Alors que sur ce blog, je vous présentais ma cartographie du jeu vidéo il y a quelques jours - abordant avec légèreté la question du Hardcore versus Casual - d'autres ont depuis abordé cette question avec plus de sérieux ici ou là.
Alors quoi ? Nous ne voulons plus être des hardcore gamers ou bien cette notion ne définit-elle absolument plus rien ?
Trois notions sont pourtant souvent avancées ça et là, en vrac, et pourraient être distinguées, avec chacune un degré de pertinence qui lui est propre. Sans vous refaire de définition des termes hardcore ou casual (celles de barredevie me convenant d'ailleurs peu ou prou), je distingue pour ma part les notions :
1 - Hardcore game & Casual game, qui concerne donc les jeux
2 - Hardcore gamer & Casual gamer, qui peut qualifier bien évidemment les joueurs
3 - Hardcore gaming & Casual gaming, qui désigne nos sessions de jeu à proprement parler, ou notre manière de jouer
Et là vous allez dire Ouaah le mec, je veux faire les mêmes études que lui pour pouvoir pondre des trucs pareils ! Et pourtant... cette distinction est importante car deux de ces notions sont des planches pourries et une seule n'est réellement valable.
Commençons par les termes "casual" et "hardcore" accolés à "game"... Qu'est-ce qui fera d'un jeu une production hardcore ou une merde un titre casual ?
Avouez que cette question sera difficile voire impossible à trancher... sachant que Tetris, pour reprendre un exemple connu, peut aisément revêtir les deux appellations. Et que dire de Ico, connu principalement par les gamers mais dont la simplicité de gameplay pourrait lui permettre d'être parcouru et apprécié par le plus grand nombre ? Ces simples exemples (inutile de chercher plus loin) prouvent qu'il n'existe pas deux grands sacs dans lesquels nous devons, ou même pouvons, jeter les jeux à tours de bras.
Et les termes casual gamers et hardcore gamers alors ?
Eh bien pour parler de ce que je connais (moi), ne suis-je pas un casual gamer lorsque je résous les énigmes de Professeur Layton ? Mais ne suis-je pas non plus un hardcore gamer lorsque je dépouille avec minutie toutes les quêtes principales et annexes de Mass Effect ? Et peut-être encore plus parlant, quand je joue à Tiny Wings sur mon smartphone dans une file d'attente et que finalement je passe 5 jours à essayer de péter tous les records ?
Vous voyez, un même jeu, un même joueur, mais dans lesquels les deux termes hardcore et casual semblent se perdre...
Là où je comprends l'édito de Gameblog, c'est que le terme hardcore gamer peut être utilisé par certains à des fins de discrimination ou tout du moins d'auto-valorisation. JE joue à TEL jeu, JE suis un Hardcore Gamer. Sous-entendu (voire pas sous-entendu du tout d'ailleurs), VOUS êtes des sous-merdes parce que vous jouez à TEL jeu (qui n'est pas un jeu gamer parce que c'est moi qui l'ait décidé).
Tout cela nous amène au casual et hardcore GAMING.
Prenons donc un nouvel exemple puisque je ne sais faire que ça depuis le début.
Je gesticule devant Wii Sports Resort, compet' freezby option caniche. Premières minutes décontractées, "casual gaming", je découvre et apprécie sans prise de tête. Mais v'la ti pas que l'lendemain' j'decouvre que ma femme à pété mon score, le mien faisant maintenant vraiment tiep ! Souffrance, remise en question, psychothérapie, rage puis retroussage de manches... Je me mets alors à désosser le jeu, jusqu'à inventer les mouvements les plus improbables voire ridicules, jusqu'au Saint Graal, le score parfait synonyme d'annihilation (d'humiliation ?) du score de ma femme. Voilà comment en plusieurs séances de jeu effrénées, je me suis rapproché d'une expérience de jeu finalement plus proche du hardcore gaming que du casual gaming, et sur un jeu réputé casual. Je vous invite à regarder, si vous ne l'avez déjà fait, quelques vidéos de tarés réalisant le score parfait sur l'épreuve de tir aux pigeons de Wii Play.
Alors que puisque selon moi, seules des sessions de jeu peuvent être définies catégoriquement comme "casual" ou "hardcore", pour préciser encore un peu plus mon raisonnement, un classement pourrait néanmoins être fait pour les jeux et les joueurs, selon les sessions de jeux observées. Ainsi Tetris, disons sous une estimation fictive de 75% des cas (selon le joueur et le moment), est abordé en toute décontraction, et dans 25% des cas, à des fins de scoring. On pourrait donc dire que Tetris est un jeu casual pour 75% et hardcore pour 25%. Deux autres exemples aux extrêmes, Demon's Souls et Léa Passion Maîtresse d'Ecole : Classe Verte, qui remplieraient respectivement une des deux jauges à 100% (mais pas la même :-) ). Même si je n'ai jamais eu l'occasion de les tester, je doute que Demon's Souls puisse permettre des approches casual, ou qu'il soit possible de faire du scoring avec Léa Passion. Mais vous avouerez que bien peu de titres atteignent de tels extrêmes.
Idem pour les joueurs. Je ne me qualifierai pas d'"hardcore gamer", dans la mesure où je m'autorise aussi des sessions de jeu "passe-temps", de même que pour un RPG, je ne passe généralement pas des heures à récupérer des items ou trophées n'ayant pas d'impact sur le scénario ou le background.
En définitive, si se battre sur ce qui est vraiment hardcore et casual ne devait servir qu'à séparer le grain de l'ivraie, à reconnaître le "bon" du "mauvais" chasseur joueur, nous faisons fausse route. Car le passionné de jeu vidéo n'est-il pas apte à apprécier, bien sûr sous réserve de ses affinités, le jeu vidéo sous toutes ses dimensions, du Cut the Rope au S.T.A.L.K.E.R, en passant par Bioshock, Heavy Rain, Limbo, Call of Duty, Flower, FIFA, Braid... et finalement des milliers d'autres titres, qui sont autant de niveaux de gris entre les noirs et blancs extrêmes ?