se verra quasiment pas, Yoshiaki Kawajiri sera par exemple l’un d’eux. Techniquement ce n’est pas du Macross Zéros mais ca reste efficace surtout pour l’époque et ca se regarde très bien. De toute façon il ne faut pas énormément de ressources pour filmer des vaisseaux de luxes se balancer des fions. L’aspect visuel (en dehors de l’espace) reste assez conventionnel et n’est pas dépaysant du fait qu’il calque ce que nous connaissons déjà. Pour l’Alliance des Planète Libres il n’y a pas grand-chose à dire car c’est comme chez nous. Les civils lambdas sont en jeans baskets, petits vestons cintrés avec coupes fashion (enfin à l’époque c’était ringard mais aujourd’hui ca fait fashion) les huiles sont en costard cravate classiques et les militaires en militaire c’est-à-dire béret à la Che Guevara visé sur le côté et bombers. Architecturalement parlant là encore rien de bien choquant c’est comme chez nous bien que ca se passe au 36ème siècle. Par contre dans l’Empire Galactique on fait plus dans le baroque monarchie oblige l'architecture des villes et des constructions suivent. Les bâtiments officiels adoptent le style gréco-romain idem pour les résidences de nobles ou de la haute bourgeoisie. En gros on connait aussi mais c’est juste qu’on n’a jamais vécu dedans. Ici les hommes se promènent en redingotes et bas de soies très classes type 18ème siècle en employant pour langage un verbiage léché tandis que les femmes sont en robes battantes. En somme l’aspect visuel est agréable à l’½il sans être perturbant pour autant et techniquement on est dans la moyenne en terme d’animation.

 

 

Il y a encore un aspect abordé dans GineiDen qui mérite d’être rapidement évoqué ici : c’est l’Idéologie. Tout appareil d’organisation de l’Etat, tout mode de structure sociale existant s’appuie sur deux jambes. La première c’est la fonction publique et administrative qu’on appelle officiellement les corps constitués autrement dit le squelette de l’Etat Nation. La seconde moins palpable et plus subtile c’est l’idéologie sous toutes les formes qu’elle peut prendre. Les trois camps présents sur l’échiquier galactique de GineiDen ne font pas exceptions et au contraire c’est bien leurs idéologies respectives qui agiront comme carburant sur leurs motivations. Qu’elles soient religieuses, laïques ou économiques ces croyances dogmatiques feront toutes l’objet d’une attention particulière de l’auteur qui cette fois n’hésitera pas à trancher dans le vif en abandonnant son impartialité quitte à grossir un peu trop la caricature. Il est beau de voir à quel point les héros pourront être sublimés par leurs idéaux et comment ils se transcendent dans la victoire comme dans la défaite pour les concrétiser, le plus intéressant encore pour nous spectateurs est d’en voir l’application concrète - donc politique - qu’ils en font ainsi que leurs répercussion sur les vies humaines dont ils sont responsables (bien souvent malgré eux). Comme celles qui pousseront par exemple Reinhard à dire que « Pour que la nation ait toutes confiance en son gouvernement il faut une justice impartiale et des impôts équitables ». Envolée lyrique d’une banalité primaire et entendu par tout le monde me direz-vous, certes mais quand on regarde un peu du côté de chez nous (sans vouloir cracher dans la soupe) on remarque par exemple qu’en France l’ensemble des grandes sociétés les plus riches du pays payent à peine 8% de l’impôt… Je vous laisse donc imaginez ce que se mangent les plus petites. Il y a pire, aux USA les personnes physiques les plus riches (grands pdg, multi millionnaire etc...) sont taxées entre 11 et 17% sur leurs revenus contre 33% pour les classes moyennes... Et pour la justice impartiale pas besoin de faire un dessin.

 

 

Bien plus que d'habiles tacticiens de la guerre ces deux hommes incarnent les avatars de leurs propres principes et de leurs propres croyances. Du Prince machiavélique au Roi philosophe Platoniciens, ce sont deux dualités théoriquement contraires mais complémentaires quand les temps l’exigent qui nous sont exposées ici. Seule la technologie et le progrès technique évoluent, les hommes eux restent définitivement les même. Celui du 36ème siècle malgré sa maitrise de la navigation galactique est sensiblement le même que celui du 21ème siècle qui lui-même ressemble désespérément aux premiers citoyens de l’antiquité. Voilà pourquoi ce n’est pas l’homme d’Etat, le militaire ou le citoyen qui choisit son régime mais l’époque dans laquelle ils vivent qui l’impose que ce soit par une révolution brutale ou des réformes indolores et successives. C’est à ce moment que l’Histoire avec un grand H envoie les acteurs qu’elle aura élu pour faire accélérer la naissance d’une nouvelle ère.   

Tantôt comme fardeaux et parfois comme source d'élan on ressent bien à l'écran à quel point le dogme, quand il est porté par des personnalités intégrales et passionnées peut devenir tout aussi ravageur que la plus puissante des armée ou au contraire synonyme d'une harmonie sociale inespérée. GineiDen conclu son propos de manière intelligente en poussant le spectateur à se questionner sur le sens de l'Histoire et ses retombés sur les Hommes qui l'engendrent et pourtant la subissent en répétant les même erreurs sans pouvoir y échapper, à moins que des surhommes à la destinée lumineuse surgissent du chaos et par leurs puissantes volontés n'en décident autrement. C'est l'essence même du Héros.

 

                                                                                                          

 

J’en ai donc finis avec GineiDen. J’espère vous avoir donné envie de vous y intéresser de plus près parce que cette série le mérite vraiment. Je sais ce que vous vous dites. Ça a l’ayr tro stylay ce truc comment ca se fay que j’en ay jamay entendu parlay? C'ay nul en vray ? Rien de tout ca croyez-moi c’est un pur bijou mais comme je le disais en intro ce n’est pas arrivé chez nous (ni en Espagne et en Italie autres pays dévoreurs de mangas après la France) en plus du fait que ca date quand même de 1988 pour les tout premiers et les deux films traduis n’ont pas non plus bénéficiés d’une grosse campagne promo. Il y a bien un groupe de purs fanatiques qui tentent depuis quelques années de provoquer une sortie DVD pour faire connaitre la série au plus grand nombre mais sans succès jusqu’à maintenant et je ne sais pas si ils continuent de militer actuellement.

Dernière chose!! Surtout ne rien regarder sur youtube ou sur des sites dédiés car le spoiler peut très très vite arriver et tout gâcher. J’ai fait en sorte de ne vous parler que du début de l'aventure en vous donnant les grandes lignes mais la série est extrêmement riche en rebondissements et retournements de situations de toutes sortes. C’est pourquoi il vaut mieux faire très attention à ce que vous pourriez lire dessus. Au pire deux ou trois lignes sur le descriptif Wikipédia pour voir un peu à quoi ca ressemble et c’est marre. Si vous le pouvez ne vous renseignez pas trop et jetez-vous dessus directement afin de voir par vous-même si l’envie de poursuivre vous submerge.

Si vous m’avez lu jusqu’au bout je vous garantis que vous allez accrocher!

 

Peace

 

PS : Je n'ai pas évoqué les personnages féminins parce que ma critique est globale et qu'on plonge dans un univers relativement masculin mais ne vous inquiétez pas. Il y a des femmes et pour une fois elles ont un cerveau et pas de minijupes.